Coqueluche : diagnostic, traitement et vaccination

Article
Nourrisson malade coqueluche

Depuis début 2024, la France connaît une recrudescence des signalements de cas de coqueluche. Vous trouverez sur cette page les informations et recommandations pour la prise en charge des patients, que ce soit pour poser un diagnostic, signaler des cas groupés et appliquer les mesures de prévention.

Coqueluche : comment la diagnostiquer ?

Identifier les symptômes de la coqueluche

La coqueluche se manifeste par une toux sans fièvre : généralement des quintes typiques et insomniantes ; parfois, une toux banale de plus de 7 jours. Il s'agit d'une toux assez caractéristique. En fin de quinte, le malade doit reprendre sa respiration : lorsqu'il inspire, il émet un son aigu, appelé le chant du coq.

Cette toux peut entraîner des difficultés respiratoires.

    D’autres signes peuvent apparaître comme :

    • le visage bouffi, rouge ou bleuté,
    • des vomissements surtout après la quinte de toux,
    • des sortes de petites étoiles rouges, appelées pétéchies, provenant d’éclatements de petits vaisseaux lors de la toux.

    Le malade est contagieux dès l’apparition de la toux et les 21 jours suivants, en l’absence de traitement.

    Confirmer le diagnostic par un examen biologique

    Pour confirmer qu'il s'agit bien de la coqueluche, une analyse PCR (sur prélèvement naso-pharyngé) doit être réalisée dès la suspicion clinique et au plus tard jusqu'à 21 jours après le début de la toux (examen remboursé).

    Un test de culture (sur prélèvement naso-pharyngé) peut être réalisé par certains laboratoires hospitaliers et le Centre national de référence (CNR), notamment afin de surveiller l'évolution des souches. Cet examen est possible jusqu'au 14e jour de toux (examen remboursé).

    Il est à noter que la sérologie, difficilement interprétable, n'est plus remboursé par l'Assurance maladie.

    Porter une attention particulière sur les personnes vulnérables

    La coqueluche peut être particulièrement grave pour les personnes vulnérables telles que :

    • les nourrissons qui ne sont pas encore vaccinés,
    • les femmes enceintes,
    • les personnes âgées,
    • les personnes immunodéprimées,
    • les personnes atteintes de maladies respiratoires chroniques : mucoviscidose, asthme mal contrôlé, bronchite chronique, etc.
    • les personnes en situation d'obésité.

    Coqueluche : que faire en cas de diagnostic ?

    Recommandations pour le malade

    Afin d'éviter toute transmission, il est préconisé d'instaurer, avant le 21e jour de toux :

    • une antibiothérapie curative : en première intention les macrolides et en 2e intention le Cotrimoxazole
    • une éviction de toute collectivité (y compris dans l’attente du résultat du test) pendant 3 à 5 jours selon l’antibiotique prescrit (et 3 semaines en cas d'absence de traitement).

    Antibiotiques recommandés pour traiter une coqueluche

      Enfant Adulte Femme enceinte Durée de l'éviction
    Azithromycine 20 mg/kg/jour en une prise par jour (sans dépasser 500 mg/jour), pendant 3 jours

    500 mg/jour en une prise par jour, pendant 3 jours

    Même dosage que pour l'adulte, quelque soit le terme

    3 jours

    Clarithromycine

    15 mg/kg/j en 2 prises (maximum 500 mg 2 fois par jour) pendant 7 jours 500 à 1000 mg/jour en 2 prises pendant 7 jours Même dosage que pour l'adulte, quelque soit le terme 5 jours

    Cotrimoxazole

    (sulfaméthoxazole + triméthoprime)

    6 mg/kg/jour de triméthoprime en 2 prises pendant 14 jours 320 mg/jour de triméthoprime en 2 prises pendant 14 jours envisageable au cours de la grossesse en associant une supplémentation en acide folique 5 jours

    Recommandations pour l'entourage : contacts proches et contacts occasionnels

    Face à une suspicion de coqueluche, il faut également :

    1. Évaluer la protection des personnes considérées comme contacts proches

    Les personnes considérées comme contact proche d'un malade de la coqueluche sont :

    • les personnes vivant sous le même toit : famille, colocataire, chambrée d'internat, etc.,
    • tous les enfants et personnels d'une section en crèche ou halte-garderie,
    • tous les enfants et personnes exposées au domicile des assistantes maternelles ou au sein de crèches familiales,
    • les personnes très proches du malade (ex. flirt).

    La coqueluche n'est pas une maladie à déclaration obligatoire.
    Seuls les cas groupés de coqueluche au sein de collectivités (crèches, établissements scolaires, etc.) doivent être signalés à l'ARS.

    Retrouvez les différents moyens pour signaler des cas de coqueluche à l'ARS Auvergne-Rhône-Alpes en cliquant ici.

