La Berce du Caucase

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La Berce du Caucase (Heracleum mantegazzianum), originaire de l’ouest Caucase, a été introduite en France et en Europe à des fins ornementales. Plante envahissante et toxique, sa prolifération pose aujourd’hui des problèmes environnementaux et de santé publique. Sa sève contient une substance qui provoque des irritations et des brûlures sur la peau, après contact.

Plante de la famille des Apiacées encore appelées Ombellifères en raison de leurs inflorescences caractéristiques en forme d’ombelle.

Selon les conditions d’implantation, la Berce du Caucase est une plante bisannuelle à pluriannuelle, dite monocarpique (qui fleurit, forme des graines et meurt ensuite). Elle fleurit généralement à partir de la 3ème ou de la 4ème année. Ses fleurs sont blanches, disposées en ombelles de l’ordre de 50 cm de diamètre. Ses feuilles sont profondément découpées pouvant mesurer entre 50 cm et 1 m de diamètre. Ses tiges sont épaisses (+ de 10 cm d’épaisseur), creuses et souvent tachetées de pourpre.

La Berce du Caucase préfère les sols frais à humides mais peut s’implanter pratiquement partout. Elle se disperse dans l'environnement et envahit les bords de route, les berges de rivière, les lisières forestières et les prairies gérées de manière extensive depuis une vingtaine d'année. Elle forme des populations très denses qui prennent le pas sur la flore indigène.

La floraison se situe entre juin et septembre.

Au stade végétatif 

Feuilles basales (proches de la racine) à pétioles subcylindriques (creusés d’un profond canal), divisées en 1 à 3 folioles, profondément découpées et dentées, à segments acuminés (pointus).

Pétioles des folioles inférieures de moins  de 10 cm

Face inférieure des feuilles lisse ou légèrement écailleuse et pouvant porter quelques poils blancs rudes et épars

Tige portant des poils blancs rudes et épars, surtout à la base des tiges foliaires

Tiges ayant de nombreuses taches variant de rouge framboise à violet, bien définies et étendues

Au stade floral 

Ombelle en forme de parapluie inversé, de 20 à 50 centimètres de diamètre

Ombelle terminale normalement à plus de 40 rayons, généralement 50 à 150 rayons de fleurs blanches, parfois légèrement rosées en fin de floraison.

Hauteur : de 2 à 5 mètres

 

Ne pas toucher la plante : toutes les parties sont toxiques.

Afin de prévenir tout contact et l’expansion de la plante, prévoir :

• d’enlever la plante (en vous protégeant), surtout si elle se trouve à proximité d’un lieu fréquenté par le public et en particulier d'une aire de jeux pour enfants. Ces derniers risquent en effet d'utiliser ses longues tiges creuses comme sarbacane ou pour construire des cabanes

• d’éliminer et gérer les plantes situées en bord d’écoulement (fossé, ruisseau, cours d’eau) afin de limiter la dispersion des graines par le réseau hydrographique. (cf. partie mesures de gestion)

En cas d’intervention sur la plante, se protéger de tout contact (voir partie « protection des intervenants ») avec la sève et être attentifs aux projections de gouttelettes qui peuvent imprégner les vêtements et les gants.

• Bien laver ces derniers, tout comme les outils qui ont servi à couper et arracher les plantes.

  • Lavez soigneusement la peau à l’eau froide et à l’aide d’un savon doux. Évitez toute exposition au soleil pendant plusieurs jours. Surveillez l’apparition de réaction.
  • En cas de contact important (si la peau devient rouge ou gonflée) appliquer des compresses froides et consulter un médecin.
  • Si un enfant est atteint, consulter sans tarder un médecin ou le centre anti-poison pour tout conseil approprié. Centre anti-poison de Lyon : 04 72 11 69 11

  • Peau rouge et gonflée
  • Apparition d’ampoules étendues et suintantes, parfois nombreuses (diamètre pouvant atteindre plusieurs centimètres)
  • Apparence d’une brûlure, parfois sérieuse (2e degré)
  • Photosensibilisation et hyper ou hypo-pigmentation des zones touchées persistant sur plusieurs mois, voire des années.

