Protoxyde d'azote : les risques de son usage détourné

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Dernièrement, le protoxyde d'azote est détourné pour un usage "festif", notamment par de jeunes adultes et adolescents. Aussi appelé "gaz hilarant" "happy balloon" ou "proto", sa consommation peut entraîner un risque d'intoxication aigue voire des complications plus graves. Retrouvez ci-dessous toutes les informations sur le sujet et ressources pour sensibiliser collégiens, lycéens et étudiants.

Le protoxyde d’azote (molécule N2O) est un gaz médical d’usage réglementé à visée anesthésique et/ou analgésique. Il est également utilisé comme générateur d’aérosols pour un usage culinaire.

Conditionné sous la forme de cartouches (pour les siphons à chantilly par exemple) ou de bonbonnes de plus grand volume, ce gaz à usage alimentaire est alors pur et donc d’autant plus dangereux en cas de consommation détournée.

Inhalé, il provoque des réactions euphorisantes : rires incontrôlés, sensation d’ébriété, distorsions auditives ou visuelles. Son usage est banalisé du fait d'effets apparaissant et disparaissant très rapidement.

Pourtant, l'inhalation de ce "gaz hilarant" peut entraîner des intoxications aigues voire des complications plus graves sur le long terme, comme décrit dans le tableau ci-dessous :

Usage détourné du protoxyde d'azote : les risques

Effets immédiats
suite à une prise ponctuelle

Effets sur le long terme
en cas de consommations
répétées ou importantes

Vertiges, étourdissements, désorientation

Troubles neurologiques : 
fourmillements, perte d'équilibre,
difficultés motrices pouvant mener à la paraplégie

Convulsions, perte de connaissance par manque d'oxygène voire asphyxie Fuites urinaires ou fécales, troubles sexuels
Chutes, accidents sur la voie publique Complications hématologiques et/ou vasculaires (anémie, thromboses veineuses ou artérielles)
Brûlure par le froid du gaz expulsé Perte de contrôle pouvant entraîner une addiction
Gelure en cas de contact prolongé avec la bonbonne Complications psychiatriques : anxiété, etc.

Ces risques pour la santé sont majorés si l'inhalation du protoxyde d'azote est associée à d’autres produits : alcools, drogues.

Cette pratique est en forte progression en France, avec plusieurs dizaines de cas graves rapportés au cours de ces dernières années.

La situation est particulièrement prégnante sur la région lyonnaise. Ainsi, le centre d'addictovigilance a noté que :

  • le nombre de cas de complications liées au protoxyde d'azote non médical a été multiplié par 4 entre 2020 et 2021
  • le nombre de cas graves (ayant nécessité une hospitalisation et/ou entraîné des séquelles fonctionnelles) a été multiplié par 5,5.
  • les patients sont jeunes (âge médian à 21 ans en 2021), et le sex-ratio proche de 1.

Près de 76% des appels reçus par les centres antipoison concernent des atteintes neurologiques avec parfois des séquelles persistantes nécessitant une rééducation fonctionnelle.

Source : bilan des centres anti-poison - bilan des centres d'addictovigilance

Les signalements se poursuivent en 2022, justifiant une nouvelle campagne d’information et de sensibilisation à destination du plus grand nombre, professionnels de santé comme grand public.

La meilleure conduite à suivre : refuser d'en consommer et sensibiliser aux risques du proto.

En cas de consommation :

  • Eviter de consommer seul et debout, car la perte d’équilibre peut entrainer des chutes.
  • Ne jamais inhaler directement en sortie de cartouche ou de siphon : ce gaz très froid peut provoquer des brûlures.
  • Respirer de l’air entre les inhalations de gaz pour éviter l’asphyxie.
  • Ne pas multiplier les inhalations de proto.
  • Ne pas conduire après la prise.
  • Garder les cartouches éloignées de toute flamme : le protoxyde d'azote est inflammable.

En cas de problème suite à la consommation : appeler le SAMU 15 ou 112 ou le centre antipoison au 04 72 11 69 11.

Sensibiliser son entourage sur l'usage détourné du protoxyde d'azote en téléchargeant le flyer réalisé par les HCL et l'ARS :

Consulter son médecin traitant

En cas de doute suite à l’apparition de symptômes neurologiques, de maux de tête réguliers, d'anxiété, il faut demander l’avis de votre médecin traitant.

Si nécessaire, il pourra réaliser un bilan neurologique en urgence, mettre en place un traitement adapté voire orienter le patient vers des spécialistes en addictologie ou en psychiatrie.

Contacter les structures spécialisées

Des dispositifs d’aide, anonymes et gratuits, sont prévus pour les usagers, leur entourage et le public en général :

  • Les Consultations jeunes consommateurs (CJC) proposent un service d’accueil, d’écoute, de conseil et d’orientation assuré par des professionnels des addictions. Leur service est totalement gratuit et confidentiel. L’annuaire des CJC est disponible sur le site Drogues info service.
  • Le dispositif  Drogues info service propose par ailleurs une aide à distance : 0 800 23 13 13

Afin de réduire le risque de séquelle neurologique, il est essentiel pour les professionnels de santé de :

  • Repérer le plus tôt possible les patients concernés par l'usage détourné du protoxyde d'azote,
  • Inciter à l'arrêt des prises,
  • Instaurer rapidement un traitement adapté,
  • Prévoir une prise en charge pluridisciplinaire avec avis neurologique et addictologique.

L’ARS rappelle aux professionnels de santé et aux usagers l’importance de déclarer tout cas grave d’abus, de dépendance et d’usage détourné sur le portail de signalement du ministère de la santé.

Les professionnels de santé peuvent par ailleurs se rapprocher du Centre d’addictovigilance (CEIP-A) de leur secteur géographique pour toute information complémentaire.

Aller plus loin

Une nouvelle loi pour protéger les jeunes de cet usage dangereux

Face à la multiplication des cas de complications, notamment neurologiques, survenus après des consommations répétées et/ou massives du protoxyde d'azote, les professionnels de santé et les structures de veille sanitaire d’addictovigilance et de toxicovigilance ont alerté les pouvoirs publics, aboutissant à l’adoption d’une nouvelle loi (1er juin 2021) tendant à prévenir les usages dangereux du protoxyde d'azote. La loi interdit en particulier la vente de N2O aux mineurs et comporte un volet « prévention ».