Ambroisie : ce qu’il faut savoir
L'ambroisie est une plante invasive de la famille des Astéracées, originaire d'Amérique du Nord. Elle s'est propagée dans de nombreuses régions du monde, notamment en Europe, à travers le commerce de graines et les déplacements humains. En France, l'Auvergne-Rhône-Alpes est la région la plus touchée par cette espèce invasive.
L'ambroisie pousse principalement dans les terrains vagues, les bords de route, les chantiers, et les champs agricoles. Dans la région, 75% des signalements sont réalisés pour de l'ambroisie dans les parcelles agricoles et sur les bords de route
Chaque année, entre le mois de juillet et le début de l’automne, la floraison de l’ambroisie entraîne une recrudescence des symptômes allergiques chez des milliers de personnes. On estime que plus de 20 % de la population est exposée aux pollens d’ambroisie dans la région. Ces plantes produisent d'énormes quantités de pollen particulièrement allergène. Chaque plant d’ambroisie peut contenir en période de pollinisation plusieurs dizaines à centaines de millions de grains de pollen.
La progression de l’ambroisie est aujourd’hui facilitée par le réchauffement climatique. Des hivers plus doux, des printemps précoces et des étés prolongés offrent à la plante des conditions idéales pour se développer plus tôt, plus longtemps et dans davantage de zones. On observe ainsi une extension progressive de sa période de pollinisation mais aussi une intensification de la production de pollen et de son potentiel allergisant, qui devient donc plus abondant et plus allergène. Le potentiel allergène des pollens peut de surcroit être encore accentué lors des phénomènes orageux. Son impact sanitaire est ainsi en forte croissance.
Outre son effet sur la santé humaine, l’ambroisie est aussi une plante nuisible pour l’agriculture. Très compétitive, elle peut coloniser les cultures, concurrencer les plantes utiles et réduire les rendements agricoles notamment.
Bien que l’on parle souvent de "l’ambroisie" au singulier, il existe en réalité plusieurs espèces d’ambroisies présentes sur le territoire. Toutes sont allergisantes, certaines sont plus répandues ou plus envahissantes que d'autres. Il est donc important de les distinguer pour intervenir au bon moment, en particulier avant qu’elles n’atteignent le stade de floraison, lorsque le pollen commence à se diffuser.
Comment reconnaître les différentes variétés d'ambroisie ?
Parmi les nombreuses espèces du genre Ambrosia, trois sont particulièrement présentes en France et en Europe.
C’est de loin l’espèce la plus répandue en France, notamment en région Auvergne-Rhône-Alpes. Elle s’installe facilement sur les sols nus, les chantiers, les friches, les bords de routes ou les terres agricoles peu entretenues.
Elle est facilement reconnaissable grâce ses feuilles larges, minces, très découpées, verte, très similaires à celles de l’armoise (d’où son nom). Sa tige est rougeâtre et poilue et peut atteindre 1,5 mètre de hauteur. Cette espèce forme des petites fleurs regroupées en long épi verdâtre à jaune à son sommet.
La plante commence à germer dès le mois d’avril, lorsque les températures dépassent les 10 °C. Elle grandit rapidement entre mai et juin, atteignant parfois plus d’un mètre de haut. Sa floraison démarre fin juillet et peut se poursuivre jusqu’à fin octobre, avec un pic de pollen entre août et septembre. C’est cette espèce qui provoque la grande majorité des allergies observées chaque été.
Très peu fréquente dans notre région mais impressionnante par sa taille, l’ambroisie trifide peut atteindre jusqu’à 4 mètres de haut et ses feuilles peuvent mesurer entre 4 et 15 cm. On la trouve surtout dans certaines zones humides ou en bordure de champs ou terrains agricoles, notamment dans le sud-est de la France (Occitanie).
Elle est néanmoins présente dans le département de l’Ain où un plan d’éradication a été proposé conjointement par l’Agence régionale de santé (ARS) Auvergne-Rhône-Alpes, la DRAAF et le Conseil départemental.
La pousse commence plus tardivement, généralement à partir de mai, avec un développement végétatif rapide en juin et juillet. Sa floraison est plus tardive que celle de l’ambroisie à feuilles d’armoise : elle commence en août et se prolonge jusqu’en octobre.
Cette espèce, moins visible, est vivace : elle ne germe pas chaque année comme les autres, mais repousse depuis ses racines souterraines dès le printemps. Elle se développe en colonies, souvent sur des terrains secs, sablonneux, en bordure de routes, de voies ferrées ou sur des talus. Elle est très répandue dans le sud du Gard, de l'Hérault et de la région Paca.