 

Avant d’intervenir sur la plante, il est indispensable de prendre les mesures de sécurité suivantes :

  • couvrir toutes les parties du corps par des habits protecteurs non absorbants (pantalons longs, manches longues et gants à manchons longs);
  • éviter tout geste machinal de contact avec le visage,
  • enlever les vêtements et les gants en les retournant à l'envers afin d’éviter tout contact avec la sève déposée,
  • protéger les yeux ou tout le visage (visière) des possibles projections de sève ;
  • s'assurer que personne ne se trouve dans un rayon où il pourrait être atteint par des gouttes de sève ou des débris de plante;
  • préférer l'utilisation d’une bêche, d’une pioche de cantonnier, ou d’une houe à vigne pour couper les racines;
  • laver les outils en contact avec la sève de la plante (sécateur, débroussailleuse, etc.).

Informations concernant la réglementation 

La Berce du Caucase (Heracleum mantegazzanium) fait partie de la liste des espèces exotiques envahissantes préoccupantes pour l’Union Européenne, selon le règlement d’exécution du 12 juillet 2017.

A ce titre, la Berce du Caucase est ciblée par la règlementation nationale (L.411-5 ET l.411-6 du Code de l’environnement) au titre du Code de l’Environnement. Un arrêté interministériel (santé, environnement, agriculture) relatif à la prévention de l'introduction et de la propagation des espèces végétales exotiques envahissantes sur le territoire métropolitain est paru en février 2018, dans lequel figure la Berce du Caucase.

Il est désormais interdit de l’introduire dans le milieu naturel, de la détenir, de la transporter (à l’exception du transport vers des sites de destruction dans le cadre d’une intervention), de la colporter, de l’utiliser, de l’échanger, de la mettre en vente ou de l’acheter.

 

Lorsque la présence de Berce du Caucase est observée, il faut contrôler son développement et limiter sa propagation. Selon les contextes et les stades de développement, les approches suivantes sont proposées :

Intervention sur les plantes et plantules

  • Le principe est d’intervenir sur les pieds âgés afin de couper la racine entre 15 et 20 cm en dessous du niveau du sol (en dessous du collet), au printemps dans la mesure du possible, pour éviter toute repousse voire fleurissement.

La coupe est pratiquée manuellement à l’aide d’une bêche, pioche de cantonnier, ou houe de vigne selon la nature du sol. Une fois coupé, si ces pieds sont porteurs d’inflorescences, il est indispensable de les couper et les mettre en sac hermétique pour éviter toute montée à graine.

  • Suite à la coupe des pieds âgés, une nouvelle intervention est à prévoir, 3 semaines après, sur les pieds oubliés et les éventuelles plantules initiée par la mise en lumière du sol.
  • Lorsqu’il s’agit de jeunes plantules, un arrachage (ou éventuellement un sarclage sous le collet), le plus tôt possible au printemps reste le plus efficace.
  • La fauche (et non le broyage) des plants et plantules reste une solution transitoire mais qui ne permet pas d’éliminer les plantes présentes et qui peut induire une floraison liée au stress. Les plantes fauchées repousseront l’année suivante.
  • L’utilisation d’herbicide est à proscrire..

Destruction systématique des inflorescences

Compte tenu de la longévité germinative des graines de la berce du Caucase pouvant aller jusqu’à 7 ans, il est nécessaire de gérer la production de graines afin d’épuiser la « banque » de semences qui se constitue dans le sol.

A la fin de l’été, lorsqu’une intervention sur les racines n’est pas possible, il est nécessaire de prévoir à minima, la suppression ombelles afin de limiter la formation de graines et diminuer la banque de semences du sol. Quel que soit le stade de maturité (en fleurs ou en graines), les ombelles doivent être mises en sac poubelle étanche. Si les graines sont formées, prendre soin de ne pas les disperser au moment des travaux.

Devenir des déchets produits

Des précautions dans le transport éventuel et le devenir des déchets sont indispensables pour limiter le risque de dispersion de la plante :

  • Ne pas transporter sans bâchage ou sans mise en sac fermé
  • Faire sécher la plante sur un lieu éloigné de tout écoulement et non accessible au public pour ensuite être brûlée ou compostée. Le séchage total est nécessaire pour éviter tout risque de formation de tiges florifères.
  • En cas de coupe d’ombelles en fleur, veiller à bien les mettre en sac étanche, car le stress de la coupe peut induire une montée à graine rapide. Ces déchets à défaut de filière déchet adaptée devront être incinérés dans le respect de la règlementation en vigueur.
Publication calaméo