Les Amis de Béthanie : un projet pour reconnecter santé et environnement dans les Monts d’Ardèche (07)

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Dans les Monts d’Ardèche, l’ARS Auvergne-Rhône-Alpes a apporté son soutien au projet « Les Amis de Béthanie » pour reconnecter santé, environnement et lien social. Ateliers nature, balades inclusives, sensibilisation à l’alimentation durable : un programme innovant pour les publics en situation de handicap dans une démarche « Une seule santé ».

Un projet éducatif au cœur du Parc naturel régional des Monts d’Ardèche

Dans un écrin de verdure au cœur de l’Ardèche, l’association Béthanie et le Parc des Monts d’Ardèche ont développé un projet original mêlant santé, environnement et lien social. À travers des ateliers en pleine nature, des balades commentées et des animations intergénérationnelles, ce projet vise à reconnecter les habitants à leur environnement, en mettant un accent particulier sur les personnes en situation de handicap tout en les sensibilisant aux enjeux de santé environnementale. 

Ce projet est né d’une rencontre entre deux acteurs avec des envies convergentes : d’une part l’Association Béthanie qui gère 13 structures et services d’accueil et d’accompagnement des personnes en situation de handicap sur sept sites en Ardèche, et son projet favorisant des actions collectives et inclusives regroupant plusieurs de ces établissements ; d’autre part le Parc et son dispositif « Les Ateliers Passerelles » ouvert notamment à ce type de publics, développé depuis 2017 autour des questions paysagères, environnementales et artistiques. 
Ces partenaires ont pu se rencontrer à plusieurs reprises au travers des offres d’ateliers formatifs en environnement et en éducation santé-environnement, proposés par le collectif Pétale 07, tête de réseau des éducateurs en environnement, les référents départements en éducation en santé environnement (ESE) et l’Agence régionale de santé (ARS) Auvergne-Rhône-Alpes.

Ce projet a été retenu dans le cadre de l’appel à manifestation d’intérêt (AMI) 2024 lancé par l’Agence régionale de santé (ARS) Auvergne-Rhône-Alpes visant à soutenir des initiatives locales portées par les collectivités ou les associations pour favoriser une meilleure prise en compte des déterminants environnementaux de la santé. Il a pu être mis en œuvre en 2023-2024 grâce au soutien financier de l’ARS Auvergne-Rhône-Alpes de 10.000€ soit 50% du montant du projet, à l’accompagnement tout au long du projet en lien avec une référente départementale en Education Santé-Environnement, et à l'utilisation des outils de valorisation développés dans le cadre de la campagne « Agir pour prendre soin à la fois de notre santé et de l'environnement, c'est possible ! ».

« Ce projet a été retenu du fait de son caractère innovant dans la mise en œuvre d'actions d'éducation en santé-Environnement destinées à un public fragile, en situation de handicap, avec un partenariat fort entre le Parc (collectivité publique de type Parc Naturel Régional), le réseau des établissements médicaux-sociaux de Béthanie, et les éducateurs locaux déjà formés à l'ESE. Ce projet visait à établir des liens entre la santé dont la santé mentale, l'agriculture locale et l'alimentation durable, l'eau, l'activité physique douce (marche), les enjeux liés au concept One Health et le changement climatique. » 
Fabrice Gouedo, référent santé environnement pour l’Ardèche à l’ARS Auvergne-Rhône-Alpes

Un cycle d’ateliers structurés autour de la démarche « Une seule santé »

Le projet « Les Amis de Béthanie » s’inscrit dans une dynamique profondément territoriale, en lien direct avec la vie quotidienne des participants, leurs environnements de soin, d’éducation et de résidence. Il repose sur une vision intégrée des enjeux sanitaires, agricoles et environnementaux portée par le concept «Une seule santé » (One Health). Cette approche reconnaît l’interdépendance entre la santé humaine, la santé animale et celle des écosystèmes. Elle encourage à considérer la santé non pas comme un domaine cloisonné, mais comme un continuum vivant, à entretenir dans un dialogue constant avec l’environnement.

Dans cette perspective, le projet a été structuré autour de cinq séquences immersives, pensées pour explorer différents aspects de la relation entre environnement, alimentation, paysage et bien-être. La première étape, baptisée « Moi et mon environnement aujourd’hui », proposait une journée de découverte sur le Domaine de Rochemure, à la Maison du Parc, pour familiariser les participants avec les lieux, les intervenants et les écosystèmes. Une porte d’entrée concrète et sensible pour poser les bases du projet.

Les temps suivants ont emmené les participants à marcher autrement, à redécouvrir les paysages par le mouvement et l’effort adapté. Grâce à l’intervention d’un accompagnateur expérimenté en moyenne montagne, certains groupes ont pu réaliser des randonnées facilitées, y compris pour les personnes à mobilité réduite, à l’aide d’un quadrix tracté par un âne. D’autres ateliers, centrés sur les thématiques de l’alimentation, ont permis d’explorer le lien entre agriculture, environnement et santé à travers des visites de fermes du réseau CIVAM : élevages, vergers, apiculture et ateliers de transformation ont été autant de supports pour aborder les modes de production durables et leur impact sur notre santé.

