Qu’est-ce que le dispositif de sécurisation des hotspots suicidaires ?
Si la majeure partie des décès par suicide se produisent au sein du domicile, certains suicides surviennent de manière répétée dans des lieux publics faciles d’accès, souvent identifiés comme des « hotspots suicidaires » (ponts, falaises, tunnels, parkings, etc.).
Selon les données CépiDC-Inserm exploitées par l'ORS Auvergne-Rhône-Alpes, 12.5% des décès par suicide enregistrés entre 2016 et 2021 se sont déroulés sur la voie publique dans la région. L’étude menée par le Programme national Papageno a permis d’établir qu’en région Auvergne-Rhône-Alpes, on comptait en moyenne chaque année 121,5 décès par suicide depuis la voie publique (moyenne de 2016 à 2022). Aussi, jusqu’à 16 400 personnes sont exposées au suicide chaque année, directement ou non, dans la région.
La médiatisation de ces lieux publics peut contribuer à un effet d’appel incitant à de nouveaux passages à l’acte au même endroit.
Le dispositif de sécurisation et d'accompagnement mis en place en Auvergne-Rhône-Alpes et pionner en France vise à prévenir les suicides sur ces sites en conformité de la stratégie nationale de prévention du suicide.
Objectifs du dispositif de sécurisation des hotspots suicidaires
- Identifier et cartographier les hotspots suicidaires présents dans la région (évolution, risques, impact des mesures prises) ;
- Prioriser les sites à sécuriser en s’appuyant sur des données objectives ;
- Accompagner les acteurs locaux dans la conception et la mise en œuvre de mesures adaptées de prévention pour réduire drastiquement les suicides sur sites, comme l’aménagement du site ou des actions de communication responsable mais aussi dans la détection de nouveaux hotspots émergents.
A qui s'adresse ce dispositif ?
Le dispositif s’adresse à toutes les institutions responsables ou concernées par un site identifié comme hotspot, notamment :
- Collectivités territoriales,
- Préfectures,
- Conseils départementaux,
- Services de secours,
- Forces de l’ordre,
- Médias locaux et régionaux.
Leur implication est essentielle, car la médiatisation des suicides peut soit aggraver le phénomène (effet Werther), soit au contraire avoir un effet protecteur (effet Papageno) selon la manière dont elle est conduite.
Sécurisation des hotspots suicidaires : comment ça fonctionne ?
Le dispositif de sécurisation des hotspots suicidaires repose sur une démarche territoriale coordonnée et plusieurs leviers d’action. L’objectif est d’adapter les mesures de prévention au contexte local, en s’appuyant sur des compétences spécialisées et une méthodologie éprouvée.
Les professionnels impliqués
Plusieurs acteurs sont mobilisés pour accompagner les territoires :
- Des experts en prévention du suicide, capables d’identifier les facteurs de risque propres aux lieux publics ;
- Des professionnels de la prévention du suicide en général qui seront des ressources locales.
Les leviers d’action déployés
Le dispositif prévoit :
- L’identification et la cartographie des hotspots par l'Agence régionale de santé (ARS) Auvergne-Rhône-Alpes, à partir de données de terrain, remontées locales ou historiques de passage à l’acte ;
- La co-construction de plans d’action de prévention, comprenant diverses mesures comme l’affichage de messages de prévention, des numéros d'aide, la surveillance du site, ou encore la gestion des mémoriaux spontanés ;
- La sécurisation physique des lieux, mesure la plus efficace, avec des aménagements techniques (réhaussement de barrières, pose de filets, restriction d’accès), selon les possibilités techniques et le contexte local (site touristique, protégé, etc.) ;
- Un accompagnement technique sur les choix d’aménagements, la capacité d'intervention de tiers, la prévention des effets de déplacement des suicides, et la lutte contre les idées reçues comme le « mythe de l’inévitabilité » du suicide.
Sécurisation des hotspots suicidaires : comment bénéficier du dispositif ?
Deux modalités d’entrée dans le dispositif sont prévues :
- Site repéré par l’ARS Auvergne-Rhône-Alpes : si un site présente une récurrence suicidaire avérée, l’Agence sollicite les acteurs concernés pour mettre en œuvre les actions nécessaires.
- Demande locale spontanée : un territoire peut contacter l’ARS Auvergne-Rhône-Alpes pour être accompagné, même si le site n’est pas encore priorisé. Ce type d’initiative est encouragé car il favorise la montée en compétence locale et le partage d’expérience entre pairs.
Coûts et financement
L’ARS Auvergne-Rhône-Alpes ne finance pas directement les travaux de sécurisation mais peut soutenir financièrement un poste de chargé de mission sur un territoire, pour établir la cartographie et conseiller les acteurs dans la mise en œuvre des actions les plus efficaces.
Les dispositifs de sécurisation des hotspots suicidaires engagés en Auvergne-Rhône-Alpes
En mai 2025, plusieurs départements sont engagés dans une démarche active de sécurisation de leurs hotspots. Parmi les hotspots suicidaires identifiés, 4 ponts font l'objet d'un accompagnement via le programme Papageno :
- Un hotspot suicidaire en Isère
- Un hotspot suicidaire dans l'Ain
- Deux hotspots suicidaires en Haute-Savoie