Radon : zoom sur un projet de sensibilisation mené avec l’association CLCV Auvergne-Rhône-Alpes au sein de deux collectivités

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Le gaz radon, deuxième facteur de risque de cancer du poumon après le tabac, s’accumule dans certaines habitations. L'ARS Auvergne‑Rhône‑Alpes, en partenariat avec l’association CLCV Auvergne‑Rhône‑Alpes a mené un projet de sensibilisation et de mesure sur deux territoires exposés. L’opération s’appuie sur la mobilisation des collectivités, des professionnels de l’habitat et des habitants.

Le radon, un enjeu sanitaire invisible mais bien réel

Gaz radioactif d’origine naturelle, le radon provient de la désintégration de l’uranium et du radium présents dans les roches granitiques et volcaniques. Inodore et incolore, il peut s’accumuler dans les habitations mal ventilées et représente, après le tabac, le deuxième facteur de risque de cancer du poumon.
En Auvergne-Rhône-Alpes, plusieurs territoires sont particulièrement exposés, comme l’ont montré les cartes de l’IRSN classant de nombreuses communes en zone 3 (« potentiel moyen » à « élevé »).

Face à ce risque méconnu, certaines collectivités locales ont décidé d’agir. C’est le cas de la Communauté de communes des Rives du Haut Allier (Haute-Loire) et de la Communauté d’agglomération de l’Ouest Rhodanien (Rhône), qui ont lancé des campagnes de prévention et de mesure du radon, avec le soutien financier et technique de l’Agence régionale de santé (ARS) Auvergne-Rhône-Alpes dans le cadre de l’Appel à manifestation d’intérêt (AMI) 2024 du Plan régional santé environnement (PRSE4).

Une campagne de mesures et de sensibilisation sur le radon menée en étroite collaboration avec les acteurs locaux

L’ARS Auvergne-Rhône-Alpes a confié la mise en œuvre opérationnelle de ces campagnes de mesures à l’association CLCV Auvergne-Rhône-Alpes (Consommation, Logement et Cadre de Vie), déjà expérimentée dans la prévention des risques liés au radon.
Son rôle : former, accompagner et sensibiliser les élus, agents, professionnels du bâtiment et les habitants des secteurs concernés.

Notre mission est d’aider les collectivités à mieux appréhender les risques liés au radon et à sensibiliser leurs habitants pour agir concrètement, par exemple en améliorant l’aération ou en réalisant des travaux simples pour limiter la concentration du radon dans leur habitation, explique Alain Chosson coordinateur des actions de préventions environnement santé à la CLCV Auvergne-Rhône-Alpes.

Concrètement, l’accompagnement des deux collectivités volontaires a pris la forme :

  • De réunions de travail et de temps d’échanges destinés aux élus et agents pour comprendre les risques et les moyens d’action ;
  • de participations à des événements locaux pour mobiliser les acteurs du territoire (professionnels du bâtiment, de santé, bailleurs, associations, etc.) ;
  • d’outils de sensibilisation (supports de communication, exposition, brochures, diaporamas) ;
  • et de la coordination des campagnes de mesure du radon dans les logements, avec la fourniture, la pose et l’analyse des dosimètres.

Ce partenariat illustre la volonté de l’ARS Auvergne-Rhône-Alpes d’encourager des actions locales participatives, mêlant expertise technique et mobilisation citoyenne. Elle a pour cela accompagné la démarche au travers d’un soutien financier de 16 000€.

Les résultats de la campagne de mesures 2024-2025

Grâce à ce partenariat, les communautés de communes des Rives du Haut Allier et de l’Ouest Rhodanien ont pu conduire des campagnes locales de sensibilisation et de mesure du radon qui ont permis de faire le point localement sur le niveau d’exposition au radon mais aussi d’engager des actions locales d’amélioration de l’habitat autour de cet enjeu.

Communauté de communes des Rives du Haut Allier (Haute-Loire)

Sur ce territoire où la majorité des communes est classée en zone 3, la campagne a été déployée à partir de l’automne 2024, à la suite d’un travail préparatoire entre la collectivité, la CLCV et l’ARS.
Les actions de sensibilisation ont été intégrées à des événements locaux tels que le forum santé de Paulhaguet, puis prolongées par des réunions publiques à Saugues et Langeac.

Au total, 116 dosimètres ont été installés dans 103 foyers volontaires répartis sur 24 communes. Les mesures ont révélé des concentrations variables, allant de moins de 15 à plus de 2 000 Bq/m³ sur les 107 résultats exploitables obtenus.
Les valeurs les plus élevées ont été observées dans certaines habitations anciennes en granit, souvent peu ventilées et en contact direct avec le sol.
Les foyers concernés ont reçu des recommandations personnalisées et ont été orientés vers les dispositifs d’aide à la rénovation et à la ventilation disponibles localement. Un accompagnement per­sonnalisé a également été proposé par la Maison de l’habitat en lien avec SOLIHA

Communauté d’agglomération de l’Ouest Rhodanien (Rhône)

La Communauté d’agglomération de l’Ouest Rhodanien (COR), également classée en zone 3, a choisi d’intégrer la thématique du radon à sa politique de rénovation de l’habitat.
La campagne a été lancée lors du forum de la rénovation de l’habitat organisé aux Sauvages en octobre 2024, avant la distribution de 50 kits de mesure entre décembre 2024 et mars 2025.

Les résultats obtenus sur 47 mesures exploitables montrent des concentrations comprises entre 15 et 2 230 Bq/m³, avec environ 30 % des habitations dépassant le seuil de 300 Bq/m³.
Une restitution publique en juin 2025 a permis de présenter ces données et de rappeler l’importance des actions préventives (aération, étanchéité, ventilation mécanique).
Les habitants les plus exposés ont été invités à bénéficier d’un diagnostic approfondi en partenariat avec le CEREMA à partir de l’automne 2025.

Une dynamique régionale à poursuivre

Ces campagnes ont permis de mobiliser les élus, les agents et les habitants autour d’un enjeu de santé publique souvent méconnu.
Elles ont démontré que les caractéristiques du bâti (matériaux, ventilation, isolation) jouent un rôle déterminant dans la concentration de radon, parfois plus encore que la zone géologique.

L’ARS Auvergne-Rhône-Alpes souhaite poursuivre cet accompagnement auprès d’autres collectivités volontaires situées en zone à potentiel radon élevé, dans le cadre des prochaines éditions de l’AMI éducation et promotion de la santé environnement. Cette démarche s’inscrit pleinement dans l’objectif régional de réduire les expositions environnementales et d’améliorer durablement la qualité de l’air intérieur des logements.

À partir de 2026, de nouvelles dynamiques viendront renforcer cette démarche. Un projet sera notamment déployé sur le territoire de Haute Terre Communauté, dans le Cantal, porté par le CPIE 15 en partenariat avec la communauté de communes. Parallèlement, la Communauté de communes Ambert Livradois Forez (Puy-de-Dôme) mènera une action similaire aux côtés de la CLCV. Ces initiatives permettront de poursuivre l’accompagnement des acteurs locaux et d’élargir encore les retombées positives du programme sur le territoire.

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