Découvrez la stratégie régionale sur les perturbateurs endocriniens en Auvergne-Rhône-Alpes, portée par l'ARS et ses partenaires. Axée sur la sensibilisation et la facilitation du passage à l’action, elle s’adresse de nombreux acteurs : établissements de santé, collectivités, acteurs de la petite enfance, PMI... A travers ces professionnels relais, elle s’adresse aux parents.
Les constats et enjeux des perturbateurs endocriniens en Auvergne-Rhône-Alpes
Contexte sanitaire
Les perturbateurs endocriniens sont des substances chimiques capables de perturber le système hormonal (endocrinien) et qui, par conséquent, ont des effets néfastes sur la santé d'un organisme intact, de sa progéniture. Leur présence dans l’environnement quotidien (plastiques, cosmétiques, produits ménagers…) est avérée et préoccupante.
L’appellation « perturbateurs endocriniens » regroupe des milliers de substances potentielles ayant des mécanismes et des effets variés.
Des données de Santé Publique France indiquent notamment un impact sur la santé reproductive humaine une baisse de la qualité du sperme (-1,9 %/an entre 1989 et 2005), une hausse des cancers du testicule (+1,53 %/an entre 1998 et 2014), des pubertés précoces (+ 4,5 entre 2007 et 2017), et une augmentation des cancers du sein et de la prostate.
De plus, la présomption de lien entre l’exposition aux PE et des pathologies métaboliques (obésité, diabète) ou des troubles neurologiques : troubles du comportement, déficit d’attention, TDAH, autisme… est élevée.
Les 1 000 premiers jours de vie (de la conception aux 2 ans de l’enfant) sont identifiés comme une fenêtre de sensibilité particulière durant laquelle l’exposition aux PE peut altérer durablement la santé et même affecter les générations futures.
Enjeux régionaux
Le Projet régional de santé 2018-2028(PRS) de l’Agence régionale de santé (ARS) Auvergne-Rhône-Alpes intègre l’enjeu de la sensibilisation à la nécessaire limitation de l’exposition aux polluants et aux toxiques pour la femme enceinte, les jeunes enfants et les adolescents. En ce sens, une stratégie régionale a été lancée en 2022.
Dans ce cadre, une enquête de l’Observatoire Régional de Santé (ORS) en Auvergne-Rhône-Alpes a révélé qu’en 2022, 55 % des établissements de maternité ou de néonatologie souhaitaient renforcer leurs actions de prévention sur ce thème.
La stratégie régionale portée par l’ARS sur les perturbateurs endocriniens
L’exposition au perturbateurs endocriniens est reconnue comme un enjeu sanitaire régional et fait l’objet à ce titre d’actions déclinées dans le Projet régional de santé 2018-2028 (PRS) de l’Agence régionale de santé (ARS) Auvergne-Rhône-Alpes. L’objectif principal de ces actions est de « sensibiliser à la nécessaire limitation de l’exposition aux polluants et aux toxiques pour la femme enceinte, les jeunes enfants et les adolescents ».
Pour ce faire, l’ARS Auvergne-Rhône-Alpes a choisi de s’appuyer en premier lieu sur les professionnels relais de la santé de la femme enceinte et du jeune enfant et de l’accueil des enfants de moins de 3 ans. Dans un second temps, les actions viseront la sensibilisations d’autres acteurs de la périnatalité.
En tant que professionnels de confiance, ces relais jouent un rôle clé dans la transmission de messages de prévention aux futurs et jeunes parents. Leur présence au sein des maternités et des crèches, lieux de référence pour les familles, renforce la portée de ces messages et contribue à instaurer des environnements exemplaires pour la santé des enfants.
L’objectif est de permettre aux professionnels relais de transmettre des messages de prévention tout au long du parcours du futur et jeune parent : désir de grossesse, suivi de grossesse et préparation à l’accouchement, séjour à la maternité ou néonatologie, premiers rendez-vous médicaux obligatoires et enfin accueil en crèche ou chez une assistante maternelle.
Gynécologue/Sage-femme (conseils en amont de la grossesse pour se questionner sur les sources d'exposition potentielles dans le cadre personnel et professionnel)
Sage-femme/Obstétricien : Tout au long de la grossesse (limitation des cosmétiques, préparation de la chambre en amont)
Professionnels des maternités et services de néonatologie : pendant le temps d'hospitalisation (conseils sur les produits du bain etc.)
Pédiatre : à l'occasion des rendez-vous médicaux obligatoires des premiers mois (alimentation, etc.)
