Les paramètres de la qualité de l’eau

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eau du robinet

Pour préserver la santé et le confort de la population, l'eau du robinet doit répondre à de nombreuses exigences de qualité tant sur le plan microbiologique que physico-chimique.

Les exigences de qualité auxquelles doivent satisfaire les valeurs mesurées pour chaque paramètre sont précisées par l’arrêté modifié du 11 janvier 2007 relatif aux limites et références de qualité des eaux brutes et des eaux destinées à la consommation humaine mentionnées aux articles R. 1321-2, R. 1321-3, R. 1321-7 et R. 1321-38 du code de la santé publique.

En France, les exigences de qualité sont classées en deux groupes :

  • les limites de qualité : pour les paramètres dont la présence dans l’eau induit des risques immédiats ou à plus ou moins long terme pour la santé de la population. Ces limites de qualité concernent, d’une part, les paramètres microbiologiques et d’autre part, des substances chimiques indésirables ou toxiques (nitrates, métaux, solvants chlorés, hydrocarbures aromatiques, pesticides, sous-produits de désinfection...) ;

    les références de qualité : qui sont des paramètres indicateurs de qualité, témoins du fonctionnement des installations de production et de distribution. Ces substances, qui n’ont pas d’incidence directe sur la santé aux teneurs normalement présentes dans l’eau, peuvent mettre en évidence un dysfonctionnement des installations de traitement ou être à l’origine d’inconfort ou de désagrément pour le consommateur.

Microorganismes, virus et parasites sont présents dans l’environnement, notamment dans les eaux brutes. Si la ressource n’est pas naturellement protégée de la contamination microbiologique, un traitement de désinfection doit être mis en place.

Quels sont les risques pour la santé ?

Conformité au robinet du consommateur

0 Escherichia coli

0 entérocoque

Une seule exposition à un micro-organisme suffit parfois à provoquer une maladie dont la gravité dépend du type de germe, de sa virulence, de la quantité de germes absorbée et de l’état de santé du consommateur.

Si grâce à des efforts constants, les grandes épidémies d’origine hydrique (choléra, typhoïde) du début XIXème siècle ne sont plus d’actualité, le risque infectieux se manifeste désormais sous la forme d’épisodes de gastro-entérites (diarrhées et vomissements).

  • Prévention-traitement

Les mesures à mettre en place afin de garantir la qualité microbiologique des eaux distribuées sont :

  • l’instauration de la protection sanitaire des captages (périmètres de protection) ;

  • la désinfection de l’eau ;

  • l’entretien régulier, le suivi du fonctionnement et la maintenance des installations du réseau.

Les nitrates (NO3) sont naturellement présents dans l’environnement. En effet, l’azote est un élément essentiel à la vie des végétaux. Ils proviennent de la fixation de l’azote atmosphérique et de la décomposition de la matière organique par les micro-organismes. Dans ces conditions, les eaux ne contiennent pas plus de 10 mg/L de nitrates.

Les pollutions diffuses des nappes d’eaux souterraines résultent des activités humaines : excédent d’amendements agricoles et infiltration de rejets d’assainissement domestique.

Pour ce paramètre, l’évolution de la concentration, à la baisse ou à la hausse, est souvent lente.

conformité au robinet du consommateur

NO3 : 50 mg/L

Quels sont les risques pour la santé ?

Ce ne sont pas les nitrates en eux-mêmes qui présentent un risque sanitaire. C’est la transformation dans l’organisme, des nitrates en nitrites, qui compliquent le transport de l’oxygène par les globules rouges (méthémoglobinémie). Cette maladie peut provoquer des cyanoses chez le nourrisson (asphyxie).

A long terme, il semblerait que les nitrates puissent former des nitrosamines, molécules suspectées d'être cancérigènes.

L’eau ne constitue pas la seule source d'exposition aux nitrates. On trouve également des nitrates dans les légumes, les salaisons… En revanche, l’eau du robinet est la principale source d’exposition alimentaire aux nitrates pour les nourrissons

  • Prévention-traitement

Un aménagement du territoire raisonné à l’échelle du bassin versant ainsi que les modifications des pratiques agricoles sont des éléments de maîtrise du milieu. Aussi, Les mesures de protection des captages restent primordiales. Cependant, les délais nécessaires pour une réhabilitation de la ressource sont longs et les mesures coûteuses.

Enfin en cas de dépassement de limite de qualité d’un captage, certains traitements peuvent être envisagés :

  • mélange avec une eau pauvre en nitrates avant distribution ;

  • traitement de l’eau par dénitratation sur résine ou par dénitrification biologique ;

  • abandon du captage pour une autre ressource de meilleure qualité.

Les pesticides sont des substances chimiques organiques utilisées pour lutter contre les organismes jugés indésirables. Leur présence dans l’environnement est uniquement d’origine humaine. Ils sont principalement utilisés dans le milieu agricole mais le sont également pour des usages domestiques, urbains, de voiries et d’infrastructures.

La pollution des eaux par ces produits est liée à leur entraînement par ruissellement ou érosion (contamination des eaux de surface) ou par infiltration (contamination des eaux souterraines).

