Protoxyde d’azote : ce qu’il faut savoir
Le protoxyde d’azote (N₂O), également connu sous les noms de "gaz hilarant", "happy balloon" ou "proto", est un gaz utilisé à des fins médicales, notamment anesthésiques et analgésiques, pour pour la cuisine.
Conditionné sous forme de cartouches (pour les siphons à chantilly) ou de bonbonnes, son détournement à des fins récréatives est en forte augmentation, en particulier chez les jeunes. Dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, le centre d’addictovigilance a noté que :
Le nombre de cas de complications liées au protoxyde d'azote (dans un usage non médical) a été multiplié par 4 entre 2020 et 2021
Le nombre de cas graves (ayant nécessité une hospitalisation et/ou entraîné des séquelles fonctionnelles) a été multiplié par 5,5
Les patients sont jeunes (âge médian à 21 ans en 2021)
Près de 76% des appels reçus par les centres antipoison concernent des atteintes neurologiques avec parfois des séquelles persistantes nécessitant une rééducation fonctionnelle.
Cependant, il est important de souligner qu’en Auvergne-Rhône-Alpes, l’usage du protoxyde d’azote reste moins répandu que dans d’autres territoires. Seuls 1,7% des jeunes de la région déclarent en avoir consommé, contre 2,3% à l’échelle nationale (source : enquête ESCAPAD, page 39).
Bien qu’il provoque des effets euphorisants immédiats, des rires incontrôlés ou des distorsions sensorielles (troubles ou visuels), son usage est souvent banalisé car les effets disparaissent aussi rapidement qu’ils n’apparaissent et parce que sa vente est légale. Cependant son usage comporte des risques majeurs pour la santé, notamment en cas de consommation répétée.
Protoxyde d’azote : quels sont les risques pour la santé ?
L'inhalation de protoxyde d'azote peut entraîner des effets immédiats et des complications à long terme.
Risques en cas de prise ponctuelle
Vertiges, étourdissements et désorientation : augmentant le risque de chutes et d’accidents.
Asphyxie et perte de connaissance : un manque d’oxygène peut causer des convulsions ou un arrêt respiratoire voire une asphyxie.
Brûlures par le froid : en inhalant directement depuis une cartouche ou en manipulant la bonbonne, le gaz contenu peut causer des brûlures lorsqu’il entre en contact avec vos mains ou votre visage.
Complications à long terme en cas de consommation importante (prise massive ou régulière)
Troubles neurologiques graves : paresthésies (fourmillements), perte d’équilibre, difficultés motrices (difficulté à marcher ou à tenir des objets) pouvant mener à la paraplégie.
Fuites urinaires ou fécales, troubles sexuels
Complications psychiatriques : anxiété, dépression.
Addiction et pertes de contrôle : risque de consommation compulsive.
Problèmes hématologiques : anémie, thromboses veineuses ou artérielles.
Ces risques augmentent si le protoxyde d'azote est associé à des substances comme l’alcool ou d’autres drogues.
Protoxyde d’azote : conseils à appliquer pour se protéger
La meilleure prévention reste d’éviter la consommation de protoxyde d’azote et de sensibiliser son entourage aux dangers. En refusant d’en consommer, c’est le meilleur moyen de protéger sa santé.
Si j’en consomme, je réduis les risques pour moi et les autres.
Conseil 1 : éviter de consommer seul
Si vous inhalez ce gaz, ne le faites jamais seul ou debout, car la désorientation peut entraîner des chutes graves.
Conseil 2 : ne pas inhaler directement depuis la cartouche
Le gaz est extrêmement froid et peut provoquer des brûlures sévères au niveau des mains ou du visage.
Conseil 3 : respirer de l’air entre les inhalations
Cela réduit les risques d’asphyxie.
Conseil 4 : limiter le nombre d’inhalations
Même si les effets du protoxyde d’azote disparaissent rapidement, il ne pas multiplier les prises car cela peut occasionner des effets graves sur la santé.
Conseil 5 : ne pas conduire après la consommation
L’état de désorientation met en danger votre vie et celle des autres.
Conseil 6 : garder les cartouches éloignées de toute flamme
Le protoxyde d’azote, comme de nombreux gaz est inflammable. Il faut garder les cartouches éloignées de toute source de flamme.
En cas de problème, appelez immédiatement les secours : SAMU (15 ou 114 pour les personnes sourdes et malentendantes) ou le Centre antipoison (04 72 11 69 11).
Protoxyde d’azote : bons réflexes pour lutter contre le phénomène
Parler des risques liés au protoxyde autour de soi
Informez vos proches des dangers liés à l’usage détourné du protoxyde d’azote. Encouragez les discussions avec ses amis (collèges, lycées, etc.), les personnes autour de soi pour les sensibiliser et réduire la banalisation de ce gaz.
Ne pas jeter les cartouches usées dans la nature
Au-delà des risques pour la santé, ça n’est pas éco-friendly de jeter par terre les cartouches et les ballons de protoxyde d’azote après leur usage. Ces matériaux (caoutchouc, latex des ballons, aluminium) se dégradent très lentement dans la nature et peuvent être consommés par erreur par les animaux environnants. Les jeter à la poubelle permet aussi d’éviter à d’autres un travail pénible et inutile.
En cas de problème lié au protoxyde d’azote : que faire ?
Vous êtes consommateur ou vous avez dans votre entourage des proches qui consomment régulièrement du protoxyde d’azote ? Des professionnels peuvent vous aider et vous accompagner.
Consulter un médecin traitant
En cas de doute suite à l’apparition de symptômes neurologiques, de maux de tête réguliers, d'anxiété, il faut demander l’avis de votre médecin traitant.
Si nécessaire, il pourra réaliser un bilan neurologique en urgence, mettre en place un traitement adapté voire orienter le patient vers des spécialistes en addictologie ou en psychiatrie.
Contacter des structures spécialisées
Des dispositifs anonymes et gratuits sont disponibles pour vous aider ou accompagner vos proches :
Consultations Jeunes Consommateurs (CJC) : Ces services offrent écoute, conseils et orientation par des professionnels des addictions. Accès gratuit et confidentiel.
Drogues Info Service : Une aide à distance est proposée au numéro 0 800 23 13 13 (appel gratuit).
Ces démarches permettent d’obtenir des conseils adaptés et un soutien immédiat face à une consommation problématique.
En Auvergne-Rhône-Alpes, un dispositif de téléconsultation “protoxyde d’azote” unique en France a été mis en place au sein des Hospices civils de Lyon pour accompagner les consommateurs qui souhaitent décrocher.