Établi pour cinq ans sur la base d’une évaluation des besoins sanitaires, sociaux et médico-sociaux, le schéma régional de santé, composante du projet régional de santé, détermine des prévisions d’évolution et des objectifs opérationnels pour l’ensemble de l’offre de soins et des services de soins, y compris en matière de prévention, de promotion de la santé et d’accompagnement médico-social.
Pour élaborer ce schéma et conformément aux dispositions du code de santé publique, le diagnostic doit notamment tenir compte de la situation démographique et épidémiologique ainsi que de ses perspectives d’évolution, des déterminants de santé, des inégalités sociales et territoriales de santé, de la démographie des professionnels de santé et de sa projection.
Ainsi, le Directeur général de l’Agence Régionale de Santé d’Auvergne-Rhône-Alpes a initié cette démarche, en lien avec l’Observatoire Régional de la Santé afin de disposer de données actualisées par rapport à celles mises à disposition lors de l’adoption du précédent schéma en juin 2018.
Ces données, certes non exhaustives, contenues dans cet Atlas régional de la santé en Auvergne-Rhône-Alpes, portent sur :
- les caractéristiques de la population ;
- son état de santé ;
- la démographie de certains professionnels de santé. Il s’agit notamment d’identifier le positionnement de notre région par rapport au niveau national mais également d’appréhender les disparités infra-régionales pouvant exister.
Ces données, qui seront utilement complétées, auront vocation à alimenter le diagnostic qui sera élaboré par l’ARS.
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Contexte démographique et social
Une région attractive
La région Auvergne-Rhône-Alpes compte, au 1er janvier 2018, plus de 7,9 millions d’habitants et représente 12,3 % de la population en France métropolitaine. Elle est la deuxième région la plus peuplée de France après l’Île-de-France (12 millions d’habitants).
La densité moyenne de population en Auvergne-Rhône-Alpes est de 115 habitants par km². La région est marquée par de fortes disparités. Elle conjugue des espaces urbains à la densité élevée avec des zones rurales et montagneuses peu, voire très peu denses.
Entre 2013 et 2018, la population régionale a augmenté de 0,6 % par an en moyenne, rythme qui est toujours supérieur à celui observé au niveau national (+0,4 %). La croissance régionale est majoritairement due à l’accroissement naturel (+0,4 %), supérieur à la variation due au solde migratoire (+0,2 %).
Les évolutions diffèrent entre les départements, le Cantal et l’Allier ayant une variation annuelle moyenne négative, principalement expliquée par le départ des jeunes pour leurs études et leur premier emploi. La Haute-Savoie, l’Ain et le Rhône ont les variations annuelles les plus fortes.
L’indice de vieillissement est de 80,6 personnes de 65 ans ou plus pour 100 jeunes de moins de 20 ans en 2018, il est proche de la moyenne nationale (83,1). Les populations des départements plutôt ruraux (Cantal, Allier, Ardèche et Haute-Loire) sont âgées, les personnes de 65 ans et plus sont plus nombreuses que celles de moins de 20 ans.
Un dynamisme économique
La région Auvergne-Rhône-Alpes figure parmi les 4 régions présentant le taux de chômage le plus faible. En 2020, le taux de chômage annuel moyen s’élevait à 7 % (8 % en France métropolitaine).
La part des personnes de 15 à 49 ans ayant déclaré être peu ou pas diplômées lors du recensement de 2018 est de 13 ,6 % (14,7 % en France métropolitaine).
Le taux de pauvreté est nettement inférieur au niveau national mais la région est marquée par des disparités. Ce contexte se traduit par une part de foyers fiscaux non imposés parmi les plus faibles (47,6 %), au deuxième rang après l’Île-de-France.
En 2018, près d’un million de personnes vivent sous le seuil de pauvreté, soit 12,7 % de la population (14,6 % en France métropolitaine). Les quartiers prioritaires de la politique de la ville sont particulièrement touchés par la pauvreté. La précarité est également davantage marquée chez les familles monoparentales et les personnes vivant seules.
L’indice de défavorisation sociale, qui rend compte de la précarité à l’échelle communale, montre une situation globalement moins favorable sur le plan social pour les communes de l’ouest de la région par rapport à celle de l’est.
Espérance de vie et principales causes de décès
Comparativement à la France métropolitaine, l’état de santé en Auvergne-Rhône-Alpes apparaît globalement bon au regard d’indicateurs tels que la mortalité (taux standardisés) ou l’espérance de vie. La région bénéficie d’une sous-mortalité marquée, aussi bien pour les cancers que pour les maladies de l’appareil circulatoire. Les taux standardisés de mortalité toutes causes sont parmi les plus bas de France. Toutefois, des disparités perdurent aussi bien entre les hommes et les femmes qu’entre les zones de soins de proximité (ZSP), faisant apparaître un gradient régional est-ouest des inégalités de santé.
Une baisse de l’espérance de vie
En 2019, l’espérance de vie à la naissance dans la région est de 80,5 ans pour les hommes et 85,9 ans pour les femmes. Elle est plus élevée que celle observée sur l’ensemble de la France (79,8 ans pour les hommes et 85,6 ans pour les femmes). Depuis 2000, l’espérance de vie a gagné 4,5 ans chez les hommes et 2,7 ans chez les femmes.
