Le radon

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Le radon : un danger méconnu dans les bâtiments.

Le radon est un gaz radioactif d’origine naturelle, inodore, incolore et inerte chimiquement.

Ce gaz est issu de la désintégration du radium issu de la famille de l’uranium présent dans la croûte terrestre et plus particulièrement dans les roches granitiques et volcaniques.

Il migre dans l’air ambiant à travers les pores du sol et les fissures des roches.

Dans l'air extérieur, le radon se dilue rapidement et sa concentration moyenne reste généralement très faible.

Dans les espaces clos où l’air est confiné (pièces d’habitation au rez-de-chaussée, lieux de travail, caves, vides sanitaires…), il peut s'accumuler dans l'air intérieur pour atteindre des concentrations parfois très élevées.

Cette accumulation résulte :

  • de paramètres environnementaux (concentration dans le sol, perméabilité et humidité du sol, présence de fissures ou de fractures dans la roche sous-jacente notamment),
  • des caractéristiques du bâtiment (procédé de construction, type de soubassement, fissuration de la surface en contact avec le sol, système de ventilation etc.)
  • du mode d'occupation (ouverture des fenêtres insuffisante, calfeutrage des ouvrants, etc).
     
Comment le radon s'infiltre dans notre habitation ?

Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a classé le radon comme cancérigène certain pour le poumon depuis 1987. A long terme, l'inhalation de radon conduit à augmenter le risque de développer un cancer du poumon. Cette augmentation est proportionnelle à l'exposition cumulée tout au long de sa vie.

En France, l'exposition au radon est le second facteur de risque de cancer du poumon après le tabac.  
Cela correspond à environ 10% des cancers du poumon (environ 3 000 morts par an).  

L'exposition à la fois au radon et au tabac augmente de façon majeure le risque de développer un cancer du poumon. En effet, les fumeurs exposés au radon encourent un risque majoré car les substances cancérogènes contenues dans la fumée du tabac et les rayonnements alpha émis par le radon renforcent mutuellement leurs effets nocifs.

Les sols granitiques libèrent plus de radon que les terrains sédimentaires en raison des plus grandes concentrations d’uranium qu’ils contiennent naturellement.

Pour connaître le potentiel radon de sa commune : consultez la cartographie réalisée par l'IRSN. Elle indique les zones où des concentrations élevées dans les bâtiments sont plus probables.

émission de radon ARA
Potentiel d’émission de radon par le sol dans les communes d’Auvergne-Rhône-Alpes (source IRSN- CEREMA)

Le code de la santé publique – article R 1333-28 – fixe le niveau de référence de l’activité volumique moyenne annuelle en radon dans les immeubles bâtis à 300 Bq/m3.

Il répartit également les communes du territoire français en 3 zones à potentiel radon sur la base de critères géologiques (art. R1333-29 du CSP) :

-zone à potentiel radon faible (zone 1),

-zone à potentiel radon faible mais sur lesquelles des facteurs géologiques particuliers peuvent favoriser le transfert du radon vers les bâtiments (zone 2)

-zone à potentiel radon significatif (zone 3).

La liste des communes est définie dans l’arrêté du 27 juin 2018 portant délimitation des zones à potentiel radon du territoire français.

  • Pour certains établissements recevant du public (ERP)

Le code de la santé publique - articles D 1333-32 et R1333-33 à 36 - imposent aux propriétaires de certains établissements recevant du public :

(établissements d'enseignement, établissements d’accueil collectif d’enfants de moins de 6 ans, établissements sanitaires et sociaux qui hébergent des personnes, établissements thermaux, établissements pénitentiaires) de faire procéder à des mesures de radon tous les 10 ans ou lors de travaux entraînant une modification substantielle des bâtiments.

Obligations de surveillance selon les zones radon

Zone

Mesures déjà réalisées avant le 1er juillet 2018

Absence de mesures avant le 1er juillet 2018

 

Zone 1 ou 2

Résultats <300 Bq/m3 :

Non concerné par l’obligation de surveillance

300 Bq/m3 <Résultats<400 Bq/m3 :

Mesures à renouveler dans les 10 ans

Mesures supérieures à 400 Bq/m3 :

Actions correctives et mesures de vérification de l’atteinte des 300 Bq/m3 

Plus concerné par l’obligation de surveillance

Zone 3

Résultats<400 Bq/m3 :

 

Mesures à renouveler dans les 10 ans

Mesures supérieures à 400 Bq/m3 :

 

Mettre en œuvre les actions correctives et faire réaliser des mesures de vérification de l’atteinte des 300 Bq/m3 

Faire réaliser les mesures de l’activité volumique en radon avant le 1er juillet 2020

Les mesures de l’activité volumique du radon sont effectuées par l’IRSN ou par des organismes agréés par l’ASN.

 

  • Pour certains lieux de travail

Toutes les activités professionnelles sont concernées dès lors qu’elles sont exercées au sous-sol ou au rez-de-chaussée de bâtiments situés dans les zones où l'exposition au radon est susceptible de porter atteinte à la santé des travailleurs et/ou dans certains lieux spécifiques de travail.

  • Pour les bâtiments à usage d'habitation

Le radon constitue un facteur de pollution de l’air intérieur et son niveau de référence pour l’air intérieur a été défini à 300 Bq/m3.