    Si ces "contacts proches" ne sont pas protégés contre la coqueluche, il faut leur prescrire une antibioprophylaxie, identique à la curative. Les personnes considérées comme non-protégées par la vaccination contre la coqueluche en cas de contact proche sont :

    • les nourrissons de moins de 11 mois n’ayant pas encore reçu 2 doses de vaccin ;
    • les enfants de plus de 11 mois non à jour de leur vaccination ;
    • les personnes dont le dernier rappel remonte à plus de 5 ans.

    2. Demander au malade d’informer le plus rapidement possible son entourage 

    Le malade doit également informer son cercle familial, social et professionnel (médecine du travail) et les collectivités fréquentées (crèche, école) et notamment identifier les contacts "occasionnels".

    Il s'agit des personnes ayant eu un contact avec le malade en face à face à moins d'un mètre sans notion de durée ou un contact de plus d'une heure :

    • en milieu scolaire : enfants et adultes partageant la même classe ;
    • en milieu professionnel : personnes partageant le même bureau ou travaillant dans la même équipe ;
    • amis et personnes partageant plusieurs fois par semaine les mêmes activités ;
    • en établissement de santé et EHPAD : toutes les personnes ayant reçu des soins d’un membre du personnel atteint, ainsi que ses collègues ayant des contacts face à face ou prolongés avec lui ; et tous les personnels de soin et tous les patients exposés à un patient ayant la coqueluche pendant sa phase contagieuse.

    Ces contacts occasionnels doivent consulter un médecin pour :

    • vérifier leur vaccination et la mettre à jour le cas échéant ;
    • évaluer la nécessité d’un traitement préventifune antibioprophylaxie est en effet recommandée pour les contacts occasionnels s’ils sont non protégés par la vaccination et personnes à risque ;
    • ou évaluer la nécessité d'un traitement curatif, en cas d'apparition de toux dans les 21 jours après le dernier contact.

    Coqueluche : vérifier le statut vaccinal des patients

    La meilleure prévention contre la coqueluche est la vaccination. Aussi, nous vous recommandons de vérifier le statut vaccinal de vos patients à chaque consultation.

    Primo-vaccination et stratégie de cocooning

    Pour rappel, la vaccination contre la coqueluche repose sur trois stratégies :

    1. La vaccination précoce et obligatoire des nourrissons : la vaccination contre la coqueluche est obligatoire pour les nourrissons nés depuis le 1er janvier 2018. Pour un schéma vaccinal complet, il faut 3 doses : une première injection à 2 mois, une autre à 4 mois, puis à 11 mois.
    2. La vaccination des femmes enceintes dès le 2nd trimestre de grossesse : cette vaccination doit être réalisée à chaque grossesse.
    3. En l’absence de vaccination de la mère en cours de grossesse, la vaccination est recommandée aux personnes susceptibles d’être en contact étroit avec le nourrisson durant les six premiers mois de sa vie (stratégie de cocooning) : parents, grands-parents, assistante maternelle, etc.

    Des fiches info et des vidéos ont été réalisées à destination des patientes et des professionnels de santé. Téléchargez-les ci-dessous et consultez l'article Grossesse et vaccination dédié (médicaments, vaccination et stratégie cocooning).

    Vaccination pour les adultes, notamment les plus exposés

    La transmission se faisant notamment par les adultes, la vaccination est particulièrement recommandée pour les personnes dont le dernier rappel date de plus de 5 ans parmi les publics suivants :

    • Les personnes travaillant en lien étroit avec des nourrissons de moins de 6 mois : personnels dans les maternités, services de néonatalogie ou de pédiatrie,
    • Les professionnels de santé,
    • Les professionnels soignants, dans leur ensemble y compris dans les EHPAD,
    • Les professionnels de la petite enfance, dont les assistants maternels,
    • Les personnes effectuant régulièrement des baby-sittings.
    • Les étudiants des filières médicales et paramédicales,

    Il n’y a pas lieu de revacciner les personnes éligibles à la vaccination moins de 10 ans après une coqueluche documentée. 

    La vaccination post-exposition n’a aucune efficacité pour la prévention de la coqueluche chez une personne déjà contaminée.

    Des rappels tout au long de la vie

    Si le vaccin contre la coqueluche est efficace les premières années, l’immunité a tendance à s’atténuer au bout de 5 ans. C’est pourquoi il est recommandé de réaliser des rappels de vaccin :

    • à l'âge de 6 ans, puis entre 11 et 13 ans,
    • à 25 ans puis tous les 20 ans,
    • tous les 10 ans à partir de 65 ans.

    Vous trouverez tous les détails liés à la vaccination contre la coqueluche dans le calendrier vaccinal 2024.