Coqueluche : diagnostic, traitement et vaccination

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Nourrisson malade coqueluche

Depuis début 2024, la France connaît une recrudescence des signalements de cas de coqueluche. Vous trouverez sur cette page les informations et recommandations pour la prise en charge des patients, que ce soit pour poser un diagnostic, signaler des cas groupés et appliquer les mesures de prévention.

Coqueluche : comment la diagnostiquer ?

Identifier les symptômes de la coqueluche

La coqueluche se manifeste par une toux sans fièvre. Chez les nourrissons ou les personnes non immunisées, la toux est assez caractéristique avec généralement des quintes typiques insomniantes et émétisantes avec une reprise bruyante de l'inspiration, appelée le chant du coq. Chez les personnes immunisées, elle prend parfois, la forme d’une toux banale de plus de 7 jours sans cause évidente retrouvée.

La coqueluche peut entraîner des complications graves :

  • coqueluche maligne du nourrisson (< 3 mois), 
  • formes neurologiques chez les bébés (< 12 mois), 
  • chez les personnes fragiles.

Le malade est contagieux dès l’apparition de la toux et les 21 jours suivants, en l’absence de traitement.

Confirmer le diagnostic par un examen biologique

Pour confirmer qu'il s'agit bien de la coqueluche, une analyse PCR (sur prélèvement naso-pharyngé) doit être réalisée dès la suspicion clinique et au plus tard jusqu'à 21 jours après le début de la toux (examen remboursé selon certains critères).

Elle est recommandée dans les situations suivantes :

  • Nouveau nés et nourrissons de moins de 6 mois ou de plus de 6 mois non ou incomplètement vaccinés avec une toux quinteuse ou associée à des apnées.
  • Enfants, adolescents et adultes vaccinés présentant une toux supérieure à 7 jours sans cause évidente (y compris si le rappel vaccinal date de moins de 5 ans). Le remboursement de la Cpam sera possible que si le vaccin date de plus de 3 ans (Il ne sera pas possible si le vaccin date de moins de 3 ans)
  • La PCR n'est pas indiquée chez des personnes asymptomatiques contacts d'un cas
  • En période épidémique ou de tension sur les laboratoires, on peut ne pas réaliser de PCR chez une personne avec clinique évocatrice elle-même contact d’un cas confirmé microbiologiquement
  • Lors de la survenue de cas groupés dans une collectivité (Ehpad, services hospitaliers), il ne faut tester que les 3 premiers cas et considérer les autres personnes symptomatiques comme des malades

La culture (sur prélèvement naso-pharyngé), réalisée uniquement par certains laboratoires hospitaliers et le Centre national de référence (CNR), sert à surveiller l'évolution des souches et l’apparition de souches résistantes aux macrolides. Cet examen est possible jusqu'au 14e jour de toux (examen remboursé).

Il est à noter que la sérologie, sans apport pour le diagnostic n'est plus remboursée par l'Assurance maladie.

Porter une attention particulière sur les personnes vulnérables

La coqueluche peut être particulièrement grave pour les personnes vulnérables qui se répartissent en deux groupes distincts relevant de recommandations particulières lorsqu’elles sont contact d’un cas :

  • Les personnes à haut risque de forme grave à savoir les nourrissons de moins de 6 mois quel que soit leurs antécédents de vaccination coqueluche pré et post-nataux et ceux de 6 à 11 mois dont la seconde dose de vaccination a été réalisée depuis moins de 14 jours.
  • Les personnes à risque de forme grave :
    • les personnes âgées de plus de 80 ans
    • les personnes immunodéprimées,
    • les personnes atteintes de maladies respiratoires chroniques : mucoviscidose, asthme mal contrôlé, bronchite chronique, etc.
    • les personnes en situation d'obésité.

Les femmes enceintes sont à prendre en charge selon les mêmes critères que les personnes à risque ci-dessus en cas de contact avec un malade de la coqueluche durant le 3ème trimestre de grossesse pour leur éviter de transmettre la coqueluche à leur nouveau-né en la déclenchant juste après leur accouchement.


Coqueluche : que faire en cas de diagnostic ?

Recommandations pour le malade

Afin d'éviter toute transmission, il est préconisé d'instaurer, avant le 21e jour de toux :

  • une antibiothérapie curative : en première intention les macrolides et en 2e intention le Cotrimoxazole. A noter que cette antibiothérapie a une action sur la contagiosité mais peu sur la symptomatologie
  • une éviction de toute collectivité (y compris dans l’attente du résultat du test) pendant 3 à 5 jours selon l’antibiotique prescrit (et 3 semaines en cas d'absence de traitement).

Antibiotiques recommandés pour traiter une coqueluche

  Enfant Adulte Femme enceinte Durée de l'éviction
Azithromycine 20 mg/kg/jour en une prise par jour (sans dépasser 500 mg/jour), pendant 3 jours

500 mg/jour en une prise par jour, pendant 3 jours

Même dosage que pour l'adulte, quelque soit le terme

3 jours

Clarithromycine

15 mg/kg/j en 2 prises (maximum 500 mg 2 fois par jour) pendant 7 jours 500 à 1000 mg/jour en 2 prises pendant 7 jours Même dosage que pour l'adulte, quelque soit le terme 5 jours

Cotrimoxazole

(sulfaméthoxazole + triméthoprime)
6 mg/kg/jour de triméthoprime en 2 prises pendant 14 jours 320 mg/jour de triméthoprime en 2 prises pendant 14 jours envisageable au cours de la grossesse en associant une supplémentation en acide folique 5 jours

Recommandations pour l'entourage : contacts proches et contacts occasionnels

Lors d’un diagnostic de coqueluche, il faut également :

Évaluer la protection des personnes considérées comme contacts

Le contact peut être de 3 types différents :

  • Les personnes considérées comme contacts domiciliaires, comme par exemple :
    • les personnes vivant sous le même toit : famille, colocataire, chambrée d'internat, etc.,
    • tous les enfants et personnels d'une section en crèche ou halte-garderie,
    • tous les enfants et personnes exposées au domicile des assistantes maternelles ou au sein de crèches familiales,
    • les personnes très proches du malade (ex. flirt).
  • Les personnes considérées comme contacts extra domiciliaires : toutes celles ayant eu un contact avec le cas en milieu clos pendant plus d'une heure en cumulé et sans masque (sans notion de distance ) par exemple,
    • en milieu scolaire : enfants et adultes partageant la même classe ;
    • en milieu professionnel : personnes partageant le même bureau ou travaillant dans la même équipe ;
    • amis et personnes partageant plusieurs fois par semaine les mêmes activités ;
  • Les soins exposant fortement aux sécrétions respiratoires ( intubation / kinésithérapie respiratoire…) réalisés sans masque à un patient atteint de la coqueluche : sans notion de durée

La coqueluche n'est pas une maladie à déclaration obligatoire.
Seuls les cas groupés de coqueluche au sein de collectivités (crèches, établissements scolaires, etc.) ou les cas isolés survenant dans des collectivités à risque (crèche, services maternité….) ou chez des personnes éloignées du système de soins  doivent être signalés à l'ARS.

Retrouvez les différents moyens pour signaler des cas de coqueluche à l'ARS Auvergne-Rhône-Alpes.

Il faut prescrire une antibioprophylaxie, identique à la curative, aux contacts identifiés selon les modalités ci-dessous :

  • Dans les 21 jours qui suivent le contact à risque à tous les nourrissons dit à « haut risque » ;
  • Dans les 14 jours après le contact à risque et si le contact n’est pas protégé contre la coqueluche par un vaccin datant de plus d'une semaine et de 5 ans maximum ou par une de coqueluche survenue dans les 10 ans précédents :
    • Aux personnes à risque.
    • Aux femmes enceintes au 3ème trimestre de grossesse.
    • Aux personnes ayant des contacts avec des bébés à Haut risque et qui ne peuvent pas porter le masque en permanence en leur présence.

Demander au malade d’informer le plus rapidement possible son entourage 

Le malade doit également informer son cercle familial, social et professionnel (médecine du travail) et les collectivités fréquentées (crèche, école).

Ces contacts doivent consulter un médecin pour :

  • vérifier leur vaccination et la mettre à jour le cas échéant ;
  • évaluer la nécessité d’un traitement préventif 
  • ou évaluer la nécessité d'un traitement curatif, en cas d'apparition de toux dans les 21 jours après le dernier contact.

Coqueluche : vérifier le statut vaccinal des patients

La meilleure prévention contre la coqueluche est la vaccination. Aussi, nous vous recommandons de vérifier le statut vaccinal de vos patients à chaque consultation.

Primo-vaccination et stratégie de cocooning

Pour rappel, la vaccination contre la coqueluche repose sur trois stratégies :

  1. La vaccination précoce et obligatoire des nourrissons : la vaccination contre la coqueluche est obligatoire pour les nourrissons nés depuis le 1er janvier 2018. Pour un schéma vaccinal complet, il faut 3 doses : une première injection à 2 mois, une autre à 4 mois, puis à 11 mois.
  2. La vaccination des femmes enceintes dès le 2nd trimestre de grossesse : cette vaccination doit être réalisée à chaque grossesse.
  3. En l’absence de vaccination de la mère en cours de grossesse, la vaccination est recommandée aux personnes susceptibles d’être en contact étroit avec le nourrisson durant les six premiers mois de sa vie (stratégie de cocooning) : parents, grands-parents, assistante maternelle, etc. (hors période de recrudescence de circulation de la maladie).

Des fiches info et des vidéos ont été réalisées à destination des patientes et des professionnels de santé. Téléchargez-les ci-dessous et consultez l'article Grossesse et vaccination dédié (médicaments, vaccination et stratégie cocooning).

Vaccination pour les personnes en contact avec des sujets à risque dans le cadre professionnel ou privé

Du fait de la recrudescence actuelle de la coqueluche, des recommandations spécifiques sont parues pour les personnes dont le dernier rappel date de plus de 5 ans (et en l’absence de coqueluche maladie dans les 10 ans précédents) parmi les publics suivants :

  • La vaccination est particulièrement recommandée pour :
    • L’entourage proche des nourrissons < 6 mois (même en cas de vaccination de la maman pendant la grossesse)
    • Les personnes travaillant en lien étroit avec des nourrissons de moins de 6 mois : personnels dans les maternités, services de néonatalogie ou de pédiatrie,
    • Les professionnels de la petite enfance, dont les assistants maternels,
    • Les personnes effectuant régulièrement des baby-sittings.
  • La vaccination est également possible pour les professionnels qui le souhaitent même s’ils ne sont pas en contact avec des enfants de moins de 6 mois et en l’absence de coqueluche dans les 10 dernières années  :
    • Les professionnels soignants, dans leur ensemble y compris dans les EHPAD,
    • Les étudiants des filières médicales et paramédicales.

Il n’y a pas lieu de revacciner les personnes éligibles à la vaccination moins de 10 ans après une coqueluche documentée. 

La vaccination n’a aucune efficacité pour éviter le déclenchement de la maladie en post-exposition.

Vous trouverez tous les détails liés à la vaccination contre la coqueluche dans le calendrier vaccinal 2024.