La stratégie de lutte contre les cancers en Auvergne-Rhône-Alpes

Article

42 400 nouveaux cas de cancers sont déclarés chaque année en Auvergne-Rhône-Alpes.
L’ARS Auvergne-Rhône-Alpes, de façon concertée avec les acteurs de la région, a construit une politique régionale de lutte contre les cancers, en déclinaison de la stratégie décennale, en mettant l’accent sur la réduction des inégalités sociales et territoriales.

Le 4 février 2021, le président de la République a dévoilé la stratégie décennale de lutte contre les cancers 2021-2030.

Objectif : réduire significativement le poids que font peser les cancers sur la santé et la vie quotidienne des Français. La stratégie est définie en 4 axes :

  1. Améliorer la prévention, primaire comme secondaire (dépistage)
  2. Limiter les séquelles et améliorer la qualité de vie des patients
  3. Lutter contre les cancers de mauvais pronostic chez l’adulte et chez l’enfant
  4. S’assurer que les progrès en matière de lutte contre les cancers bénéficient à tous

Consultez le dossier de presse - Premier comité de suivi de la stratégie décennale (5 décembre 2022)

Consultez la feuille de route régionale Cancer 2022-2025

5 priorités d'actions

Sur la base d’un diagnostic régional Cancers, l’ARS Auvergne-Rhône-Alpes décline la stratégie décennale sur son territoire suivant 5 priorités d’actions pour réduire les inégalités territoriales :

  • Mener une politique intégrée et territorialisée de prévention primaire des cancers ciblée par public : poursuite des actions de prévention des addictions, alimentation et activité physique, et développement privilégié de trois axes d’intervention : intégration de l’alcool, prévention santé-environnement, vaccination anti-papillomavirus humains (HPV) : amorcer le « virage préventif ».
  • Améliorer la détection des cancers via les dépistages des personnes à hauts risques et les dépistages organisés le plus tôt possible, plus particulièrement à destination des publics vulnérables et ciblée selon les territoires.
  • Favoriser des parcours cancer personnalisés, fluides et coordonnés hôpital-ville avec les acteurs de santé et le secteur médico-social en intégrant notamment l’organisation territorialisée de l’accès aux soins de support pendant et après le cancer, le développement de la prise en charge en ville (Hospitalisation à domicile - HAD) et en ambulatoire (chronicisation des cancers) : conforter le « virage ambulatoire ».
  • Mieux prendre en compte les parcours complexes des personnes âgées, des enfants et Adolescents et jeunes adultes (AJA), des personnes vulnérables et pour les cancers du poumon, ovaire et pancréas.
  • Faciliter l’accès de tous les patients aux innovations thérapeutiques, organisationnelles, technologies de pointe et d’excellence, notamment via la e-santé.

Ces 5 priorités d’actions se déclinent en :

  • 1 action prioritaire : agir sur « l’Arc de défaveur Cancers » ;
  • 15 actions sur les 85 actions susceptibles de déclinaison régionale de la stratégie décennale de lutte contre les cancers ;
  • la mise en place ou la poursuite des actions, dispositifs et outils structurants d’amélioration de la qualité de l’offre et des parcours ;
  • la mise en œuvre de la réforme des autorisations du traitement du cancer qui aura un impact réel sur l’offre de soins.

8 localisations de cancers ciblées

Cette stratégie Cancers ARA cible 8 localisations de cancers : sein, côlon-rectum, poumon, prostate, col de l’utérus, lèvre-bouche-pharynx (LBP), ovaire et pancréas. Le choix de ces 8 localisations repose sur 4 critères :

  • le sein, le côlon-rectum, la prostate et le poumon sont les 4 localisations les plus fréquentes représentant plus de la moitié des cas incidents de cancer en ARA ;
  • l’identification de facteurs de risques, plus particulièrement les consommations de tabac, d’alcool et l’obésité comme l’exposition au radon ou la pollution atmosphérique, dans la survenue de ces cancers et sur lesquels des actions de prévention primaire seraient efficaces ;
  • l’existence de dépistages (organisés ou non) dont l’efficacité a été démontrée ;
  • des cancers de mauvais pronostic dont on connait la prégnance en région.

"L'arc de défaveur cancers"

Le diagnostic régional Cancers met en exergue en termes de défaveur sociale, de vieillissement de la population, de démographie médicale, de mortalité et mortalité prématurée par cancers, de participation aux dépistages organisés des cancers, des disparités territoriales fortes touchant tout particulièrement l’ex-Auvergne et le Sud de la Région. Aussi, l’ARS ARA a identifié un « Arc de défaveur Cancers » (Allier, Puy-de-Dôme, Cantal, Haute-Loire, sud de l’Ardèche et sud de la Drôme) sur lequel elle veut concentrer ses efforts tout en poursuivant son soutien sur les autres territoires.

Face à ces fortes disparités territoriales en matière de cancers, l’ARS a fait le choix d’agir au plus près des besoins et des spécificités territoriales en élaborant des fiches départementales Cancers, véritables feuilles de route pour les 3 années à venir.

Ces fiches s’appuient sur un diagnostic territorialisé cancers issu du diagnostic régional Cancers, ciblent des cancers prioritaires et définissent les actions à mener par territoire d’intervention.

Des indicateurs et un comité de pilotage départemental annuel permettront de suivre la mise en œuvre des actions inscrites dans ces fiches.

Quel que soit le territoire, qu’il fasse ou non partie de « l’Arc de défaveur cancers », l’enjeu est de cibler les zones rurales, les zones de défaveur sociale (FDep défavorisé, Quartier politique de la ville) et les Contrats locaux de santé (CLS) ainsi que des publics cibles plus particulièrement les personnes vulnérables : personnes en situation de précarité et/ou isolées, personnes handicapées ou détenues.

