Enquêtes et études

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L’ARS Auvergne-Rhône-Alpes mène régulièrement des enquêtes sur l’activité des établissements psychiatriques de la région afin d’adapter au mieux l’offre de soins aux besoins de la population.

En vue de l’élaboration du Projet Régional de Santé 2018-2028, et notamment de son volet « santé mentale », l’ARS Auvergne-Rhône-Alpes a effectué différents bilans.

Une étude a été réalisée afin d’évaluer l’évolution  de l’activité des établissements autorisés en psychiatrie entre 2011 et 2015.

Les résultats sont présentés pour les établissements sous Dotation Annuelle de Fonctionnement (DAF) autorisés à recevoir des patients en soins sans consentement (SSC),  les autres types d’établissements sous DAF, l’ensemble des établissements sous DAF, les cliniques privées à but lucratif et, enfin, l’ensemble des établissements de la région.

Ils sont ensuite comparés à ceux de l’ensemble des établissements du même type au niveau national.

Ils montrent que des progrès restent à faire dans la région notamment pour :

  • limiter les soins sans consentement
  • diminuer le recours à l’hospitalisation temps plein, plus particulièrement, côté ex Auvergne
  • augmenter le recours aux prises en charges à temps partiel côté ex Rhône-Alpes
  • accroître les taux de recours ambulatoires dans l’ensemble de la région et remobiliser la pédopsychiatrie.

 

Consulter les résultats de l'enquête.

 

En octobre 2015, l’ARS Auvergne-Rhône-Alpes a réalisé une importante étude sur la situation des personnes hospitalisées « au long cours » dans 35 établissements psychiatriques de la région.

L’objectif de cette étude est de réaliser un état des lieux précis des hospitalisations au long cours et à temps plein, dans les établissements psychiatriques de la région et ainsi de connaître le nombre de patients concernés, de dresser leurs profils et faire le point sur la situation de chacun d’eux (parcours, état de santé, capacités et compétences, difficultés, besoins de soins, d'accompagnement).

L’enquête montre que les taux de patients hospitalisés à temps plein, au long cours, sont très hétérogènes selon les établissements (de 0 à 46%). Cependant, le taux moyen atteint 21%. 

Il existe une sur représentation de ce type de patients dans les établissements sectorisés : le jour de l’enquête, 28% des lits étaient occupés par des patients au long cours.

Par ailleurs, l’étude révèle que la prise en charge de ces patients est souvent alourdie par des comorbidités somatiques : près d’un patient sur cinq nécessite des soins journaliers pour une ou plusieurs pathologies somatiques. 15% des patients sont déclarés comme polyhandicapés.

Dans 55% des cas, les professionnels de santé ont déclaré que l’hospitalisation à temps plein est adaptée aux besoins des patients concernés et donc que 45% des hospitalisations à temps plein au long cours, pouvaient être considérées comme « inadéquates ». Ces résultats sont également très hétérogènes selon les établissements, voire extrêmes : le taux de patients hospitalisés au long cours pour lesquels l’hospitalisation en psychiatrie est considérée comme adaptée fluctue de 0 à 96 %.

A noter que les établissements dont les taux de patients hospitalisés au long cours sont les plus élevés considèrent, à 60%, que les patients hospitalisés dans leurs structures relèvent encore d’une hospitalisation en psychiatrie, contre 29% pour les établissements qui ont un taux de patients hospitalisés au long cours plus faible. De plus, les soignants des établissements dont le taux d’hospitalisation au long cours est élevé, déclarent effectuer moins fréquemment des démarches de recherche d’alternatives pour ces patients.

Les professionnels mettent en avant de multiples obstacles pour la construction de projet alternatif à l’hospitalisation, en pointant notamment un manque de places dans les structures d’aval. Cependant, même si les résultats de l’enquête ont pour objectif d’estimer les besoins supplémentaires nécessaires en termes de places et de types de structures médico-sociales pour chaque département, les besoins exprimés par les professionnels comportent des biais déclaratifs.

L’étude révèle qu’ils orientent le plus souvent leurs patients vers des types de structures qu’ils connaissent comme les foyers d’accueil médicalisé (FAM), les maisons d’accueil spécialisé (MAS) ou les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) et qu’ils n’envisagent que rarement des orientations dans d’autres types d’établissements ou de structures comme les services d’accompagnement à la vie sociale (SAVS) ou les services d'accompagnement médico-social adultes handicapés (SAMSAH) par exemple.

En parallèle, les résultats montrent que les ratios de patients hospitalisés au long cours dans les établissements sectorisés ne sont pas liés à un manque de places de FAM ou de MAS : en effet, le département le mieux doté a aussi le plus grand pourcentage de patients hospitalisés au long cours

Les résultats dévoilent que des progrès restent encore à faire pour ces patients complexes : dans leur prise en charge somatique et pour qu’ils bénéficient d’une évaluation complète et pluridisciplinaire de leur handicap psychique (bilan cognitif, communicationnel, psychométrique, ergothérapique). Ceci permettant de construire des projets de soins et d’accompagnement plus adaptés à leurs besoins.

Enfin un lien fort apparaît entre le taux d’équipements en lits de l’établissement et le pourcentage de patients au long cours qu’il accueille : plus le taux d’équipements est élevé, plus le taux de patients « hospitalisés au long cours » a tendance à augmenter

Les CMP constituent un 1er niveau de prise en charge psychiatrique essentiel pour répondre aux besoins de la population. Selon l'arrêté du 14 mars 1986 qui les définit, ils doivent organiser des actions de prévention, de diagnostic, de soins ambulatoires et d'intervention à domicile. Cependant, il était déjà relevé dans le SROS que les CMP souffraient d'un manque d'accessibilité avec des délais de prise en charge souvent trop longs et un maillage territorial parfois insuffisant pour répondre à ces besoins.

L'enquête réalisée a concerné 318 CMP rattachés à 20 établissements soit plus de 98% des CMP de la région. Le questionnaire constitué de 71 questions fermées et 108 questions ouvertes a été construit par l'ARS Rhône-Alpes en s'inspirant du document de l'Agence Nationale d'Appui à la Performance des établissements de santé et médico-sociaux (ANAP) : L'organisation des centres médico-psychologiques – guide des bonnes pratiques organisationnelles. Le questionnaire a ensuite été présenté au groupe régional de travail sur le recueil d'information médicale en psychiatrie pour avis et pré-testé auprès de 4  psychiatres travaillant en CMP. Il a été modifié en fonction des différentes remarques émises, avant diffusion à l’ensemble des établissements.

Malgré quelques limites (notamment liées au fait qu'il s'agissait d'un autoquestionnaire), cette enquête a permis à l'ARS de mieux connaître le fonctionnement des CMP de la région ainsi que leurs moyens. Elle permet aussi de dire que les constats et les recommandations faits par la Mission Nationale d'Appui en Santé Mentale (MNSAM) et l'Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques ('UNAFAM) en 2005 et 2006 restent pour une large part valables près de 10 ans plus tard, notamment sur l'accessibilité et les conditions de prise en charge. La prise de conscience de ces difficultés, préalable indispensable à la modification des pratiques, existe mais elle est très variable d'un CMP à l'autre.

Dans un contexte où il est demandé que les prises en charge ambulatoires se développent, cet état des lieux devra permettre à l'ARS et aux représentants des professionnels des établissements de réfléchir à une amélioration de l'organisation des CMP.