Présentation de l’expérimentation
Face à une détresse psychique croissante des jeunes, aggravée par la crise sanitaire, l’association Sauvegarde de l’Enfance et de l’Adolescence de la Drôme a lancé une expérimentation innovante en intégrant un psychologue clinicien à ses équipes de prévention spécialisée. Objectif : aller à la rencontre des jeunes de 12 à 25 ans, souvent éloignés des dispositifs de soins, afin de créer un lien, de lever les freins à la prise en charge, et de les orienter vers un accompagnement adapté.
- Thématique de l’expérimentation : Santé mentale des adolescents et jeunes adultes – prévention, repérage et orientation vers le soin.
- Territoires concernés : Crestois – Pays de Saillans (zone rurale) et Ville de Montélimar (quartiers prioritaires politique de la ville)
- Publics ciblés : Jeunes de 12 à 25 ans en situation de mal-être psychique, sans demande explicite de soin.
- Porteur de l'expérimentation : Association Sauvegarde de l’Enfance et de l’Adolescence de la Drôme.
- Partenaires : Établissements scolaires du territoire, Centre hospitalier Drôme Vivarais / CMP, Hôpital Sainte-Marie (Montélimar), Dispositifs de santé et d’addictologie (ANPAA, Oppelia, IREPS, etc.), Mission locale, PJJ, communes, Conseil départemental, services sociaux et de prévention santé.
- Date et durée de l’expérimentation : projet lancé en septembre 2021 sur le Crestois avec 0.4 ETP de psychologue et qui se poursuit encore en 2025 avec 1 psychologue à temps plein sur Crestois/pays de Saillans et 1 psychologue à temps plein sur Montélimar
- Financements : Le projet bénéficie du soutien de l’Agence régionale de santé Auvergne-Rhône-Alpes dans le cadre du dispositif CNR Santé, via le Fonds d’intervention régional (FIR) de 157 882 € en 2025 avec un cofinancement de la DDETs à hauteur de 15 940 €. Ce financement permet notamment :
- Le renforcement du temps de travail du psychologue sur Crest (passage à 0,8 ETP)
- Le déploiement d’une équipe à Montélimar
- Les frais de coordination, déplacements, matériel et outils pédagogiques
Objectifs stratégiques
L'objectif général du projet Psy de Rue est de soulager la souffrance psychique pour favoriser un mieux-être des jeunes sur le territoire.
Objectifs spécifiques :
- Amener un maximum d’adolescents en situation de mal-être vers le soin psychique.
- Etayer et outiller l’équipe éducative sur les questions de santé mentale et psychopathologie
- Développer un réseau partenarial opérationnel sur les problématiques liées à la santé mentale des jeunes
Descriptif de la solution
Le projet repose sur une méthodologie d’« aller-vers » :
- Présence en milieu scolaire : interventions collectives, permanences, actions de prévention
- Travail de rue : contacts dans les espaces publics via l’outil « Charrette Santé »
- Accompagnements individuels : suivis thérapeutiques courts ou orientation vers les structures adaptées
L’intégration du psychologue à l’équipe permet également :
- L’analyse des situations rencontrées
- La formation continue des éducateurs sur les troubles psychiques
- Le développement d’un réseau de partenaires opérationnels
Le projet mise sur la libre adhésion des jeunes et une approche déstigmatisante du soin psychique.
Évaluation de l’expérimentation
L’évaluation du projet mené sur le territoire Crestois – Pays de Saillans confirme la pertinence de l’approche « Psy de rue ». Le dispositif favorise un repérage précoce des souffrances psychiques chez les jeunes, souvent éloignés du soin, et permet de lever les freins liés à la stigmatisation. En 2024, les éducateurs spécialisés ont pu accompagner 82 jeunes, dont 55 accompagnés "formellement" et 23 sont en accroche (c'est à dire que les entretiens se font dans un lien non formalisé). De son côté, le psychologue (0,4 ETP) a rencontré 25 jeunes et a réalisé 85 entretiens avec 12 jeunes qui sont accompagnés par le psychologue et conduit 6 entretiens avec 4 familles.
Il contribue également à la montée en compétence des éducateurs et à la structuration d’un réseau local en santé mentale. L’évaluation souligne néanmoins la nécessité d’augmenter le temps dédié du psychologue (à 0,8 ETP) et de renforcer les partenariats pour assurer la continuité des parcours de soins.
Les éducateurs observent que les jeunes qu’ils accompagnent et qui sont suivis par la psychologue, expriment une réduction de leur mal-être, sortent de leur isolement, sont moins en conflit avec leurs parents et amis, gagnent confiance en eux et ont une meilleure estime d’eux-mêmes. Ce ressenti rejoint celui des jeunes eux-mêmes ainsi que les observations faites par les familles et répond, à nouveau, à l’objectif général du dispositif.



