Une nouvelle campagne d'immunisation pour poursuivre les impacts positifs observés l'an passé
La bronchiolite touche en moyenne chaque hiver près de 30 % des nourrissons de moins de 2 ans, soit environ 480 000 cas par an. Si la bronchiolite est fréquente et le plus souvent bénigne, elle peut, dans certains cas, et plus particulièrement pour les nourrissons de moins de deux mois, entraîner des complications sévères et conduire à une hospitalisation.
Après une saison épidémique 2022/2023 de forte intensité ayant conduit au passage aux urgences de plus de 10 000 enfants de moins de 2 ans (3500 hospitalisations) en Auvergne-Rhône-Alpes, la campagne d'immunisation lancée fin septembre 2023 visait à apporter une réponse préventive adaptée face aux enjeux sanitaires.
En effet, il s'agissait de protéger les nouveau-nés et nourrissons des risques d'infection au virus respiratoire syncytial (VRS) responsable de plus de 80% des cas de bronchiolite en facilitant l'accès aux traitements préventifs par anticorps monoclonaux, et ce, dès la maternité.
Menée de septembre 2023 à février 2024, les études menées par Santé publique France et l'Institut Pasteur estiment que cette campagne a permis d'éviter 5 800 hospitalisations pour bronchiolite après passage aux urgences en France soit 23% de réduction par rapport à la précédente saison épidémique. En Auvergne-Rhône-Alpes, la saison épidémique 2023/2024 aussi été moins forte que celle 2022/2023, potentiellement en lien avec cette campagne de prévention.
Forte de ces premiers résultats encourageants, une nouvelle campagne d'immunisation est lancée pour la saison 2024/2025 pour poursuivre les avancées réalisées l'année passée.
La stratégie préventive retenue pour la saison 2024-2025
Alors que la campagne d'immunisation organisée en 2023-2024 avait vu la mise en place d'un nouveau traitement par injection pour les nouveau-nés (Beyfortus), la stratégie préventive retenue pour la saison 2024-2025 prévoit désormais de cibler également les femmes enceintes en complément.
Un nouveau vaccin (Abrysvo) est désormais proposé aux femmes enceintes éligibles à la vaccination durant leur 8ème mois de grossesse lors de la campagne d'immunisation qui se déroulera de septembre 2024 à janvier 2025. Ce nouveau dispositif permet de protéger de manière passive les nouveau-nés dès leur naissance et jusqu'au au 6 mois grâce au transfert d’anticorps maternels et offre une solution complémentaire permettant aux parents de choisir une stratégie qui ne nécessite pas d'injection à leur nouveau-né.
Les premières études (étude Matisse) menées sur le vaccin Abrysvo évaluent une réduction des risques d'infections respiratoires sévères liées au VRS de 81,8 % à 3 mois et de 69,4 % à 6 mois pour les nouveau-nés.
Ce vaccin offre donc une nouvelle perspective dans la stratégie de préventive en complément des deux traitements par anticorps monoclonaux proposés antérieurement.
La Haute autorité de santé (HAS) n’exprime aucune préférence entre les deux stratégies « vaccination maternelle avec Abrysvo » et « immunisation des nourrissons par l’anticorps monoclonal nirsevimab (Beyfortus) » dans le cadre de cette nouvelle campagne d'immunisation.
La HAS préconise de privilégier l’injection du Beyfortus à la vaccination des femmes enceintes dans trois situations lorsque :
- la vaccination ne sera probablement pas efficace pour protéger le nouveau-né (nouveau-nés prématurés, intervalle de moins de 14 jours entre la vaccination de la mère et la naissance de l'enfant) ;
- la future mère a été précédemment vaccinée et qu'il s'agit d'une nouvelle grossesse (absence de données disponibles sur la sécurité et l’efficacité d’une dose additionnelle de vaccin) ;
- la future mère est immunodéprimée (absence de données d’efficacité et d’immunogénicité du vaccin dans cette population).
Pour mener à bien cette campagne d'immunisation, le dispositif s'appuie à nouveau sur les professionnels de ville (médecins, infirmiers, pharmaciens et sages-femmes) pour la vaccination des femmes enceintes et des nourrissons mais également sur les établissements de santé invités à vacciner tous les nouveau-nés à partir du 15 septembre 2024.
Les professionnels de santé de ville sont également invités à réaliser des rattrapages sur les nourrissons nés après le 1er janvier 2024 qui n'auraient pas reçu de dose avant le potentiel pic épidémique de novembre prochain. L'Agence régionale de santé (ARS) Auvergne-Rhône-Alpes détaille pour cela les informations utiles à la mise en place de la campagne de prévention de la bronchiolite à destination des professionnels et établissements de santé de la région.
Pour cette nouvelle campagne, 600 000 doses de Beyfortus sont prévues pour couvrir les besoins formulés et lutter contre la bronchiolite, soit plus du double de l'an passé .
Des traitements qui ne doivent pas faire oublier les bons réflexes à avoir au contact des nourrissons
Les traitements préventifs contre la bronchiolite offrent notamment un moyen de protection contre les formes sévères de la maladie. Pour freiner efficacement la circulation du virus, une action combinée, associant traitement préventif et gestes barrières, est toutefois nécessaire. Durant la saison épidémique, les familles et proches au contact de nouveau-nés sont invités à appliquer des mesures de protection pour limiter les risques de transmission à ces publics fragiles, particulièrement exposés aux microbes circulant notamment l'hiver.
Pour rappel, les traitements contre la bronchiolite n'offrent pas de protection contre les autres virus et bactéries en circulation (rougeole, coqueluche, grippe, Covid-19).