Pour ce paramètre, l’évolution de la concentration, à la baisse ou à la hausse, est souvent lente.

Conformité au robinet du consommateur

0,1 µg/L par substance*

et 0,5 µg/L pour la totalité des substances

*sauf pour l’aldrine, la dieldrine, l’heptachlore et l’heptachlorépoxyde : 0,03 μg/L

Quels sont les risques pour la santé ?

Les effets des pesticides pour des expositions répétées à de faibles doses pendant plusieurs années (toxicité chronique) sont encore mal connues. Cependant, ils sont susceptibles d’avoir des conséquences toxiques sur le système nerveux central et des effets cancérigènes voire mutagènes.

Par ailleurs, pour des cas de toxicité aigüe (Exposition à des doses importantes pendant des durées limitées, lors de la manipulation de produits), les effets sont nombreux et variés : troubles nerveux, digestifs, respiratoires, cardio-vasculaires ou musculaires.

L’eau ne constitue pas la seule source d'exposition aux pesticides. Des résidus de pesticides sont également présents dans l’alimentation (fruits, légumes, céréales et produits céréaliers) et dans l’air.

 

  • Prévention-traitement

De même que pour les nitrates, un aménagement du territoire raisonné à l’échelle du bassin versant ainsi que les modifications des pratiques dont agricoles sont des éléments de maîtrise du milieu. Aussi, Les mesures de protection des captages restent primordiales. Comme pour les nitrates, les délais nécessaires pour une réhabilitation de la ressource sont longs et les mesures coûteuses.

En cas de contamination durable d’un captage, certaines mesures correctives peuvent être envisagées :

  • dilution avant distribution avec une eau de meilleure qualité ;

  • substitution de ressources ;

  • traitement des eaux avec des procédés complexes et onéreux : filtration sur charbon actif, oxydation à l’ozone ou filtration sur membrane.

En cas de présence de pesticides dans les eaux distribuées, au-delà de la norme sanitaire, la collectivité doit rechercher l’origine de la contamination et mettre en place un programme de mesures correctives et informer la population. Selon l’importance de la contamination, des procédures de dérogation ou de restriction de consommation pourront être engagées.

 

Le chlorure de vinyle monomère (CVM) est un produit chimique purement synthétique. Il n’existe aucune source naturelle de ce composé. Au niveau des eaux distribuées, sa présence résulte de la migration dans l’eau à partir de certaines conduites en PVC posées avant 1980 (et dans des cas exceptionnels d’une contamination de la ressource).

Conformité au robinet du consommateur

CVM : 0,5 µg/L

L’arsenic est un métalloïde présent naturellement dans notre environnement majoritairement sous sa forme minérale (90%).

Entrant dans la composition des roches métamorphiques ou cristallines, sa présence dans l’eau est principalement d’origine naturelle. L’eau circulant dans ce type d’aquifère dissout les dépôts minéraux ou les roches en contenant.

Les concentrations en arsenic dans les eaux peuvent montrer une forte variabilité temporelle en relation avec l’alternance des périodes d’étiage (basses eaux) ou de crue. Les concentrations ont également une forte variabilité spatiale, au sein d’une même structure hydrogéologique en fonction des circulations souterraines des eaux et de la nature des terrains rencontrés.

L’arsenic peut également avoir une origine humaine, car il trouve avec ses composés de nombreuses applications industrielles (fabrication d’alliage, fonderies de métaux non ferreux, microélectronique …) ou agricoles.

En pratique, les problématiques liées à la présence d’arsenic dans les eaux d'alimentation sont généralement localisées dans les secteurs de montagne reposant sur une géologie cristalline et / ou métamorphique. Les origines humaines sont très rares.

  • Quels sont les risques pour la santé ?

    Conformité au robinet du consommateur

    Arsenic : 10 µg/L
    Antimoine : 5 µg/L

La principale source d’exposition à l’arsenic provient de l’eau de boisson, puis des aliments dont les produits de la mer. Les formes minérales de l’arsenic sont les plus toxiques. Absorbés par le corps il est transporté dans les divers organes par le flux sanguin.

Si la symptomatologie de l’arsenic semble différente selon les individus, les groupes de population et les zones géographiques, une exposition prolongée provoque le plus souvent des lésions dermiques.

L’arsenic inorganique est classé dans le groupe 1 (cancérogène certain pour l’homme) par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), et les personnes exposées présentent un risque accru de cancers de la vessie, du poumon et de la peau.

  • Prévention-traitement

S’il n’est pas possible de trouver une nouvelle ressource en eau, ne contenant pas d’arsenic, plusieurs procédés de traitement peuvent être utilisés, pour l’éliminer. Il s’agit de la précipitation/co-précipitation, la filtration membranaire ou l’échange d’ions. Cependant les procédés les plus efficaces sont les traitements par adsorption sélective comme la rétention sur les oxyhydroxydes ferriques (GEH), simple à mettre en œuvre et donc très adaptée aux petites collectivités.

Il est également possible de diluer les eaux arséniées avec des ressources exemptes d’arsenic.