Ce qu’il faut retenir du 11e bulletin régional sur le suicide
Si la baisse de mortalité par suicide se confirme d’année en année, les hospitalisations pour tentative de suicide augmentent, plus particulièrement chez les moins de 25 ans. Ce bulletin permet également de faire ressortir des disparités territoriales.
Une baisse de la mortalité par suicide
Entre 2000 et 2021, le taux de mortalité par suicide en Auvergne-Rhône-Alpes a baissé de 36%, confirmant la tendance observée à l’échelle nationale.
Cette diminution ne doit toutefois pas faire perdre de vue que :
- 951 décès par suicide ont été recensés en 2021 dans la région (contre 965 en 2020). C’est 2,7 fois plus de décès que ceux liés aux accidents de la route.
- Depuis 2015, on note une augmentation de la mortalité par suicide chez les 10-24 ans et chez les 60-74 ans.
Par ailleurs, on observe des disparités départementales et des inégalités de mortalité par suicide persistent selon l’âge, le sexe, le lieu de résidence ou l’indice de défavorisation sociale.
- Trois décès par suicide sur quatre concernent des hommes.
- Le suicide constitue la première cause de mortalité chez les 25-34 ans et la deuxième chez les 15-24 ans.
- Les 45-64 ans, quel que soit leur sexe, concentrent le plus de décès par suicide : 40,5% en Auvergne-Rhône-Alpes.
Dans la majorité des départements, la mortalité par suicide baisse, sauf :
- dans la Loire : augmentation chez les femmes entre 2017 et 2020,
- en Haute-Loire : augmentation depuis 2018 deux sexes ensemble,
- en Haute-Savoie : augmentation depuis 2016 deux sexes ensemble.
Une surmortalité par suicide dans les territoires défavorisés
Notre région reste marquée par de forts contrastes : depuis 2000, les communes rurales affichent des taux de mortalité par suicide chez les hommes supérieurs aux communes urbaines. En 2020, la mortalité par suicide chez les hommes est plus élevée dans les communes défavorisées que dans les communes favorisées.
Cette tendance témoigne d’un accès inégal aux ressources de prévention et de soins. Ces écarts interpellent nécessairement et sont pris en compte par l’ARS pour proposer des dispositifs d’accompagnement à toutes les populations.
La prévention du suicide figure ainsi dans les axes de travail des Projets territoriaux de santé mentale (PTSM) et sera, à compter de 2025, intégrée dans leur évaluation.
Une hausse des hospitalisations pour tentative de suicide
En 2023, en Auvergne-Rhône-Alpes, on compte 10 334 séjours hospitaliers pour tentative de suicide (10 029 en 2022).
- 64% des hospitalisations pour tentative de suicide concernent des femmes.
- Depuis 2015, les hospitalisations pour tentative de suicide chez les moins de 25 ans ont augmenté de 69%, soit +7,8% en moyenne par an.
- Un surrisque de tentative de suicide est observé chez les adolescentes entre 15 et 19 ans.
- 40% des passages aux urgences concernent les moins de 25 ans.
Les dispositifs de prévention : un enjeu territorial
Cette année, les profils de territoires ont été actualisés à partir d’une vingtaine d’indicateurs (sociaux, démographiques et relatifs à la santé mentale). Cette actualisation a permis d’identifier neuf profils distincts. Ces données permettront à l’ARS et à ses partenaires d’adapter les actions de prévention en matière de santé mentale, selon les besoins de chaque territoire.
La publication de ce bulletin est aussi l'occasion de faire un point sur les dispositifs de prévention existants ou en cours de déploiement en Auvergne-Rhône-Alpes. En voici quelques exemples.
Des dispositifs nationaux, présents dans la région
3114, numéro national de prévention du suicide
Le 3114 est un dispositif d’appel, accessible 24h/24 et 7j/7. Il permet une prise en charge immédiate des personnes en souffrance psychique et/ou de leur entourage (personne inquiète pour un proche ou endeuillée par le suicide d’un proche).
Le 3114 est géré par 15 plateformes, situées dans des établissements de santé. En Auvergne-Rhône-Alpes, deux centres répondants sont ouverts : l’un à Lyon et le second à Saint-Étienne.
Entre janvier et octobre 2024, 8 476 appels ont été reçus par le centre de Lyon et 5 327 par celui de Saint-Étienne, soit une hausse de 35% et 23% respectivement par rapport à 2023.
VigilanS, un dispositif de veille après une tentative de suicide
VigilanS accompagne les personnes après tentative de suicide afin de prévenir les récidives et favoriser l’accès aux soins en santé mentale.
- En 2024, 3 422 patients ont été pris en charge dans la région (contre 3 100 en 2023)
- Le programme couvre 46% des tentatives de suicide suite à un passage aux urgences
Des dispositifs pour les jeunes
Plusieurs dispositifs, soutenus par l’ARS Auvergne-Rhône-Alpes, existent également pour accompagner spécifiquement les jeunes. Parmi eux :
- 26 Maisons des adolescents (MDA) et antennes sont ouvertes en Auvergne-Rhône-Alpes. Il s’agit de lieu d’accueil, d’écoute et d’accompagnement pour les jeunes de 11 à 21 ans et leurs parents. Les MDA accueillent de façon inconditionnelle, gratuite et confidentielle, avec ou sans rendez-vous. Elles peuvent apporter aux jeunes ou à leurs parents une aide face à des difficultés pouvant avoir un impact sur la santé mentale : mal être, difficultés scolaires ou relationnelles, conduites de rupture, violentes ou dépendantes, décrochage social, etc.
A ce jour, les 61 missions locales d’Auvergne-Rhône-Alpes, sont dotées d’un temps de psychologues financés par l’ARS, ce qui représente 21 équivalents temps plein (ETP) pour un budget annuel de 1,1 millions d’euros. Environ 3000 jeunes par an sont ainsi suivis dans le cadre de ce dispositif.
Depuis 4 ans, l’ARS Auvergne-Rhône-Alpes soutient l’association Nightline, service d’écoute nocturne gratuit pour les étudiants. L’antenne s’est créée dans la région, grâce à l’implication de la Communauté d’universités et d’établissements (Comue) de l’Université de Lyon et au soutien de l’agence, dans le cadre d’une convention pluriannuelle pour un montant de 129 000 euros par an. Face à l’augmentation des appels (le triple par rapport à l’année précédente), l’ARS étudie avec Nightline les perspectives de déploiement auprès d’autres services de santé étudiants (SSE) de la région et la mise en place de dispositifs sentinelle au sein de la COMUE.
Depuis 2017, l’ARS Auvergne-Rhône-Alpes soutient le déploiement du programme de lutte contre le harcèlement « Sentinelles et référents » à hauteur de 105 000 euros par an. L’agence travaille en lien étroit avec les 3 académies de la région pour garantir l’articulation de ce programme avec les ressources déjà développées au sein de l’Education nationale, tels que le programme PHARE ou le kit empathie. Il est prévu d’élargir ce dispositif aux établissements qui relèvent de l’enseignement agricole en lien avec la DRAAF (Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt).