Alcool : risques pour la santé et accompagnement en Auvergne-Rhône-Alpes

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Deuxième cause de mortalité évitable après le tabac, l’alcool est responsable de plus de 41 000 décès chaque année en France. Même à faible dose, sa consommation est associée à des risques sanitaires avérés. L’Agence régionale de santé (ARS) Auvergne-Rhône-Alpes s’engage pour informer, prévenir et accompagner les personnes concernées, via une offre de santé structurée, accessible et coordonnée.

Alcool : ce qu’il faut savoir

Une consommation encore largement banalisée

En dépit d’une baisse globale de la consommation en France, l’alcool demeure une substance psychoactive banalisée. En 2022, 43,4 % des collégiens de classe de 4e et 3e déclaraient avoir déjà consommé de l’alcool, contre 60 % en 2018. Chez les lycéens, l’usage régulier d’alcool a été divisé par trois sur la même période. Ces résultats encourageants sont à nuancer par la persistance de pratiques à risque, comme l’alcoolisation ponctuelle importante (API), aussi appelée « binge drinking », qui reste élevée chez les jeunes.

L’accessibilité légale de l’alcool (en vente libre à partir de 18 ans), sa présence dans les contextes festifs, culturels ou professionnels, et sa représentation sociale comme « produit de convivialité » rendent sa consommation socialement acceptée — voire valorisée — malgré ses effets délétères sur la santé.

L’addiction s’installe souvent de façon insidieuse

L’addiction à l’alcool ne se construit pas du jour au lendemain. Elle résulte souvent d’un enchaînement de comportements répétés, d’abord perçus comme anodins. Le recours à l’alcool pour « se détendre », « relâcher la pression », « se donner du courage », ou « oublier » est courant. Ce mécanisme peut à terme entraîner une accoutumance, puis une dépendance physique et psychique.

La dépendance se caractérise par la nécessité de consommer pour éviter le manque. La personne adapte ses habitudes de vie à la substance, abandonne progressivement ses centres d’intérêt, et consacre une part croissante de son temps et de son énergie à se procurer de l’alcool et à en consommer.


Alcool : quels sont les risques pour la santé ?

Des effets immédiats à ne pas négliger

L’alcool affecte rapidement le système nerveux central. En situation d’alcoolisation ponctuelle importante (API ou binge drinking), les effets peuvent être immédiats : altération du jugement, comportements impulsifs, agressivité, troubles de l’équilibre, perte de conscience.

Ces épisodes sont à l’origine de :

  • Traumatismes accidentels,
  • Violences intrafamiliales ou en milieu festif,
  • Accidents de la route,
  • Comas éthyliques, voire décès.

Des effets chroniques scientifiquement établis

La consommation régulière, même modérée, d’alcool est associée à de nombreuses pathologies :

  • Cancers : bouche, gorge, œsophage, foie, sein, colorectal. L’alcool est classé cancérogène avéré (groupe 1) par le CIRC (Centre international de recherche sur le cancer).
  • Maladies cardiovasculaires : infarctus du myocarde, AVC, hypertension.
  • Maladies digestives : cirrhose, hépatites alcooliques, pancréatites.
  • Troubles neurologiques et psychiatriques : anxiété, dépression, troubles cognitifs, épilepsie.
  • Syndrome d’alcoolisation fœtale (SAF) : chez la femme enceinte, l’alcool est toxique pour le fœtus. Le SAF est la première cause non génétique de handicap mental en France.

Pendant la grossesse, c’est zéro alcool.
L’alcool traverse le placenta et peut causer des dommages irréversibles au développement du fœtus. Aucun niveau de consommation n’est sûr pendant la grossesse.

Il n’existe aucun seuil de consommation sans risque pour la santé. Les risques peuvent survenir dès le premier verre.


Alcool : les conseils à suivre pour réduire les risques pour votre santé

Fixez-vous des limites claires

Définir un nombre de verres maximum par semaine permet de mieux contrôler sa consommation. Santé publique France recommande de ne pas dépasser 10 verres standards par semaine, avec au moins deux jours sans alcool consécutifs. 

Le « verre standard » contient 10 grammes d’alcool pur, soit :

  • 25 cl de bière à 5 %,
  • 10 cl de vin à 12 %,
  • 3 cl de whisky ou pastis à 40 %.

L’alcool, c’est maximum 2 verres par jour, et pas tous les jours.

Évitez de boire seul ou pour vous apaiser

Boire pour soulager l’angoisse, la solitude ou l’ennui peut révéler un début de dépendance. En cas de fragilité psychologique, il est conseillé de privilégier d’autres régulateurs émotionnels : activité physique, relaxation, soutien familial ou professionnel.


Consommation d’alcool : comment savoir où j’en suis ?

Vous vous interrogez sur votre consommation d’alcool ou celle d’un proche ? Vous souhaitez faire le point sur votre consommation d’alcool et évaluer les risques que vous prenez pour votre santé ?

Auto-évaluez votre consommation

Plusieurs outils fiables, accessibles en ligne, permettent de réaliser une première auto-évaluation :

  • Alcoomètre de Santé publique France : un outil simple et rapide pour estimer sa consommation hebdomadaire et situer son niveau de risque.
  • Test AUDIT d'Alcool Info Service : un questionnaire validé scientifiquement, utilisé par les professionnels de santé pour détecter les usages à risque, la consommation excessive ou les signes de dépendance.

Apprenez à identifier des signes qui peuvent vous alerter

Certaines évolutions dans votre comportement vis-à-vis de l’alcool peuvent indiquer un basculement vers une consommation problématique, voire une dépendance. Voici quelques signaux à prendre en compte :

  • Vous buvez plus souvent et en quantité croissante, sans en avoir pleinement conscience ;
  • Vous ressentez une envie irrépressible de boire, difficile à contenir, parfois dès le matin ;
  • Vous consommez de l’alcool même lorsque cela entraîne des conséquences négatives (conflits, fatigue, perte de concentration, difficultés au travail…) ;
  • Vous avez tenté de réduire ou d’arrêter votre consommation, sans y parvenir durablement ;
  • Vos centres d’intérêt s’estompent au profit des moments de consommation ;
  • Vous ressentez de l’irritabilité, des tremblements, de l’anxiété ou des troubles du sommeil en cas d’arrêt.

Ces signaux doivent vous alerter. Il est conseillé de vous tourner vers des professionnels pour obtenir de l'aide. Agir tôt peut vous permettre d'éviter des complications durables.


Alcool :  vers qui se tourner pour obtenir de l'aide ?

Parlez-en à un professionnel de santé qui pourra vous orienter vers une prise en charge adaptée (aide au sevrage)

Le médecin traitant reste le premier interlocuteur vers lequel se tourner en cas de besoin. Il peut proposer un repérage précoce, une évaluation clinique, et vous orienter vers un accompagnement adapté. Les pharmaciens d’officine peuvent également jouer un rôle d’alerte et d’orientation des personnes présentant un trouble de l’usage de l’alcool vers une prise en charge.

Lorsque l’arrêt de l’alcool nécessite un accompagnement médicalisé (aide au sevrage), un parcours de soins peut être mis en place dans les établissements de santé selon le niveau de complexité de la situation :

  • Niveau 1 : sevrage simple en service d’addictologie, adapté à des patients sans comorbidité lourde ;
  • Niveau 2 : sevrage complexe pour les patients nécessitant une surveillance médicale renforcée (troubles psychiatriques associés, risques de complications) ;
  • Équipes de liaison et de soins en addictologie (ELSA) : présentes dans plusieurs hôpitaux, elles assurent un repérage précoce et orientent vers une prise en charge adaptée ;
  • Structures de soins médicaux et de réadaptation (SMR) : elles proposent un accompagnement post-sevrage en vue de la réinsertion globale.

Ce parcours peut être initié à tout moment, sur orientation médicale, et adapté aux besoins de la personne. La continuité du suivi après le sevrage est essentielle pour prévenir les rechutes.

Consultez des structures spécialisées

En Auvergne-Rhône-Alpes, plusieurs dispositifs existent pour assurer le repérage, l’accompagnement et le suivi. Ces structures pluridisciplinaires proposent un accompagnement médical, psychologique et social. 

A noter que les CSAPA mettent en place également des "consultations jeunes consommateurs" (CJC) qui permettent une prise en charge des jeunes (12-25 ans) ainsi que de leur entourage. 

Contactez des groupes d'entraide

Les associations d’entraide présentes dans la région proposent également une aide et un accompagnement des personnes ayant des difficultés ou des conduites addictives avec l’alcool mais aussi les autres produits (tabac, cannabis, substances illicites…). Cet accompagnement gratuit et anonyme peut prendre la forme de groupes de paroles. Il s’agit principalement des associations suivantes :

La CAMERUP recense également par département les différentes structures d’entraide présentes en Auvergne-Rhône-Alpes.  

Alcool-info-service.fr

Santé publique France propose un dispositif national d’aide et d’écoute à distance en matière d’alcool et de dépendance En complément, Alcool info service met à disposition une ligne téléphonique anonyme qui offre un espace d’écoute bienveillant, d’information, de conseil et d’orientation :  0 980 980 930 (appel non surtaxé, ouvert 7 jours sur 7 de 8h à 2h).