En 2020, il est observé une baisse de l’espérance de vie, que ce soit pour les hommes ou pour les femmes. Cette baisse, plus prononcée en Auvergne-Rhône-Alpes qu’en France métropolitaine, est en lien avec la crise sanitaire de 2020, qui a engendré une augmentation importante du nombre de décès, notamment chez les personnes âgées.
Une sous-mortalité aussi bien pour les cancers que pour les maladies de l’appareil circulatoire
Plus de 65 300 décès annuels ont été dénombrés sur la période 2012-2016 : 32 630 chez les hommes et 32 680 chez les femmes.
La région bénéficie d’un taux de mortalité toutes causes inférieur au taux de France métropolitaine.
Les quatre principales causes de mortalité observées sur la période 2012-2016 sont les tumeurs, les maladies cardiovasculaires, les maladies du système nerveux et les causes externes (accidents, lésions auto-infligées, agressions…).
Les taux standardisés de mortalité pour ces causes sont inférieurs à ceux relevés en France métropolitaine, à l’exception des maladies du système nerveux.
Une mortalité prématurée deux fois plus élevée chez les hommes que chez les femmes
Près de 10 790 décès surviennent avant l’âge de 65 ans et sont dits prématurés, ils concernent majoritairement les hommes (67 %).
La région bénéficie d’une sous-mortalité prématurée, avec un différentiel de - 11,4 % par rapport à la France métropolitaine.
Bien que favorable au niveau régional la mortalité prématurée est marquée par d’importants contrastes territoriaux. Ainsi les taux les plus élevés concernent les zones de soins de proximité de l’ouest de la région.
Les principales causes de décès prématurés sont les tumeurs (42 %), les causes externes (14,5 %), les maladies cardiovasculaires (12 %) et les maladies de l’appareil digestif (5 %).
Les maladies cardiovasculaires, deuxième cause de décès et première cause d’admission en ALD
En 2016, les maladies cardiovasculaires sont responsables d’environ 16 400 décès en Auvergne-Rhône-Alpes. Elles sont au deuxième rang des causes de mortalité chez les hommes et au 1er rang chez les femmes. Elles constituent également le premier motif de reconnaissance en Affection de longue durée (ALD). La région présente également une sous-mortalité par maladies cardiovasculaires, l’écart avec la France métropolitaine s’élève à -3,7 %.
Deux pathologies sont à l’origine de près d’un décès sur deux par maladies cardiovasculaires : les cardiopathies ischémiques (dont l’infarctus du myocarde et l’angine de poitrine) et les accidents vasculaires cérébraux.
La mortalité prématurée par maladies cardiovasculaires représente environ 1 300 décès par an et est nettement inférieure à la valeur nationale (-14,3 %).
L’analyse infra-régionale montre une mortalité plus élevée dans les départements auvergnats et plus particulièrement au sud du Puy-de-Dôme, dans le Cantal et au nord-ouest de la Haute-Loire. Les taux les plus bas sont observés dans les départements à l’est, autour des villes de Lyon, Grenoble ou vers le Pays de Gex.
Les cancers : première cause de décès chez les hommes
En 2018, le nombre de nouveaux cas de cancers en France était estimé à 382 000. Le nombre de nouveaux cas a augmenté de 65 % chez l’homme entre 1990 et 2018 et de 93 % chez la femme.
En Auvergne-Rhône-Alpes, les 3 cancers les plus fréquents représentant plus de 50 % des nouveaux cas sont :
- chez les hommes, le cancer de la prostate (26,8 %), devant le cancer du poumon (13,9 %) et le cancer colorectal (11,5 %) ;
- chez les femmes, le cancer du sein (33 %), devant le cancer colorectal (11,8 %) et du poumon (6,5 %).
Sur la période 2012-2016, il a été dénombré 18 161 décès par cancer (quelle que soit la localisation). Les décès par cancer sont la première cause de décès en Auvergne-Rhône-Alpes, comme en France métropolitaine, devant les décès par maladies cardiovasculaires (16 283 décès en moyenne par an sur la même période).
Toutefois, il est à noter que chez les femmes, ce sont les maladies cardiovasculaires qui représentent la 1ère cause de décès sur la période 2012-2016 (8 784 décès en moyenne par an versus 7 723 pour les cancers). Cette situation s’observe également pour la France métropolitaine.
Les cancers sont la première cause de décès avant 65 ans chez les femmes (près d’un décès prématuré sur deux est dû à un cancer). Les cancers du sein, de la trachée, des bronches et du poumon et les cancers du côlon-rectum représentent près de 52 % des décès prématurés par cancer. Chez les hommes, les cancers de la trachée, des bronches et du poumon, les cancers du côlon-rectum, les cancers du foie et des voies biliaires intra-hépatiques et les cancers du pancréas représentent également près de 52 % des décès prématurés par cancer.
