Sports d'eaux vives : quels sont les risques auxquels on s’expose ?
Les sports en eaux vives, comme le kayak, le rafting, l’hydrospeed ou le canyoning, sont des activités excitantes qui attirent de plus en plus de pratiquants. Cependant, ces sports, souvent réalisés dans des rivières ou des torrents aux courants puissants, comportent des risques pour la santé. Non seulement il existe des dangers liés à la force de l'eau, mais il est aussi important de se protéger contre certaines maladies infectieuses transmises par les eaux ou les animaux (comme la leptospirose, la tularémie, l'ankylostome, la bilharziose, l'anguillulose)
- Les noyades et les accidents liés aux courants Le principal danger en eaux vives réside dans la force des courants. Même les sportifs expérimentés peuvent être pris par surprise par des vagues soudaines ou des rapides. Une chute dans l’eau peut entraîner une perte de contrôle ou une immersion prolongée, augmentant ainsi le risque de noyade.
- Les blessures corporelles Les impacts avec des rochers, des arbres ou des obstacles dans l’eau peuvent causer des blessures. Une collision violente peut entraîner des fractures, des entorses ou des blessures à la tête, surtout si le pratiquant n’est pas bien protégé.
- Les hypothermies Les sports en eaux vives se pratiquent souvent dans des rivières froides, même en été. L'exposition prolongée à de l'eau froide peut provoquer une hypothermie, qui est un refroidissement excessif du corps, dangereux pour la santé. Il est donc essentiel de se protéger contre le froid, surtout dans des eaux à moins de 15°C.
- Les risques infectieux Les eaux vives peuvent être contaminées par des micro-organismes pathogènes, véhiculés par des animaux sauvages, des insectes ou même par les humains. Certaines infections peuvent être transmises après un contact prolongé avec l'eau. Parmi ces maladies, on retrouve notamment la leptospirose, la tularémie.
Sports d'eaux vives : les risques de maladie et comment s’en protéger ?
Ces maladies peuvent avoir pour origine une bactérie (leptospirose, tularémie, etc.) ou un parasite (ankylostome, etc.).
Les modes de contamination diffèrent selon la maladie. Les plus courants sont :
Le contact des muqueuses (la bouche, le nez, les yeux, etc.) avec une eau contaminée
L’ingestion d’eau ;
Une piqûre ou morsure ;
Le passage à travers la peau (saine ou avec une plaie même superficielle) à la suite d'un contact avec de l’eau ou un sol contaminé (en se baladant pieds nus, en s’asseyant, etc.)
Le temps entre la contamination et l’apparition des symptômes peut varier entre quelques jours et plusieurs semaines selon les maladies.
Si les symptômes sont très différents d’une pathologie à l’autre, les plus fréquents sont :
Syndrome grippal : fièvre, douleurs musculaires, maux de tête
Douleurs abdominales : diarrhées, ictère (jaunisse)
Autres symptômes : neurologiques, cardiaques
La leptospirose est une infection bactérienne transmise par l'urine d'animaux infectés (tous les mammifères mais particulièrement les rongeurs) souvent bénigne mais qui peut prendre des formes graves, voire être mortelle.
Les bactéries pénètrent par la peau ou les muqueuses lors de contact avec des eaux contaminées. Les symptômes débutent par de la fièvre, des douleurs musculaires, associés ou non à des signes digestifs ou autres qui peuvent évoluer secondairement vers des défaillances organiques (foie, rein, neurologique) et apparaissent généralement entre 4 et 21 jours après la contamination (jusqu’à 1 mois).
La leptospirose est une maladie plutôt rare (Plus de 700 cas recensés en France en 2024), plus fréquente en zones tropicales (Antilles, Mayotte, etc.) Seules les eaux douces peuvent être concernées. En savoir + sur la leptospirose
Conseils de prévention :
Éviter le contact avec des eaux stagnantes ou boueuse
Ne pratiquer pas d'activité en eau trouble ou boueuse
Porter des équipements de protection lorsque cela est possible : gants, des bottes, combinaisons étanches...
Se doucher après la baignade : Lavez-vous soigneusement avec du savon après toute activité en eau vive pour éliminer d'éventuelles bactéries et rincez-vous à l’eau potable.
Rincer bien son matériel à l’eau potable (combinaison, chaussons néoprènes, kayak…).
Éviter de pratiquer votre activité en cas de plaie ; et sinon la protéger avec un pansement étanche
Les bons gestes à appliquer en cas de plaie préexistante ou survenant au cours de votre pratique :
Désinfecter avec un antiseptique la plaie (si préexistante) avant l'entrée dans l'eau
Laver abondamment à l’eau potable et au savon la plaie en cas de blessure pendant l'activité et éviter au maximum le contact avec l'eau (pansement imperméable, ...) ;
Il ne faut jamais rincer une plaie à l’eau non potable, même limpide !
