De 1974 à 2001, la société Métaleurop a exploité une fonderie de plomb sur la zone industrielle d’Arnas, située au nord de Villefranche-sur-Saône. Cette activité a généré une pollution des sols environnant. Aujourd’hui, une activité de concassage de batteries est réalisée sur ce même site par la société Campine.
En 1999, l’ex-Direction départementale des affaires sanitaires et sociales (DDASS) du Rhône a organisé une campagne de dépistage du saturnisme infantile autour du site. Sur les 699 enfants dépistés (âgés de 0 à 12 ans et résidant, gardés ou scolarisés dans un rayon de 1 kilomètre autour du site), 15 avaient une plombémie supérieure à 100 µg/L (seuil alors en vigueur, abaissé à 50 µg/L en juin 2015). En 2004, un nouveau dépistage est organisé auprès de 20 enfants et 1 femme enceinte résidant dans un rayon de 450 mètres autour du site. Les résultats ont montré que 2 dépassaient 100 µg/L.
En 2015 et en 2019, l’Agence régionale de santé a mené des campagnes de sensibilisation des médecins sur l’importance du dépistage du saturnisme chez l’enfant et la femme enceinte en présence de sources ou de facteurs de risque d’exposition au plomb.
Ces 10 dernières années, aucun cas de saturnisme infantile n’a été signalé à l’Agence régionale de santé autour de l'ancien site de METALEUROP.
La contamination au plomb autour du site de Métaleurop
Retrouvez des réponses aux questions que vous pouvez vous poser sur les risques liés à une exposition au plomb dans la zone.
Depuis fin 2001 et l’arrêt définitif des fours de METALEUROP, il n’y a plus de rejets canalisés de plomb dans l’atmosphère autour du site (cheminée qui émettait des vapeurs et poussières de plomb à distance du site). En revanche, les ateliers de concassage des batteries peuvent émettre des poussières en proximité immédiate, qui peuvent être remises en suspension par la circulation des véhicules sur le site.
Durant la période d’activité de la fonderie, les poussières de plomb émises se sont déposées sur les sols sous l’influence des vents, principalement dans l’axe Nord-Sud. Les différentes études menées ont permis de définir par arrêté préfectoral du 25 novembre 2005 une zone à l’intérieur de laquelle certaines activités sont restreintes compte tenu de la pollution des sols.
Dans la zone représentée sur la carte, sont interdits les jardins d’enfants et bacs à sable, les jardins potagers, les crèches et écoles, les espaces verts de loisirs et terrain de sport dont l’épaisseur de matériaux propres rapportés est inférieur à 40 cm, les établissements sanitaires et sociaux, l’implantation de nouvelles constructions à usage résidentiel.
Le sol peut être une source d’exposition au plomb selon son niveau de contamination, ses caractéristiques (acidité…) et ses usages (activité de jardinage, de jeux directement en contact avec la terre…).
Les mesures suivantes peuvent limiter les risques d’exposition :
- Limiter les contacts avec les sols nus (terre)
- Couvrir les sols nus (végétalisation, dallage, graviers…)
- Ne pas laisser les enfants jouer dans la terre
- Lavages fréquents des mains, avec du savon, surtout avant les repas
- Ongles courts et régulièrement brossés,
- Lavage fréquent des jouets utilisés en extérieur
- Lavage des vêtements de jardinage
- Nettoyage humide régulier des sols dans le logement (préférer la serpillère à l’aspirateur ou au balai par exemple afin de ne pas mettre en suspension les poussières)
- Laisser les chaussures à l’extérieur/à l’entrée du logement
- Eviter les tapis et moquettes en entrée de logement car ils concentrent les poussières
- Brosser périodiquement les animaux de compagnie à l’extérieur
Les fruits et légumes peuvent accumuler le plomb présent dans les sols.
Il est recommandé de ne pas consommer les fruits et légumes produits sur des sols pollués au plomb.
