Contexte : qu'est-ce que l'identitovigilance ?
L’identitovigilance désigne l’ensemble des mesures mises en oeuvre pour fiabiliser l’identification des usagers du système de santé. Elle vise à assurer une identification juste des patients afin de sécuriser les actes réalisés ainsi que l'échange et le partage de ses données de santé, à toutes les étapes de sa prise en charge, garantissant ainsi la qualité et la sécurité des soins. Elle se divise en deux volets :
- Identification primaire : attribution de l’identité numérique des usagers, en lien avec l’Identité Nationale de Santé (INS).
- Identification secondaire : contrôles de cohérence concernant l’identification de l’usager ou des documents qui le concernent, mis en oeuvre pour s’assurer de délivrer le bon soin au bon patient.
Les erreurs d’identification peuvent entraîner des incidents graves, tels que des erreurs de soins, des retards de prise en charge, des diagnostics incorrects, ou des erreurs dans l’échange d’informations. L’identification correcte des patients est un des axes de certification de la Haute Autorité de Santé.
Constat
Entre le 01/01/2022 et le 31/12/2023, l’Agence régionale de santé (ARS) Auvergne-Rhône-Alpes a reçu 4124 signalements d’évènements indésirables associés aux soins (EIAS) ou évènements indésirables graves associés aux soins (EIGS) ou vigilances (radiovigilance, pharmacovigilance, matériovigilance, hémovigilance).
Parmi ceux-ci, 10 % sont liés à une problématique d’identitovigilance, soit 186 cas sur 2265 signalements.
Parmi les 186 cas, 11 sont des EIGS, presque tous en lien avec la prise en charge médicamenteuse (71%) ou la radiovigilance (26%).
Pour la prise en charge médicamenteuse, les erreurs d’identitovigilance concernent souvent l’étape d’administration, avec des conséquences graves comme la mise en jeu du pronostic vital (7%), ou le décès (1%). Les erreurs d’identitovigilance sont aussi fréquentes en radiovigilance, elles sont souvent dues à une mauvaise identification des patients avant l’examen ou l’acte de soin.
Préconisations
Préconisations pour l’identification primaire des usagers
- Récupération de l’INS : Hormis le cas de récupération via l’appli carte Vitale du patient, le cas nominal est le suivant : l’INS de l’usager est recherchée, récupérée et/ou vérifiée par appel à un téléservice dédié nommé INSi19. L’interrogation du téléservice INSi par l’intermédiaire de la carte Vitale est le mode d’interrogation à privilégier chaque fois que possible ; cette méthode favorise et sécurise la récupération de l’INS correspondant à l’identité recherchée
- Vérifier strictement les informations d’identité (nom de naissance, premier prénom de naissance, date de naissance, sexe, lieu de naissance (code INSEE du lieu de naissance pour les personnes nées en France ou du pays de naissance pour les autres), la liste des prénoms de naissance, le matricule INS. La vérification s’effectue à l’aide d’un document d’identité à haut niveau de confiance (carte d’identité, passeport…).
- Sensibiliser les usagers à l'identitovigilance via des supports visuels (flyers, affiches, vidéos en salle d’attente), dans le livret d’accueil de l’établissement…
- Mettre à jour l’identité numérique avec une procédure claire si réédition des étiquettes et des bracelets d’identification, pour informer les acteurs concernés
Préconisations pour l’identification secondaire des usagers
- Vérifier l’identité avec des questions ouvertes avant tout soin et associer l’usager à la vérification de son identité (ex : « Pouvez-vous me rappeler/épeler votre nom, prénom et date de naissance ? »)
- Vérifier en croisant plusieurs sources indépendantes
- Utiliser des dispositifs d’identification passive tels que des bracelets d’identification et des photographies (dans le respect de la confidentialité et de la dignité de la personne)
- Bannir la retranscription (utiliser l’étiquette patient)
- Appliquer une check-list ou une double vérification pour les situations et gestes à risque (ex : prise en charge au bloc opératoire, transfert vers un autre établissement…)
- Formaliser la communication et la formation aux bonnes pratiques d’identitovigilance
PREVENIR LES ERREURS EN LIEN AVEC L’USAGER |
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Si usager capable de communiquer |
Vérifier l’identité avec une question ouverte, l’informer du traitement à administrer (ceci permet au patient de signaler une incohérence s’il connait bien ses traitements habituels) |
Si usager peu communiquant (troubles cognitifs ou psychiatrique…) ou non communiquant (sédation, AVC…) |
Mettre un bracelet d’identification, utiliser une photographie ou un trombinoscope |
Si usagers avec des noms similaires (homonymie) |