En cas d’apparition de symptômes évocateurs dans les 3 semaines suivant l’activité, consulter rapidement un médecin en lui précisant cette activité et le risque de leptospirose associé. Des examens biologiques permettent de faire le diagnostic et un traitement antibiotique pris précocement permet généralement de guérir sans séquelle
Vaccination recommandée pour les professionnels
La vaccination est recommandée dans le cadre d’une activité professionnelle exercée durablement et/ou en permanence, ou régulièrement, en milieu à risque. Elle peut également être proposée dans le cadre de la pratique régulière et durable d’une activité de loisir exposant spécifiquement au risque.
Son indication doit être posée par le médecin au cas par cas après évaluation individuelle du risque. Elle ne dispense en aucun cas du port d’équipement de protection (gants, combinaison …). Non remboursée par la Sécurité sociale, elle peut être prise en charge par la médecine du travail ou par certaines mutuelles.
La tularémie est une infection bactérienne rare, mais grave, transmise par des animaux sauvages, principalement les rongeurs mais également plus rarement par des animaux domestiques. Elle peut être contractée après une morsure d'insectes (tiques, moustiques, taons), via une projection dans l’œil, par ingestion d’eau ou de végétaux contaminés par des déjections, ou encore par l’inhalation de poussières provenant d'animaux infectés. Elle peut aussi être transmise par l’eau contaminée.
Les symptômes débutent par un syndrome pseudo grippal associé ou non à des nausées, vomissements rapidement suivi de signes plus localisés dépendant du mode de contamination ganglions, toux, signes ORL entre 2 et 14 jours après la contamination. La maladie peut ensuite évoluer vers une infection du sang (septicémie) qui, dans les cas les plus graves, peut entraîner un décès.
Un traitement antibiotique efficace existe et permet donc la guérison si la personne infectée est rapidement prise en charge. (en savoir + sur la tularémie)
Conseils de prévention
Éviter de boire de l’eau non potable et de se baigner dans une eau trouble ou boueuse : Ne buvez jamais directement l’eau des rivières ou des torrents, même si elle semble claire, sans l'avoir traitée.
Évitez de vous baigner dans l’eau trouble ou boueuse.
Porter des protections : Comme pour la leptospirose, porter équipements de protection quand c’est possible (gants, bottes, combinaison, lunettes…) lors des contacts avec de l’eau naturelle (non traitée) réduit les chances de contact direct avec des animaux infectés ou leurs excréments.
Portez aussi des vêtements longs et resserrés aux extrémités et à la taille pour éviter les piqûres d’insectes et de tiques lors de vos déplacements.
Ne pas manipuler d'animaux morts ou vivants lors de vos activités en milieu naturel : Évitez tout contact avec des animaux morts, car ils peuvent être porteurs de la bactérie responsable de la tularémie.
Protéger les plaies du contact de l’eau par des pansements étanches.
La bilharziose, ou schistosomiase, est une infection parasitaire causée par des vers plats (schistosomes) qui se transmettent par contact avec des eaux douce contaminées. Les larves du parasite pénètrent la peau et migrent dans le sang, entraînant divers symptômes, tels que des douleurs abdominales, de la fièvre, et parfois des lésions sur les organes internes.
On les trouve essentiellement dans les régions tropicales et subtropicales, en particulier en Afrique. Toutefois, quelques cas ont été identifiés en Corse du Sud depuis 2013 et antérieurement aux Antilles (transmission actuellement interrompue dans les Antilles françaises).
Les symptômes apparaissent entre 2 à 10 semaines après la contamination. Il s’agit en fait d’une réaction de l’organisme aux œufs ou au parasite. Les symptômes peuvent parfois entraîner un décès.
La forme intestinale peut provoquer des douleurs abdominales, de la diarrhée et l’apparition de sang dans les selles. Elle peut se compliquer, en atteignant le foie, voire en augmentant la taille de la rate dans les cas avancés.
La forme urogénitale se manifeste généralement par du sang dans les urines (hématurie) parfois associé à des complications rénales voire à un cancer de la vessie (complication possible à un stade tardif). Elle peut aussi provoquer des lésions des organes génitaux chez l’homme comme chez la femme avec des conséquences irréversibles à long terme, comme la stérilité.
Un traitement antiparasitaire existe et permet de traiter efficacement la maladie.
Conseils de prévention :
Éviter les eaux stagnantes : Évitez de vous baigner ou marcher même de façon brève dans des rivières ou lacs d'eau douce dans les zones où la maladie est présente
Se doucher après la baignade : Lavez-vous soigneusement avec du savon après avoir nagé dans des eaux naturelles pour éliminer d’éventuels parasites et rincez-vous à l’eau potable.
Les ankylostomes sont des vers parasites qui peuvent pénétrer à travers la peau même saine lorsqu’on marche pieds nus dans des eaux ou des sols contaminés. Ces parasites vivent dans les zones tropicales et sont endémiques dans les Antilles.
Conseils de prévention :
Porter des chaussures adaptées : Toujours porter des chaussures de rivière fermées pour éviter tout contact direct avec le sol ou l’eau contaminée.
Se doucher après l’activité : Prenez une douche pour éliminer les parasites potentiels et surveillez votre peau pour déceler toute irritation dans les jours suivants.