Elle mesure jusqu’à un mètre de haut, ses feuilles de couleur gris-vert font de 2 à 6 cm. Aux extrémités des tiges on y trouve des petites fleurs verdâtres en long épi attaché à la tige de la plante par une petite tige appelé pétiole.
La repousse commence généralement dès le mois de mai, avec une croissance régulière. La floraison débute en juillet et se poursuit jusqu’en septembre.
Ambroisie : quels sont les risques pour la santé ?
Le principal risque lié à l'ambroisie est de nature allergique. La plante produit une grande quantité de pollen, particulièrement allergisant, qui se propage facilement dans l'air. Ce pollen est responsable de l'allergie au pollen d'ambroisie, qui touche des millions de personnes.
Tout le monde peut devenir allergique à l'ambroisie à n'importe quel âge de sa vie dès lors qu'il est fréquemment en présence de son pollen.
Le pollen d’ambroisie est l’un des allergènes les plus puissants parmi tous les pollens. Une exposition, même brève et à faible concentration, peut entraîner au fil du temps des réactions allergiques sévères.
Les symptômes sont fréquents chez les personnes sensibilisées, avec une rhinite allergique quasi constante, souvent associée à une conjonctivite (yeux rouges, larmoyants, démangeaisons), une toux sèche et des gênes respiratoires, notamment chez les personnes asthmatiques. . La fatigue est constante due à une congestion nasale quasi permanente et un sommeil de très mauvaise qualité elle entraîne de mauvaises performances à l’école, au travail et à la maison.
Mais l'impact de l’ambroisie sur la santé ne se limite pas à une gêne ponctuelle pendant la floraison. En l’absence de traitement adapté, les réactions allergiques peuvent s’intensifier au fil des saisons et évoluer vers :
- Un état inflammatoire chronique des muqueuses respiratoires ;
- Une hyperréactivité aux polluants atmosphériques (ozone, particules fines) présents dans l’air extérieur ou intérieur ;
- La révélation d’autres allergies croisées (par exemple, avec le tournesol, la camomille) ;
- Une diminution des défenses immunitaires au niveau des voies respiratoires pouvant déboucher sur des maladies virales ou bactériennes (grippe, etc) ;
- L’apparition ou l’aggravation d’un asthme : d’abord saisonnier, il peut devenir persistant et chronique pouvant amener à une hospitalisation, avec des atteintes irréversibles des voies respiratoires si non pris en charge.
La prise en charge précoce et un suivi médical adapté sont donc essentiels pour éviter cette aggravation progressive des troubles allergiques.
Ambroisie : conseils à appliquer pour se protéger de leurs pollens
Pour limiter les risques d’allergie ou atténuer les symptômes pendant la saison pollinique de l’ambroisie (de début août à fin septembre en moyenne), plusieurs gestes simples et efficaces peuvent être adoptés au quotidien.
Eviter de s’exposer aux pollens en période de pic pollinique
Il est essentiel de suivre différents conseils pour se protéger pendant les pics de pollens : éviter de faire sécher le linge à l’extérieur, porter des lunettes et un masque de protection lors de promenades ou de travaux de jardinage, limiter une sur-exposition au pollen pendant les activités extérieures etc.
Anticiper et préparer son organisme à lutter à la prochaine saison allergique
Même si les gestes du quotidien permettent de limiter l’exposition aux pollens d’ambroisie, ils ne suffisent pas toujours à éviter les symptômes allergiques. Pour mieux vivre les prochaines saisons, il est essentiel d’anticiper. Une prise en charge médicale en dehors de la période de pollinisation permet d’agir en amont, de réduire les réactions allergiques et d’éviter qu’elles ne s’aggravent.
Consulter un allergologue en dehors de la période pollinique
Si vous ressentez des symptômes tels que des éternuements répétés, une congestion nasale, une conjonctivite, une toux sèche ou un essoufflement à la fin de l’été, il est conseillé de consulter un allergologue, en dehors de la période de pollinisation (idéalement entre novembre et mars).
Cette consultation permet :
- D’identifier précisément les pollens responsables (notamment celui de l’ambroisie) par des tests cutanés ou sanguins ;
- De poser un diagnostic clair (allergie saisonnière ou début d’asthme allergique) ;
- De construire un plan de prise en charge adapté à votre profil, vos symptômes et votre niveau d’exposition.
Un suivi régulier avec un spécialiste est particulièrement recommandé si :
- Vous êtes asthmatique ;
- Vous avez des symptômes qui persistent d’année en année ;
- Vous présentez plusieurs types d’allergies.
Envisager un traitement préventif avant la saison
Si votre allergie à l’ambroisie est déjà connue, votre médecin ou allergologue peut vous prescrire un traitement de fond, à débuter quelques semaines avant la période de pollinisation.