Le regard sur le monde vivant a également occupé une place centrale. Dans la séquence « Regarder le monde autrement », les participants ont pu s’initier à la reconnaissance des plantes comestibles, des plantes médicinales, aux insectes pollinisateurs ou encore à la faune locale, lors d’ateliers animés par des associations naturalistes du territoire. Enfin, une journée de restitution collective, intitulée « Moi et mon environnement demain », a réuni l’ensemble des participants en juillet dernier à Rochemure. Cette rencontre, conviviale et festive, a permis de valoriser les expériences vécues, de partager des ressentis et de clore symboliquement le projet autour d’animations ludiques comme le manège à propulsion humaine « La belle roue », illustrant que santé et plaisir peuvent aller de pair.

Les ateliers sont conçus pour être adaptés aux capacités et aux contraintes des participants, favorisant ainsi l’inclusion et la coopération. La planification des ateliers suit une approche en trois temps, permettant l’adaptation, la confirmation de l’intérêt et enfin l’appropriation de l’activité par les participants.

Une dynamique collective et inclusive

Ce projet a concerné trois établissements de Béthanie : le Foyer de vie Les Myosotis à Ruoms, l’Institut médico-éducatif (IME) Les Jardins des Tisserands à Chassiers, et l’Unité d’enseignement en maternelle autisme (UEMA) de Vals-les-Bains. Huit services, couvrant un large spectre de publics âgés de 6 à 80 ans, y ont été impliqués. Ce sont ainsi 116 personnes qui ont participé, à un moment ou un autre, à l’un des 35 ateliers proposés. Chacun des groupes a co-construit ses activités avec les éducateurs et les équipes du Parc, dans une logique d’adaptation aux capacités, rythmes et envies des bénéficiaires.

116 personnes ont participé aux 35 ateliers du projet les Amis de Béthanie organisés entre 2023 et 2024​.

Au-delà des publics accueillis, les éducateurs ont été pleinement associés à toutes les étapes de la démarche. En recueillant les besoins, en exprimant leurs propres envies de nature et de reconnexion, ils ont contribué à faire émerger un projet profondément humain, ouvert, et respectueux des rythmes de chacun.

De nombreux acteurs locaux mobilisés

Pour enrichir les contenus et garantir la qualité des interventions, l’équipe projet a fait appel à des structures reconnues dans le champ de l’éducation à la nature, de l’agriculture durable et de l’accompagnement inclusif. Le CIVAM Ardèche a ainsi conçu et animé les visites pédagogiques de fermes (élevages, apiculture, vergers, production et transformation), permettant une immersion concrète dans les pratiques agricoles respectueuses de l’environnement et de la santé. Ces rencontres ont permis de tisser un lien direct entre production locale, alimentation et impacts sur la santé, en cohérence avec les objectifs du projet.

La découverte de la biodiversité locale et des interactions entre êtres vivants a été assurée par un réseau d’associations naturalistes mobilisées pour l’occasion : V.I.E., Mi-syrphe Mi-raisin, La Rose et l’Hellébore Arnica, ainsi que Lila Gasparutto, animatrice spécialisée. Chacune a proposé des ateliers adaptés aux publics accueillis, en lien avec les thématiques du vivant : insectes pollinisateurs, plantes médicinales, oiseaux, auxiliaires du jardin, etc.

Pour permettre des activités physiques accessibles, y compris en milieu montagnard, l’accompagnement a été confié à MCR+, un professionnel de la randonnée inclusive. Grâce à ses compétences en accessibilité, il a organisé des sorties avec des moyens adaptés, tels que le quadrix (fauteuil tout-terrain) ou des ânes de bât, permettant à des personnes à mobilité réduite de profiter pleinement des balades en nature.

Enfin, l’APEHOB, association de familles et d’amis de résidents de Béthanie, a soutenu le projet dans sa dimension sociale et humaine, en renforçant les liens entre les établissements et les proches des participants.

Cette mobilisation collective et interprofessionnelle a permis de construire un projet cohérent, sensible, et véritablement adapté aux attentes et aux réalités des bénéficiaires. Elle témoigne aussi de la capacité des acteurs du territoire à coopérer autour d’un objectif commun : prendre soin de la santé des personnes en prenant soin de leur environnement.

« L’un des foyers de vie ayant pris part au projet a exprimé sa volonté de prolonger la dynamique en santé environnement. Il envisage déjà un projet autour de l’eau pour l’année prochaine, qui mêlera des questions de biodiversité — l’eau comme milieu et source de vie —, de gestion de la ressource, depuis la source jusqu’au robinet, et de lutte contre le gaspillage. Une sortie est même prévue en juin 2025 à la Maison du Parc pour découvrir L’Odyssée des sens, un atelier immersif qui retrace le parcours de l’eau, de la mare aux libellules à la source minérale liée à l’activité volcanique. » 
Eléonore Jacquiau Chamska Coordinatrice du projet « Les amis de Béthanie »