Depuis le 1er juillet 2018, la réglementation impose l'information des acquéreurs ou locataires de biens immobiliers situés dans des zones à potentiel radon de l'existence de ce risque. L’information est transmise au moyen de l’imprimé permettant d’établir l’état des risques naturels et technologiques, qui est disponible sur le site Géorisques

De plus, dans les zones à potentiel radon de niveau 2 ou 3, le risque radon est consigné :

  • dans un dossier départemental sur les risques majeurs disponible à la préfecture et à la mairie,
  • dans un document d'information communal sur les risques majeurs consultable en mairie.

Le potentiel radon fournit un niveau de risque relatif à l’échelle d’une commune.

Le fait que votre habitation soit localisée dans une commune à potentiel radon de catégorie 3 ne signifie pas forcément qu’elle présente des concentrations en radon importantes. Elle a toutefois nettement plus de risque d’en présenter que la même maison située dans une commune à potentiel radon de catégorie 1. Les concentrations en radon dépendent également d'autres facteurs (étanchéité de l'interface entre le bâtiment et le sol, taux de renouvellement de l'air intérieur…).

Pour savoir si l'on est exposé dans son habitation, il est nécessaire de réaliser une mesure de la concentration en radon dans l'air.

La mesure s'effectue dans les pièces de vie principales sur la période hivernale pendant deux mois au minimum à l'aide de détecteurs (dosimètres radon).

Les dosimètres radon sont disponibles à l'achat sur internet. Le prix d'un kit de mesure comprend : le dosimètre et l'analyse en laboratoire (environ 25€ par kit de mesure).

Pour en savoir plus sur le protocole de mesure et connaître la liste des fournisseurs de dosimètres, consultez le site de l'Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN).

En dessous du niveau de référence de 300 Bq/ m3 :

L'exposition au radon ne nécessite pas la mise en œuvre de dispositions spécifiques.

Les recommandations générales de bonnes pratiques s'appliquent :

  • Aérer son logement par l'ouverture des fenêtres au moins 10 minutes par jour dans chaque pièce ;
  • Vérifier et entretenir les systèmes de ventilation installés et ne pas obturer les entrées et sorties d'air ;
  • Dans le cadre de travaux de rénovation énergétique, veiller au maintien d'une bonne qualité de l'air intérieur.
     

En cas de dépassement du niveau de référence de 300 Bq/ m3 :

Pour une concentration n'excédant pas 1 000 Bq/ m3, des actions simples, ne mettant pas en œuvre des travaux lourds sur le bâtiment, permettent d'abaisser suffisamment la concentration en radon. Elles peuvent cependant ne pas conserver toute leur efficacité au cours du temps.

Application des recommandations générales de bonnes pratiques :

  • aérer son logement par l'ouverture des fenêtres en grand au moins 10 minutes par jour dans chaque pièce ;
  • vérifier et entretenir les systèmes de ventilation installés et ne pas obturer les entrées et sorties d'air ;
  • dans le cadre de travaux de rénovation énergétique, veiller au maintien d'une bonne qualité de l'air intérieur.

Et aménagement des locaux :

  • réaliser des étanchements pour limiter l'entrée du radon dans le bâtiment (porte de cave, entrée de canalisation, fissure du sol, etc.) ;
  • rectifier les dysfonctionnements éventuels de la ventilation dans le cadre de sa vérification et de son entretien ; améliorer ou rétablir l'aération naturelle du soubassement (ouverture des aérations du vide sanitaire ou de cave obturées).

Au-delà de 1000 Bq/ m3 ou lorsque le niveau d'activité volumique persiste au-dessus de 300 Bq/ m3 après la mise en œuvre des recommandations de bonnes pratiques et des aménagements :

Faire réaliser un diagnostic du bâtiment par un professionnel, qui permettra de définir les travaux à réaliser.

Ces travaux visent à abaisser les concentrations en radon et consistent notamment à :

  • assurer l'étanchéité du bâtiment vis-à-vis des entrées de radon (étanchement des points singuliers-des canalisations, portes et trappes-entre le soubassement et le volume habité, traitements de surfaces et couverture des sols en terre battue). Il s'agit d'un préalable essentiel à l'efficacité d'autres solutions mises en œuvre en parallèle, listées ci-dessous ;
  • augmenter le renouvellement d'air à l'intérieur des pièces habitées pour diluer le radon, sans causer d'inconfort, conformément aux dispositions de l'arrêté du 24 mars 1982 relatif à l'aération des logements ;
  • traiter le soubassement (vide sanitaire, cave, dallage sur terre-plein) pour réduire l'entrée du radon par une ventilation du soubassement ou la mise en place d'une légère dépression d'air par rapport au volume habité par extraction mécanique lorsque cela est possible.

Fumeurs et anciens fumeurs

De nombreuses études scientifiques ont montré que la combinaison de la consommation de tabac et d'une exposition élevée au radon fait courir un risque individuel de cancer du poumon nettement plus élevé que chacun des facteurs pris individuellement, et que le fait de fumer amplifie les risques liés à l'exposition au radon au niveau de la population.

Recommandations supplémentaires pour les fumeurs :

  • Il est rappelé que l'association tabac-radon augmente fortement le risque de cancer du poumon ;
  • Il est recommandé d'arrêter de fumer. Le médecin traitant ou un autre professionnel de santé peut apporter des conseils et accompagner dans l'arrêt du tabac ;
  • L'arrêt du tabac permettra la protection de l'entourage exposé à la fumée.

Pour plus de précisions, cliquez ici.