Le contrôle sanitaire des eaux de baignade mené par l’ARS Auvergne-Rhône-Alpes

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Analyse eau

Le contrôle sanitaire des eaux de baignade est mis en œuvre par les Agences régionales de santé (ARS) durant la saison balnéaire. Il permet de réaliser un classement annuel de la qualité des eaux de baignade en région.
Découvrez comment le contrôle sanitaire et les classements sont réalisés.

Contrôle des eaux de baignade : ce qu’il faut savoir 

Objectifs du contrôle des eaux de baignade 

Le contrôle sanitaire des eaux de baignade, organisé par l'ARS Auvergne-Rhône-Alpes, vise à surveiller la qualité des eaux de baignade afin de préserver la santé des baigneurs, conformément à la directive européenne 2006/7/CE 

L'objectif principal est de prévenir les risques sanitaires associés à la présence de micro-organismes pouvant affecter la santé des baigneurs 

Pour ce faire, l'ARS Auvergne-Rhône-Alpes mandate un laboratoire agréé pour réaliser des constats et mesures de terrain ainsi que des prélèvements d’eau en vue d’analyses en laboratoire pour vérifier la conformité avec les normes en vigueur.  

Ces contrôles permettent de s’assurer de la bonne qualité de l’eau, de détecter d’éventuelles anomalies voire d’interdire temporairement la baignade et de prendre des mesures correctives si nécessaire. 

L'ARS Auvergne-Rhône-Alpes et le gestionnaire de la plage informent le public des résultats de ces analyses qui sont affichés sur site.Ce suivi permet de prévenir et d’éviter l’exposition des baigneurs à une eau pouvant présenter des risques sanitaires

Les sites de baignade concernés par ce contrôle  

Le contrôle sanitaire concerne tous les sites de baignade déclarés de la région, qu’ils soient naturels ou artificiels, gratuits ou payants, avec ou sans surveillance. 

Les baignades naturelles se situent dans des eaux de surface telles que des rivières, des étangs ou des lacs, sur des sites où l'on s’attend à ce qu'un grand nombre de personnes se baignent, et où la baignade n'est pas interdite de manière permanente. 

En revanche, les baignades artificielles sont des installations où l'eau est séparée des eaux de surface ou souterraines par des aménagements, sans que l’eau soit désinfectante, contrairement aux piscines. Le traitement chimique de ces eaux n’est pas autorisé, mais un traitement physique et/ou biologique reste possible en dehors de la zone de baignade, sous conditions. 

Quand ce contrôle est mis en œuvre ? 

Ce contrôle est réalisé chaque année durant la saison estivale, les dates peuvent différer selon les sites de baignade. Il se concentre sur la période où l'afflux de baigneurs est le plus important.  

Quels sont les germes recherchés ? 

Lors des contrôles des eaux de baignade, l'ARS Auvergne-Rhône-Alpes recherche plusieurs types de germes pouvant présenter un risque pour la santé des baigneurs. Les principaux germes surveillés sont : 

  • Pour les sites de baignade naturelle : les Escherichia coli (E. coli) et les entérocoques intestinaux.  

  • Pour les sites de baignade artificielle : les Escherichia coli, les entérocoques intestinaux, les Pseudomonas aeruginosa et les Staphylocoques pathogènes. 

  • Pour des sites de baignade spécifiques : les cyanobactéries (et le cas échéant leurs toxines) sur certains sites de baignades où des risques de développements ont été identifiés. 

Ces bactéries sont des germes dont la présence dans l’eau démontre que celle-ci a été contaminée par des matières d’origine fécale, pouvant provenir : 

  • de systèmes d’assainissement, collectifs ou individuels ; 

  • de déjections animales (épandages agricoles, pâturages, faune sauvage…) ; 

  • des baigneurs eux-mêmes, en cas de forte fréquentation de la baignade. 

Les bactéries Escherichia coli (E. coli) et les entérocoques intestinaux sont systématiquement recherchées, car elles signalent que l'eau peut être polluée par des agents pathogènes, comme des virus, des parasites ou des bactéries pouvant causer des infections gastro-intestinales, respiratoires ou dermatologiques. 

Ces germes ne sont recherchés que dans les baignades artificielles. Une présence trop importante dans ces baignades peut traduire :  

  • une fréquentation excessive de la baignade,  

  • un manque d’hygiène de la part des baigneurs, 

  • un mauvais fonctionnement de la filière de traitement des eaux, 

  • un apport d’eau neuve insuffisant. 

Les Pseudomonas aeruginosa sont des bactéries présentes dans l’eau et les sols pouvant se transmettre entre baigneurs. Les baigneurs sont exposés à des risques d’infections urinaires et de la peau, d’otites et d’infections des yeux. Leur présence peut traduire un manque d’hygiène de la part des baigneurs et/ou une fréquentation excessive de la baignade. 

Les Staphylocoques pathogènes sont des bactéries témoignant d’un risque de contamination inter-baigneurs. Les baigneurs sont exposés à des risques d’infections urinaires, de la peau, du cuir chevelu, d’otites et de conjonctivites. 

Les cyanobactéries, également appelées algues bleues, sont des micro-organismes aquatiques capables de réaliser la photosynthèse.  

Elles se trouvent dans les eaux douces et marines et peuvent parfois produire des toxines dangereuses pour la santé humaine et animale. 

En savoir + sur les cyanobactéries


Comment est organisé le contrôle sanitaire des eaux de baignade ? 