Les recommandations suivantes permettent de limiter les risques :
- Préparer et aménager le sol :
- éviter de maintenir un sol nu en le couvrant de compost, déchets verts,… et en limiter l’accès aux enfants,
- installer son potager dans des bacs hors sols (carré potager),
- réduire l’acidité du sol avec des ajouts de chaux ou de compost mûr,
- amender régulièrement le sol avec fumier ou compost car une vie microbienne riche immobilise voire élimine le plomb.
- Adapter les productions :
- choisir des espèces végétales potagères qui concentrent moins le plomb du sol :
Sensibilité au plomb |
Type de végétal |
exemples |
les moins sensibles |
fruits, légumes-fruits et graines |
Tomates, aubergines, poivrons, gombos (graines des cosses), courges, maïs, concombres, melons, pois, haricots, oignons (bulbe seulement), fruitiers tels les pommiers et poiriers |
capacités intermédiaires à fixer le plomb |
Légumes-racines |
Carottes, betteraves, pommes de terre, navets, gingembre, Céleri-Rave, échalote, radis |
fort pouvoir de concentration du plomb |
Légumes feuilles et herbes aromatiques |
Laitue, épinards, choux, brocolis, choux fleurs, haricots verts, petits pois non écossés, thym… |
- Laver abondamment les légumes avant consommation (élimination des polluants présents en surface),
- Se laver systématiquement les mains ainsi que les habits, chaussures… après tout travail des sols.
Du fait des nombreux usages du plomb par le passé, il est largement présent dans l’environnement :
- Dans les logements :
- le plomb a cessé d’être employé dans les années 1950 pour les canalisations des réseaux intérieurs dans les habitations mais certains immeubles anciens d’habitation peuvent toujours avoir des canalisations intérieures en plomb ;
- le plomb a été utilisé dans la fabrication de peintures (céruse) et d’enduits jusqu’en 1949 (et plus tardivement pour la peinture antirouille, le minium de plomb). Ces revêtements, souvent recouverts ensuite par d’autres, peuvent se dégrader avec le temps, ou à cause de l’humidité (fuites, condensation du fait d’une mauvaise isolation et de défauts de ventilation) ou lors de travaux (ponçage par exemple) : l’ingestion d’écailles ou de poussières ainsi libérées sont alors sources potentielles d’intoxication.
- En France, la commercialisation de l'essence sans plomb (à partir de 1990) puis l’interdiction de l’essence plombée depuis le 2 janvier 2000 a contribué à réduire de façon importante les rejets de plomb dans l’atmosphère.
En complément, certaines activités/produits utilisent toujours du plomb :
- Plomb de chasse, de tir, de pêche ;
- Produits de maquillage traditionnels : khôls, surma, kajal…
- Ustensiles de cuisine : plats à tajine, cristal, étain, céramique
- Remèdes traditionnels avalés ou appliqués sur des muqueuses ou des plaies (azarcon, greta)
- Tabagisme passif qui expose des enfants dans un lieu fermé
Le dépistage autour du site de Métaleurop
La Préfecture du Rhône et l’Agence régionale de santé Auvergne-Rhône-Alpes, en lien avec la communauté d’agglomération Villefranche-Beaujolais-Saône et les villes d’Arnas, Gleizé et Villefranche-sur-Saône, ont pris la décision de proposer aux enfants et femmes enceintes, résidant sur un large secteur autour du site, de bénéficier d’un test de dépistage du saturnisme par la réalisation d’une plombémie.
Ce dépistage est pris en charge à 100% et sera proposé jusqu'à cet été.
Retrouvez des réponses aux questions que vous pouvez vous poser au sujet du dépistage autour du site Métaleurop.
Les professionnels de santé du territoire ont été informés du lancement de la campagne de dépistage.
La zone concernée a été définie avec les élus et s'étend sur les communes de Gleizé, Arnas et Villefranche-sur-Saône.
Chaque enfant de moins de 18 ans et chaque femme enceinte (grossesses déclarées) résidant dans la zone et assuré par la Caisse primaire d’assurance maladie - CPAM (régime général) ou la Mutualité sociale agricole (MSA) va recevoir un courrier accompagné d’un bon valant prise en charge d’une plombémie. Le bon est valable 6 mois. Les personnes concernées sont invitées à se rendre directement dans un laboratoire de biologie médicale pour faire réaliser leur plombémie.