Les taux de mortalité par cancer en Auvergne-Rhône-Alpes restent en deçà des valeurs métropolitaines. Sur la période 2012-2016, le différentiel est de -4,1 % pour la mortalité par cancer tout âge et de -10,7 % pour les cancers prématurés (avant 65 ans). Toutefois des disparités départementales existent. Ainsi une mortalité par cancer plus élevée est observée dans le département de l’Allier, au sud et à l’ouest du Puy-de-Dôme, dans le département de la Haute-Loire et au nord de la Loire. Les taux les plus bas de la région se situent autour d’Annecy et de Grenoble.
Facteurs de risque et comportement
Les différences territoriales de mortalité observées dépendent largement des caractéristiques socio-économiques de leur population. Parmi les pistes évoquées, se trouvent : les conditions de vie, les conditions de travail, les comportements à risque et les modes de vie (activité physique, alimentation, consommation de substances psychoactives...) et l’offre de services (notamment de santé) à proximité des lieux de vie.
La consommation d’alcool est une cause majeure de mortalité. C'est un facteur de risque important pour les maladies cardiaques et les AVC, les cirrhoses et certains cancers. L’alcool a également des conséquences sociales lourdes : accidents de la route, violences, homicides, suicides et troubles mentaux.
En 2017, 10 % de la population régional déclarent consommer de l’alcool tous les jours. Les hommes sont plus concernés que les femmes. La consommation d’alcool varie avec l’âge, 2,2 % des 18-30 ans déclarant consommer quotidiennement de l’alcool contre 24,3 % des 61-75 ans.
Quant au tabagisme, il est la première cause de nombreuses maladies, comme certains cancers, les AVC et certaines maladies respiratoires comme les bronchopneumopathies chroniques obstructives. En 2017, en Auvergne-Rhône-Alpes il est dénombré 1 500 000 fumeurs quotidiens, soit plus d’un quart de la population des 18-75 ans. Cette proportion est similaire à la moyenne nationale (26,9 %), elle est en diminution depuis 2000.
Démographie médicale et paramédicale
Une démographie médicale variable selon les territoires et les spécialités
Au 31 décembre 2020, la région compte 7 306 médecins généralistes libéraux, dont 44 % sont âgés de 55 ans et plus. La densité régionale, supérieure à la valeur métropolitaine (87,0) s’élève à 91,4 médecins généralistes libéraux pour 100 000 habitants. Entre 2016 et 2020, cette densité a peu évolué (+0,9 %). En 2020, deux départements sont particulièrement éloignés de la moyenne régionale l’Ain, avec une densité de 65,0 médecins généralistes libéraux pour 100 000 habitants et la Savoie (113,2 pour 100 000). La densité est également plus élevée qu’en région dans les départements du Puy-de-Dôme, du Cantal, de l’Isère, de la Haute-Loire, du Rhône et de Savoie.
Ces écarts entre les différents territoires s’accentuent en ce qui concerne les densités de médecins spécialistes libéraux.
Ainsi, la densité d’ophtalmologues libéraux varie de 3,4 pour 100 000 habitants en Ardèche à 9,4 pour 100 000 dans le Rhône tandis que celles des psychiatres est comprise entre 2,1 pour 100 000 dans le Cantal à 15,8 pour 100 000 habitants dans le Rhône.
Globalement, pour l’ensemble des spécialités présentées les écarts entre départements les plus importants sont relevés pour les psychiatres, les cardiologues et les radiologues.
Les densités selon les spécialités sont légèrement inférieures ou proche de la moyenne nationale pour les cardiologues, les ophtalmologues, les psychiatres ou les radiologues. Les différences sont plus marquées pour les gynécologues libéraux (29 pour 100 000 femmes de 15 à 49 ans vs 32 pour 100 000 en France métropolitaine) et les sages-femmes (59 pour 100 000 femmes de 15 à 49 ans vs 47 pour 100 000 en France métropolitaine). La densité d’anesthésistes-réanimateurs est légèrement supérieure à la valeur métropolitaine.
L’analyse de l’offre libérale est complétée par l’offre salariée en établissement de santé.
Les autres professionnels de santé
En 2020, la région compte 12 438 infirmiers libéraux. La densité s’élève à 155,6 infirmiers pour 100 000 habitants et est supérieure à celle de la France métropolitaine (148,4 pour 100 000 habitants). Le département de la Haute-Savoie se distingue par une densité d’infirmiers libéraux près de deux fois moindre que celle de la région.
Les masseurs-kinésithérapeutes, au nombre de 9 770 en 2020, ont une densité supérieure à la moyenne régionale (122,2 pour 100 000 habitants vs 108,6 en France métropolitaine). Là encore, les disparités sont importantes entre les départements, les densités départementales variant du simple à plus du double entre l’Ain (75,8 masseurs-kinésithérapeutes pour 100 000 habitants) et la Savoie (171,8 pour 100 000 habitants). Les densités les plus fortes sont relevées au niveau du Massif alpin et proche de Lyon.
Les aides-soignants et les manipulateurs en électroradiologie médicale salariés en établissement de santé ont, quant à eux, en 2019, des densités d’ETP inférieures aux valeurs métropolitaines, la différence étant plus marquées pour les aides-soignants.