Le contrôle sanitaire des eaux de baignade est un processus rigoureux mis en place pour préserver la santé des baigneurs. Il se déroule en plusieurs étapes clés, coordonnées par l’ARS Auvergne-Rhône-Alpes en fonction des types de baignade (naturelle, artificielle). 

Tout d'abord, l'ARS Auvergne-Rhône-Alpes répertorie les différents sites de baignade déclarés au préalable par les personnes responsables et organise le contrôle sanitaire durant la saison estivale.  

Exemple d'un bulletin sanitaire produit par l'ARS Auvergne-Rhône-Alpes

Le premier contrôle a lieu 10 à 20 jours avant l’ouverture du site de baignade, puis toutes les deux semaines durant la période d’ouverture sauf cas particuliers conduisant à un suivi hebdomadaire. 

Ce suivi renforcé peut être mise en place sur des sites de baignade naturelle où des cyanobactéries ont été détectées ou classés insuffisants, et des baignades artificielles pour lesquelles la température de l’eau est régulièrement supérieure à 25°C.  

Un laboratoire agréé effectue des prélèvements d’eau directement sur les sites de baignade à des endroits stratégiques (zones où les baigneurs sont les plus nombreux), et réalise les analyses réglementaires demandées par l’ARS Auvergne-Rhône-Alpes. 

L'ARS Auvergne-Rhône-Alpes procède à l'interprétation sanitaire de chaque résultat d'analyses et les transmet au gestionnaire du site de baignade. 

Ces résultats sont ensuite disponibles par affichage sur les lieux de baignades, ainsi que sur le site Baignades du Ministère de la santé pour les baignades naturelles uniquement.

Un contrôle spécifique pour les baignades artificielles 

Ces baignades sont soumises au risque de pollution du milieu (comme les baignades naturelles) et de contamination inter-baigneurs (comme les piscines). 

Le renouvellement de l’eau de ces baignades ainsi que l’hygiène des baigneurs doivent être particulièrement surveillés. Une réglementation est applicable sur les baignades artificielles depuis avril 2019. Cette réglementation est plus stricte que pour les baignades naturelles. 

Le contrôle sanitaire porte sur l’eau de la baignade et sur l'eau de remplissage des installations quand il ne s’agit pas d’une eau provenant du réseau public de distribution d’eau potable. 

A la différence des baignades naturelles, les eaux de baignades artificielles ne font pas l’objet d’un classement. 


Contrôle des eaux de baignade : que se passe-t-il en cas de non-conformité ?  

En cas de non-conformité, des mesures immédiates peuvent être édictées par l’ARS Auvergne-Rhône-Alpes pour préserver la santé des usagers. 

Ces mesures peuvent aller jusqu’à la fermeture de la baignade ainsi que la restriction de certaines activités. 

Mesures spécifiques prises en cas de dépassement des seuils sur les baignades naturelles 

Paramètres 

Valeurs seuils à ne pas dépasser pour une baignade en sécurité 

Mesures prises par l’ARS Auvergne-Rhône-Alpes 

Bactéries d'origine fécale (Escherichia coli et entérocoques) 

1800 NPP / 100 mL pour les Escherichia coli 

660 NPP / 100 mL pour les entérocoques 

Fermeture du site de baignade par la personne responsable à la demande de l’ARS. 

La personne responsable de la baignade est alors chargée de réaliser une enquête visant à identifier les causes de la contamination de l’eau, et à mettre en place les mesures correctives nécessaires. La réouverture de la baignade est possible une fois que des analyses de recontrôle ont démontré le retour à la conformité de l’eau. 

Toxines de cyanobactéries planctoniques 

Microcystines : 0,3 µg/L 
Anatoxine-A : pas de détection (si la toxine est détectée, il y a non-conformité) 
Cylindrospermopsine : 42 µg/L 
Saxitoxine : 30 µg/L 

En cas de dépassement de la limite de qualité dans l’eau d’une toxine, la baignade doit être fermée au public. 

L’ARS recommande également aux maires d’interdire la pratique des activités nautiques impliquant une immersion ponctuelle de la tête ou bien un contact étroit prolongé et cutané avec l’eau (ex : planche à voile, paddle, ski nautique, structures gonflables, dériveur, canoë, etc.), ainsi que la consommation des poissons pêchés sur la zone. 

Cyanobactéries benthiques  

Dominance de cyanobactéries benthiques dans les échantillons de flocs et biofilm prélevés 

En cas de présence avérée de cyanobactéries benthiques sur un site de baignade, la pratique de la baignade peut être interdite sur tout ou partie du site, selon l’étendue de la contamination. 

Mesures spécifiques prises en cas de dépassement des seuils sur les baignades artificielles 

Limites de qualité applicables dans les baignades 

Paramètres 

Valeurs seuils à ne pas dépasser pour une baignade en sécurité 

Mesures prises par l’ARS  Auvergne-Rhône-Alpes

Bactéries d'origine fécale (Escherichia coli et entérocoques)  

500 NPP / 100 mL (Escherichia coli) 

200 NPP / 100 mL (Entérocoques) 

Fermeture de la baignade artificielle par la personne responsable à la demande de l’ARS. 

La personne responsable de la baignade artificielle est alors chargée de réaliser une enquête visant à identifier les causes de la contamination de l’eau, et à mettre en place les mesures correctives nécessaires. La réouverture de la baignade artificielle est possible une fois que des analyses de recontrôle ont démontré le retour à la conformité de l’eau. 

Pseudomonas aeruginosa 

100 UFC / 100 mL 

Staphylocoques pathogènes 

20 UFC / 100 mL 

Cyanobactéries planctoniques 

100.000 cellules / mL 

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