Installer ces patients dans des chambres éloignées géographiquement, ou au contraire sur le même secteur pour augmenter la vigilance de tous (à définir selon les organisations) |
PREVENIR LES ERREURS LIEES A L’EQUIPE |
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Mise en place des règles strictes qui aident à sécuriser l’administration des médicaments |
La règle la plus connue est celle des 5B (bon patient, bon médicament, bonne dose, bonne voie, bon moment) |
Sensibilisation lors de la délégation des tâches |
Mettre en place une procédure de formation et d’habilitation des professionnels à l’aide à la prise médicamenteuse lorsque cette tâche n’est pas réalisée par une IDE |
Sensibilisation et formation de l’équipe et des nouveaux arrivants |
Intégrer l’information sur les bonnes pratiques d’identitovigilance dans la procédure d’accueil des stagiaires, intérimaires et des nouveaux professionnels Rappeler à tous les professionnels l’importance de la procédure interne relative à l’administration des médicaments en soulignant les responsabilités de chacun Réaliser des audits internes pour vérifier le respect des protocoles d’identification et promouvoir le signalement des incidents. Mettre en place un retour d’expérience pour que l’analyse bénéficie à l'ensemble des professionnels |
PREVENIR LES ERREURS LIEES AUX TACHES A ACCOMPLIR |
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Préparation et distribution des médicaments |
Préparer les doses à administrer pour un seul patient à la fois Mettre en place une organisation pour éviter les interruptions lors de tâches à risque (port du gilet signalétique « Ne pas déranger, Merci », fermer les portes, poser le téléphone…) Formaliser la communication entre les soignants et la répartition de l’activité au sein d’un même secteur |
PREVENIR LES ERREURS LIEES A L’ENVIRONNEMENT |
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Préparation et distribution des médicaments |
Veiller au bon éclairage des zones de préparation des doses à administrer
Identifier les contenants des médicaments avec l’identité de l’usager, plutôt que le plateau, au moyen d’une étiquette patient (pas du numéro de chambre) |
PREVENIR LES ERREURS EN LIEN AVEC L’USAGER |
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Contrôle de l’identité du patient |
Vérification de l'identité dès l'entrée en salle d'imagerie et avant le début de l'examen par une question ouverte (nom, prénom, date de naissance) Utiliser des bracelets ou étiquettes d'identification, éventuellement avec code-barres/QR code, pour une vérification visuelle et/ou informatisée de la concordance des informations avec celles du dossier imagerie (vérification croisée) |
Engagement du patient dans sa sécurité |
Informer le patient de l’importance de la vérification de ses informations avant l’examen et l’encourager à signaler toute erreur ou incohérence |
PREVENIR LES ERREURS LIEES A L’EQUIPE |
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Standardisation des protocoles |
Mettre en place des procédures standardisées avec check-list pour que chaque professionnel puisse vérifier l’identité du patient tout au long de son parcours (admission, brancardage, entrée dans salle, avant examen…) |
Sensibilisation et formation de l’équipe et des nouveaux arrivants |
Former régulièrement les professionnels sur l’importance de la vérification de l’identité à chaque étape et sa traçabilité Former sans délai les nouveaux arrivants, intérimaires, stagiaires Réaliser des audits internes pour vérifier le respect des protocoles d’identification et promouvoir le signalement des incidents. Mettre en place un retour d’expérience pour que l’analyse bénéficie à l'ensemble des professionnels |
PREVENIR LES CONFUSIONS |
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Préventions des confusions des patients |
Mettre en place de mesures pour éviter les confusions de patients (homonymie, numéro de chambre identique, informations similaires…), indiquer explicitement les différences sur le dossier du patient ou sur le bracelet d’identification Interconnecter les logiciels métiers (dossier médical, brancardage, saisie des protocoles d’imagerie …) avec des alertes et verrouillages en cas d’incohérence Séparer les flux de patients en fonction de l’examen |
GESTION DES PRISES EN CHARGE SPECIFIQUES |
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Gestion des cas spécifiques ou complexes |
Elaborer des protocoles adaptés pour les patients spécifiques (pédiatrie, patient inconscient, patient incapable de fournir ses informations…) avec utilisation de dispositifs spécifiques (étiquetage dédié, flux spécifique …)
Organiser des briefings avant les examens complexes pour s’assurer que tous les professionnels aient les informations correctes |