Les familles relevant d’un autre régime de Sécurité sociale ou dont les enfants sont scolarisés ou gardés sur la zone mais qui n’y résident pas seront informées via les assistantes maternelles, les crèches, les écoles, les communes, les professionnels de santé (sages-femmes, maternités) ou les médias et invitées à consulter leur médecin qui pourront leur prescrire une plombémie. Ces plombémies seront également prises en charge à 100 % pour les enfants et les femmes enceintes.
Pour les personnes ne répondant pas aux critères (personnes adultes, hors femme enceinte), il n’est pas proposé de dépistage puisqu’elles ne font pas partie des groupes sensibles.
Le dépistage n’est pas obligatoire.
Pour les enfants et femmes enceintes, la prise de sang et le dosage du plomb sont entièrement pris en charge par l’Assurance maladie
Le saturnisme infantile fait partie des 36 maladies à déclaration obligatoire aux autorités sanitaires par les professionnels de santé. Ces 10 dernières années, aucun cas de saturnisme infantile n’a été signalé à l’Agence régionale de santé autour de l'ancien site de METALEUROP.
Il est possible que la campagne de dépistage permette d’identifier des cas de saturnisme infantile (plombémies supérieure à 50 µg de plomb par litre de sang).
Dans ce cas, l’Agence régionale de santé se rapprochera des personnes concernées afin d’effectuer une enquête environnementale pour déterminer plus précisément les sources d’exposition au plomb et de les supprimer/les réduire pour faire cesser l’intoxication.
Chaque enfant dépisté avec un dosage de plomb dans le sang supérieur à 50 µg par litre de sang est prise en charge individuellement, particulièrement pour les enfants de moins de 7 ans, avec :
- Une prise en charge médicale par le médecin traitant ;
- Une enquête environnementale à domicile menée par les agents de l’ARS, afin d’identifier les sources d’expositions au plomb sur les lieux de vie de l’enfant
En cas de plombémie située entre 25 et 50 μg/L, chez un enfant de moins de 7 ans, le médecin traitant proposera une surveillance de la plombémie et des conseils hygiéno-diététiques visant à diminuer l’exposition.
Fin mars 2023, sur 274 prélèvements de plombémies réalisés, aucune plombémie ≥ 50 µg/L n’a été détectée.
En janvier et mars 2023, 264 enfants et 10 femmes enceintes ont réalisé une prise de sang pour dosage de la plombémie (concentration en plomb dans le sang). Sur ces 274 plombémies, aucune n’est supérieure à 50 µg/L (seuil de définition du saturnisme chez l’enfant et la femme enceinte). Seulement 4 dépassent 25 µg/L.
Ces dépistages ont concerné 10 femmes enceintes, 28 enfants de 0 à 2 ans, 69 enfants de 3 à 6 ans et 167 enfants de 7 à 17 ans.
La répartition géographique des personnes dépistées, en fonction de leur lieu d’habitation, est détaillée de la manière suivante : 145 enfants ou femmes enceintes à Villefranche-sur-Saône, 64 à Gleizé, 54 à Arnas. 11 autres enfants en raison de leur lieu de garde ou de scolarisation.
Classe d’âges |
Nombre de plombémies réalisées |
Distribution des plombémies |
||||
<10 µg/L N % |
10-24 µg/L N % |
25-49 µg/L N % |
50-99 µg/L N % |
>99 µg/L N % |
||
0-2 ans |
28 |
20 71,4% |
8 28,6% |
|
|
|
3-6 ans |
69 |
31 44,9% |
37 53,6% |
1 1,4% |
|
|
7-17 ans |
167 |
115 68,9% |
50 29,9% |
2 1,2% |
|
|
Femmes enceintes |
10 |
7 70,0% |
2 20,0% |
1 10% |
|
|
Total |
274 |
173 |
97 |
4 |
|
|