L'anguillulose est une infection parasitaire causée par des larves d'anguilles ou d'autres vers intestinaux présents dans les sols. Le parasite est surtout répandu en zones tropicales notamment : en Afrique noire, aux Antilles françaises, en Amérique centrale et du sud, en Asie du Sud-Est. Toutefois, il peut également s'adapter à des milieux tempérés (pays d'Europe centrale). Comme pour les ankylostomoses, les symptômes pour les anguilluloses se manifestent initialement par une rougeur et des démangeaisons au point d’entrée. Elles sont suivies de signes respiratoires (toux, essoufflement) 4 à 6 jours plus tard. 2 à 3 semaines après la contamination, des signes digestifs apparaissent (douleurs abdominales, alternance selles molles/constipation) combinés à de la fatigue et une perte d’appétit.
Conseils de prévention :
Porter des chaussures étanches : Évitez tout contact direct avec des sols ou eaux potentiellement contaminés en portant des chaussures adaptées.
Éviter de boire de l’eau non traitée : Ne consommez que de l'eau potabilisée (traitée par comprimé de chlore ou en bouteille) , en particulier dans les zones où la qualité de l’eau est incertaine.
Se laver soigneusement après la baignade : En cas de baignade dans des zones naturelles, il est essentiel de bien se laver avec du savon pour éliminer toute trace de contamination.
Les salmonelloses
La contamination se produit le plus souvent après consommation d’aliments porteurs tels que les produits laitiers, les œufs, et les viandes insuffisamment cuites. L’ingestion d’eau contaminée lors d’une baignade peut aussi être responsable de salmonelloses mais de manière beaucoup plus exceptionnelle.
Les symptômes surviennent 1 à 3 jours après la contamination : fièvre, vomissements, douleurs abdominales et diarrhées sanglantes.
Les infections à Escherichia Coli :
Certaines sont porteuses de toxines pouvant donner des complications rénales et/ou neurologiques, en particulier chez les jeunes enfants. Si la contamination se fait essentiellement par consommation d’aliments (viande bovine ou végétaux) consommés crus ou peu cuits, des cas ont déjà été identifiés à la suite de l’ingestion d’eau de baignade, y compris en France métropolitaine.
Les premiers symptômes sont de la fièvre et des diarrhées survenant 2 à 10 jours après la contamination.
Le médecin est susceptible de vous prescrire des analyses de sang ou de selles qui peuvent permettre d’identifier le germe responsable. Un traitement par antibiotique n’est pas systématique mais parfois nécessaire.
En cas d’apparition de symptômes dans les jours ou semaines qui suivent une baignade ou une sortie en eau douce non traitée, consultez rapidement votre médecin en lui précisant bien que vous avez pratiqué un sport aquatique.
Sports d’eaux vives (rafting, kayak, hydrospeed, etc.) : quels sont les bons gestes à appliquer pour se protéger ?
Porter un équipement de sécurité adapté : En plus de se protéger contre les maladies, le port d’un équipement de sécurité adéquat est essentiel pour éviter les accidents :
Gilet de sauvetage : Indispensable pour rester à flot en cas de chute dans l’eau.
Casque : Protège des chocs contre les rochers et autres obstacles.
Chaussures de rivière étanches : Protègent les pieds des coupures et des parasites.
Combinaison étanche : Protège du froid et limite les risques d’infections.
Évaluer les conditions de la rivière avant de pratiquer : Avant de vous lancer, renseignez-vous sur les conditions de la rivière (température, courants, qualité de l’eau), vérifiez la météo et évitez de vous baigner dans des zones suspectes ou proches de sources de contamination possibles. Renseignez-vous aussi sur la présence d'ouvrages hydroélectriques sur le parcours et apprenez aussi à interpréter les échelles de mesure du niveau d'eau (limnimètres)
Inspecter votre équipement avant de pratiquer : Vérifiez l'état de votre matériel avant chaque sortie
Être vigilant pendant la pratique de l’activité : restez vigilant face aux changements de débit tout au long de votre descente ou de votre activité. Veillez à inspecter soigneusement les zones de saut avant de vous engager
Pratiquer avec un guide ou en groupe : Si vous êtes débutant ou si vous ne connaissez pas bien la zone, il est préférable de pratiquer en compagnie d’un guide expérimenté. Cela vous permettra de minimiser les risques et de mieux réagir en cas de problème.
Hydratation et alimentation : Buvez régulièrement de l’eau et mangez des encas énergétiques avant et pendant l’activité pour éviter la fatigue et maintenir votre niveau d’énergie.
Connaître et respecter les règles de sécurité associées au sport que vous allez pratiquer : Apprenez à réagir en cas d’urgence, que ce soit pour les accidents physiques ou les risques sanitaires associés à la pratique de votre sport d’eaux vives.
Veillez par exemple à maîtrise les techniques de nage en eau vive et de lecture des courants.
Ne pratiquez jamais seul et informez un tiers de votre itinéraire et respectez la réglementation locale et les zones interdites.