Les actions de prévention primaire sont destinées à agir sur les principaux facteurs de risques des cancers : les consommations de tabac et d’alcool, l’alimentation déséquilibrée et l’obésité, la sédentarité et les facteurs environnementaux. La vaccination anti-HPV des jeunes filles et des jeunes garçons est promue dans les territoires afin de relever le taux de vaccination encore trop loin à ce jour de l’objectif du Conseil européen qui est de 80 %.

En Auvergne-Rhône-Alpes, le Centre régional de coordination des dépistages des cancers Auvergne-Rhône-Alpes (CRCDC AuRA) a pour mission d’assurer l’organisation, l’information et la mise en œuvre des programmes de dépistages organisés des cancers du sein, colorectal et col de l’utérus. Le CRCDC définit la stratégie de promotion des dépistages et mène des actions de terrain de type « aller vers » avec les partenaires locaux notamment dans le cadre de comités territoriaux de promotion des dépistages mis en place en 2022.

En 2021, l’ARS Auvergne-Rhône-Alpes a financé 75 actions de dépistage (avec ou sans prévention primaire) pour un montant de 10,3 millions d’€ (dont 5 M € pour le financement du CRCDC – 5 M € étant financés par l’Assurance maladie).

La stratégie Cancers ARA s’intéresse aussi à la prise en charge des dépistages des personnes à hauts ou à très hauts risques de cancer dans les établissements de santé.

Notre région comprend notamment :

  • 100 établissements ayant au moins une autorisation relative à la prise en charge des cancers (dont 2 Centres de lutte contre le cancer (CLCC) et 4 CHU) et une vingtaine d’établissements associés en chimiothérapie ;
  • 136 IRM autorisés et 124 IRM installés ;
  • 1 Dispositif spécifique régional de cancérologie (DSRC ONCOAURA) dont les missions sont de contribuer à la coordination de l'organisation régionale de la cancérologie et à sa lisibilité, de promouvoir la qualité et la sécurité des traitements, de développer l’expertise et l’expérimentation de projets innovants, d'accompagner les évolutions de l’offre de soins et de contribuer à l’information et à la formation sur le parcours de santé en cancérologie ;
  • 15 Centres de coordination de cancérologie (3C) ;
  • de nombreuses associations de patients.

Pour favoriser des parcours cancers personnalisés, fluides et coordonnés, des actions portent sur l’amélioration de la lisibilité et visibilité de l’offre en cancérologie sur l’ensemble de la région et tout particulièrement « l’Arc de défaveur Cancers » à travers notamment un annuaire des compétences en cancérologie et des cartographies de l’offre en soins oncologiques de support.

Consultez la plateforme ressources Onco Aura

L’accès à cette offre et la qualité et la sécurité de la prise en charge des cancers sont des objectifs poursuivis dans cette stratégie Cancers.

Des diagnostics territoriaux partagés sur les parcours patients cancers, l’harmonisation et/ou l’évaluation d’outils tels que le dispositif d’annonce, les réunions de concertation pluridisciplinaire, le programme personnalisé de soins et le programme personnalisé après cancer, la formation adaptée à la diversité des besoins des professionnels de santé et le déploiement des outils numériques et spécifiquement le DCC (dossier communicant de cancérologie) y contribueront. Pour réussir le « virage ambulatoire », ces actions devront contribuer au lien ville-hôpital par une meilleure coordination des acteurs hospitaliers et de ville (médecins traitants, infirmiers, pharmaciens...).

Dans le cadre du futur Schéma régional de santé (SRS), des travaux seront pilotés par l’Agence en vue de la mise en œuvre de la réforme des autorisations du traitement du cancer et pour renforcer le parc IRM/TEP destiné à réduire les délais d’attente aux consultations.

Certains parcours nécessitent une attention toute particulière : c’est le cas des parcours complexes des personnes âgées, des enfants-adolescents et jeunes adultes, des personnes vulnérables et pour les cancers du poumon, ovaire et pancréas. Des feuilles de route et des programmes spécifiques vont dans ce sens.

Les parcours de soins globaux après traitement d’un cancer

Les parcours de soins globaux après traitement d’un cancer visent à proposer à des patients, au plus près de leur domicile, un bilan fonctionnel et motivationnel d’activité physique adaptée ainsi qu’un bilan et des consultations de suivi diététique et psychologique.

L’objectif de ces parcours est d’améliorer la qualité de vie, réduire les risques de séquelles et prévenir les rechutes de tout patient atteint de cancer.

> Consultez l’article dédié

Les évolutions actuelles et à venir des prises en charge en cancérologie doivent être intégrées dans les pratiques et les organisations. Aussi, sont inscrits dans la stratégie Cancers le déploiement de la chimiothérapie / immunothérapie en HAD, à domicile et autre alternative à l'hospitalisation (voir notamment les projets article 51), l’accès à l’oncogénétique, aux essais cliniques, le développement de la chirurgie ambulatoire pour le cancer du sein, la promotion de l’utilisation de la radiologie interventionnelle en cancérologie dans le cadre du futur SRS.

Aller plus loin

Les données du cancer en région

  • Les 3 cancers les plus fréquents : prostate, poumon et colorectal (hommes) ; sein, colorectal et poumon (femmes).
  • 42 400 nouveaux cas de cancer et 17 600  décès par cancer estimés par an
  • Une situation globalement favorable dans la région mais avec de fortes inégalités territoriales.