Etablissements d'accueil (crèches, assistantes maternelles) : tout au long de l'accueil de l'enfant (conseils produits du change, etc.)
Les axes et objectifs prioritaires
Cette stratégie s’articule autour de quatre objectifs majeurs :
Définir un cadre stratégique et mobiliser les acteurs à travers un pilotage régional structuré, des groupes de travail, et l’identification d’acteurs-clés.
Sensibiliser les professionnels de santé de la petite enfance, à commencer par les maternités, puis les professionnels libéraux (sages-femmes, gynécologues, pédiatres) et les PMI (protection maternelle et infantile).
Impliquer les professionnels de l’accueil des jeunes enfants (crèches et assistantes maternelles) pour une diffusion cohérente des messages et une exemplarité des pratiques.
Évaluer l’efficacité du programme (état des lieux initial et bilan en fin de stratégie).
La mise en œuvre de la stratégie PE
L’ARS Auvergne-Rhône-Alpes est à l’origine du développement de cette stratégie à l’échelle de la région, elle pilote la stratégie et finance les opérateurs qui déploient les actions et des projets portés par des collectivités et des établissements.
Les acteurs mobilisés en région
La stratégie repose sur un réseau d’acteurs :
Réseaux de périnatalité (5 en région), en lien direct avec les 56 maternités et 18 centres périnataux de proximité.
Les services de la protection maternelle et infantile (PMI),
Les établissements d’accueil du jeune enfant (EAJE), les relais des assistantes maternelles et assistantes maternelles et familiales
Professionnels de santé, considérés comme relais prioritaires des messages.
Les opérateurs de terrain pour la promotion de la santé environnementalefinancés par l’ARS Auvergne-Rhône-Alpes sur ce sujet sont :
Les programmes et dispositifs déployés autour des perturbateurs endocriniens
Plusieurs programmes et dispositifs ont été lancés en région.
Formation et sensibilisation des professionnels
L’ARS Auvergne-Rhône-Alpes a déployé plusieurs dispositifs de sensibilisation et de formation à destination des professionnels, en particulier dans les secteurs de la santé et de la petite enfance.
Le projet Formation – Éducation – Environnement – Santé (FEES), en place depuis 2021, combine des sessions de formation et de sensibilisation pour les professionnels de santé, autour de trois thématiques clés : l’alimentation, l’air intérieur et les cosmétiques.
La formation "Les 1000 jours qui comptent" vise les professionnels de la petite enfance (crèches, assistants maternels, structures d’accueil) afin de mieux comprendre les risques liés aux expositions précoces aux substances chimiques et les moyens de les limiter.
En trois ans :
100 % des lieux d’accueil du jeune enfant ont ainsi reçu une documentation spécifique sur les perturbateurs endocriniens.
75 % des professionnels de PMI ont été formés sur ce sujet
94 % des établissements de santé disposent désormais d’un ambassadeur formé, capable de relayer l’information et de former ses collègues au sein de sa structure.
Mobiliser les acteurs via des appels à projets et soutiens financiers
Pour encourager l’engagement des collectivités et établissements, l’ARS Auvergne-Rhône-Alpes a lancé plusieurs dispositifs d’appui financier sous forme d’appels à projets ou d'appels à candidatures :
Des appels à candidatures et appel à manifestation d’intérêt (AMI) régionaux ont permis d’accompagner les collectivités dans des projets concrets tels que :
l’audit des produits utilisés dans les crèches,
la formation des personnels municipaux (restauration scolaire, petite enfance),
la mise en œuvre d’achats publics responsables.
Un appel à projets "Établissements de santé et perturbateurs endocriniens" a permis de financer 9 projets en région, parmi lesquels :
La stratégie s’appuie sur des temps d’échange structurés avec les acteurs de terrain afin de favoriser la diffusion des bonnes pratiques, le partage d’expériences et la montée en compétence collective sur le sujet des perturbateurs endocriniens.
Le 13 mars 2025, un colloque régional co-organisé par l’ARS Auvergne-Rhône-Alpes et la Mutualité française Auvergne-Rhône-Alpes a rassemblé de nombreux professionnels autour du thème : "Prévenir les risques chimiques en périnatalité : stratégies et pratiques pour les professionnels de santé". Cet événement a permis d’ancrer les enjeux dans les pratiques professionnelles et de valoriser des initiatives concrètes portées sur le territoire.
Des temps de rencontre et de concertation sont également organisés régulièrement avec les partenaires locaux (PMI, CPAM, collectivités…), afin d’assurer un suivi opérationnel de la stratégie et d’encourager la mobilisation à l’échelle régionale.