Ce traitement préventif vise à :
- Réduire l’intensité des symptômes dès l’exposition au pollen ;
- Limiter les complications, notamment l’asthme ou les crises sévères ;
- Réduire le recours aux traitements d’urgence pendant la saison.
Il peut s’agir d’antihistaminiques, de corticoïdes locaux (spray nasal ou collyres) ou de traitements spécifiques en fonction de votre profil allergique. Ces médicaments ne « guérissent » pas l’allergie mais stabilisent la réaction de l’organisme face au pollen.
Envisager une désensibilisation ou immunothérapie allergénique (ITA)
Si vos symptômes sont importants ou persistent d’une année sur l’autre malgré les traitements symptomatiques, l’allergologue pourra vous proposer une immunothérapie allergénique (ITA), aussi appelée « désensibilisation ».
Ce traitement agit en profondeur : il ne se contente pas de soulager les symptômes, mais modifie la réponse du système immunitaire face à l’allergène (ici, le pollen d’ambroisie).
Ce qu’il faut savoir sur la désensibilisation à l’ambroisie
L’immunothérapie est généralement proposée à partir de l’âge de 5 ans, et adaptée à chaque patient.
Elle se fait le plus souvent par voie sublinguale (gouttes ou comprimés à faire fondre sous la langue) à domicile, sur une durée moyenne de 3 ans.
Elle peut permettre :
- De réduire fortement voire faire disparaître les symptômes à long terme ;
- De diminuer la prise de médicaments symptomatiques ;
- De prévenir l’évolution vers un asthme chronique ;
- D’éviter l’apparition de nouvelles allergies.
L’adhésion au traitement est essentielle : l’efficacité repose sur une bonne observance (prise régulière du traitement) et un suivi avec le spécialiste. Un dialogue ouvert avec votre allergologue permettra d’évaluer les bénéfices, les contraintes et les résultats attendus.
Ambroisie : les bons réflexes pour se débarrasser de ce plante
Face à l’ambroisie, la meilleure stratégie reste la prévention et l’intervention le plus en amont possible, avant que la plante ne produise du pollen. La lutte repose principalement sur la mobilisation collective, car chacun – particuliers, collectivités, agriculteurs, gestionnaires d’espaces publics – peut agir à son niveau pour limiter sa propagation.
Prévenir l’apparition de l’ambroisie
Il faut avant tout empêcher l'apparition de l'ambroisie, qui est très invasive. Pour éviter la dispersion des graines, réduire les stocks de graines dans les sols et empêcher au final la pousse de cette plante, il est conseillé de :
Mettre en place un couvert végétal sur les terrains nus ou en friche. Par exemple en déposant du broyat autour des plants et arbustes de sa propriété.
Renforcer les bonnes pratiques agricoles dans ses parcelles : rotation des cultures, couverture végétale des sols et limiter les déplacements de terre favorisant son installation dans les champs
Encourager les plantes compétitrices
Semer des plantes locales à croissance rapide (comme des graminées) permet de concurrencer naturellement l’ambroisie en occupant le terrain.
Surveiller et signaler la présence de plants autour de chez vous
Vérifiez autour de chez vous si vous remarquez des plants d'ambroisie avant leur floraison (qui débute fin juillet). Si vous en voyez en petite quantité, arrachez-les manuellement entre mai et juin.
Attention, il est essentiel de laisser le plant arraché sur place et de porter des gants et des vêtements longs pour se protéger du contact direct avec la plante.
Cependant, si vous les détectez pendant la floraison, il ne faut pas la toucher. Dans ce cas il faut mettre un repère à l'endroit où elles ont été vues pour revenir le printemps prochain les arracher.
Si vous avez repéré des plants d’ambroisie en dehors de chez vous, sur des chantiers, des terrains en friche, sur des bords de routes etc. Il faut alors les signaler pour que les services municipaux puissent intervenir.
Depuis 2014, l’ARS Auvergne-Rhône-Alpes, en lien avec ses partenaires, met à disposition des professionnels et des citoyens, une plateforme interactive dédiée au signalement de l’ambroisie, également accessible sur smartphone via son application.
La plateforme permet de géolocaliser les lieux où se développe l'ambroisie. Ces signalements permettent d'établir une cartographie précise de la présence de l'ambroisie sur un territoire et surtout de coordonner les actions de destruction. En effet, tout signalement via la plateforme est transmis automatiquement au maire et à son référent communal, pour vérification et destruction.
Ainsi, les équipes techniques et les agriculteurs pourront intervenir pour arracher mécaniquement les plants, pendant la floraison, sous réserve de le faire tôt le matin pour éviter la dispersion du pollen.
Si vous rencontrez des difficultés pour utiliser la plateforme, vous pouvez également contacter le service assistance par courrier électronique ou téléphone.



