En présence de plomb dans l’environnement, les enfants de moins de 7 ans et principalement entre 1 et 3 ans constituent une population à risque pour plusieurs raisons :
- ils portent spontanément mains et objets à la bouche et ingèrent ainsi de grandes quantités de poussières ;
- pour une même imprégnation, les effets toxiques du plomb chez l’enfant sont plus importants et plus sévères que chez l’adulte, en raison des processus de développement cérébral ;
- près de 50 % du plomb ingéré passe dans le sang chez l’enfant contre 10 % uniquement chez l’adulte.
La femme enceinte est également concernée. Le plomb sanguin passe la barrière transplacentaire d’où un risque d’intoxication du fœtus. De plus, la grossesse peut générer une libération accrue du plomb provenant du stock osseux. Le plomb stocké dans l’os chez la mère peut également être transféré à l’enfant lors de l’allaitement.
Les signes cliniques d'une intoxication au plomb de l'enfant, lorsqu'ils sont présents, sont généralement peu spécifiques. Le diagnostic ne peut être établi que par le dosage de la plombémie (mesure de la concentration en plomb dans le sang) en présence de facteurs de risque individuels ou environnementaux. Un diagnostic précoce permet d'éviter des lésions irréversibles sur les systèmes nerveux (baisse du QI notamment), hématopoïétique et rénal.
Le rapport d'expertise du Haut conseil de la santé publique (HCSP) de juin 2014 :
- confirme qu'il y a des preuves suffisantes d'effets nocifs du plomb sur la santé pour des plombémies inférieures à 100 µg/L, notamment des effets sur le développement intellectuel, staturo-pondéral et sexuel et sur l'acuité auditive, chez le jeune enfant et des effets rénaux et cardio-vasculaires chez l'adulte ;
- précise les facteurs de risques qui doivent conduire à la prescription d'une plombémie chez les jeunes enfants (de moins de 7 ans) et les femmes enceintes ou envisageant une grossesse à court terme (moins de 6 mois).
Le « guide de dépistage et de prise en charge des expositions au plomb chez l’enfant mineur et la femme enceinte » d’octobre 2017 intègre les nouvelles recommandations du HCSP de juin 2014.
Des peintures au plomb ont été utilisées jusqu’en 1949 dans les logements et parties communes des immeubles d’habitation. Lorsqu’elles se dégradent ou que certains travaux sont réalisés, ces peintures constituent une source majeure d’intoxication via l’ingestion ou l’inhalation de poussières ou l’ingestion d’écailles de peinture.
Les autres sources potentielles d’exposition sont : l’eau du robinet en présence de canalisations en plomb, l’alimentation, l’air notamment à proximité de certaines industries, quelques produits particuliers (plombs de chasse et de pêche, certaines vaisselles émaillées ou vernies, certains khôls…).
- Consultez le Constat de risque d’exposition au plomb (CREP) réalisé sur votre logement : celui-ci doit être joint aux actes de vente ainsi qu’aux contrats de location signés après le 12 août 2008 (s’il ne l’a pas été, demandez-le au propriétaire ou au syndic de copropriété) ; le propriétaire est tenu de réaliser les travaux pour supprimer les risques d’exposition au plomb.
- Recouvrez les peintures écaillées (avec du papier peint, de la toile de verre, ou du carrelage en fonction de l’humidité de la pièce) pour que l’enfant n’y ait plus accès.
- Prenez des précautions lors des travaux sur les peintures (éloignez les enfants, changez de vêtements, éliminez les poussières après travaux…).
- Procédez au nettoyage humide des sols (cela met moins de poussières en suspension dans l’air que le balai ou l’aspirateur) et aérer souvent votre logement pour en chasser l’humidité (cela évite la dégradation des murs).
- Lavez souvent les mains des enfants, surtout avant les repas, couper les ongles courts.
- Sortez le plus souvent possible les enfants du logement.
- Donnez-leur des aliments riches en fer (ex. : poisson, volaille, légumes frais, œufs, chocolat, abricots secs…) et en calcium (ex. : laitages, fromages).
- Adressez-vous à votre assistance sociale, votre médecin traitant ou votre centre de Protection maternelle et infantile (PMI) pour réaliser éventuellement une plombémie (mesure de la concentration en plomb dans le sang).